[11] XI.
Διατάξας δὲ τὴν πολιτείαν ὅνπερ εἴρηται τρόπον, ἐπειδὴ προσιόντες αὐτῷ περὶ τῶν νόμων ἠνώχλουν, τὰ μὲν ἐπιτιμῶντες τὰ δὲ ἀνακρίνοντες, βουλόμενος μήτε ταῦτα κινεῖν, μήτ´ ἀπεχθάνεσθαι παρών, ἀποδημίαν ἐποιήσατο κατ´ ἐμπορίαν ἅμα καὶ θεωρίαν εἰς Αἴγυπτον, εἰπὼν ὡς οὐχ ἥξει δέκα ἐτῶν. οὐ γὰρ οἴεσθαι δίκαιον εἶναι τοὺς νόμους ἐξηγεῖσθαι παρών, ἀλλ´ ἕκαστον τὰ γεγραμμένα ποιεῖν. ἅμα δὲ καὶ συνέβαινεν αὐτῷ τῶν τε γνωρίμων διαφόρους γεγενῆσθαι πολλοὺς διὰ τὰς τῶν χρεῶν ἀποκοπάς, καὶ τὰς στάσεις ἀμφοτέρας μεταθέσθαι διὰ τὸ παράδοξον αὐτοῖς γενέσθαι τὴν κατάστασιν. ὁ μὲν γὰρ δῆμος ᾤετο πάντ´ ἀνάδαστα ποιήσειν αὐτόν, οἱ δὲ γνώριμοι πάλιν εἰς τὴν αὐτὴν τάξιν ἀποδώσειν, ἢ μικρὸν παραλλάξειν. ὁ δὲ Σόλων ἀμφοτέροις ἠναντιώθη, καὶ ἐξὸν αὐτῷ μεθ´ ὁποτέρων ἐβούλετο συστάντα τυραννεῖν, εἵλετο πρὸς ἀμφοτέρους ἀπεχθέσθαι, σώσας τὴν πατρίδα καὶ τὰ βέλτιστα νομοθετήσας.
| [11] CHAPITRE XI : Mécontentement général après les réformes de Solon.
Une fois l'ordre établi dans la Constitution, comme il a été dit, les Athéniens allaient trouver Solon et l'importunaient de reproches ou de questions au sujet de ses lois. Ne voulant pas y toucher, ni exciter la haine en restant plus longtemps, il entreprit un voyage d'affaires et d'études en Égypte : son absence, disait-il, devait durer dix ans. A son avis, en effet, il n'était pas juste qu'il restât pour interpréter ses lois, mais chacun devait se conformer à la lettre de la loi. En même temps, beaucoup de nobles lui étaient devenus hostiles à cause de l'abolition des dettes, et les deux partis avaient changé d'attitude à son égard, parce que sa constitution n'avait pas répondu à leur attente : le peuple croyait que Solon ferait un partage de toutes les terres, et les nobles, qu'il les ramènerait aux institutions du passé ou qu'il s'en écarterait peu. Mais lui s'était opposé aux deux partis, et alors qu'il eût pu, avec l'appui de l'un ou de l'autre, usurper la tyrannie, il avait préféré, au prix de la haine de tous deux, sauver sa patrie et établir les meilleures lois.
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