HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, La Constitution d'Athènes

Chapitre 12

 Chapitre 12

[12] CHAPITRE XII. Ταῦτα δ´ ὅτι τοῦτον τὸν τρόπον ἔσχεν οἵ τ´ ἄλλοι συμφωνοῦσι πάντες, καὶ αὐτὸς ἐν τῇ ποιήσει μέμνηται περὶ αὐτῶν ἐν τοῖσδε· δήμῳ μὲν γὰρ ἔδωκα τόσον γέρας, ὅσσον ἀπαρκεῖ, τιμῆς οὔτ´ ἀφελὼν οὔτ´ ἐπορεξάμενος· οἳ δ´ εἶχον δύναμιν καὶ χρήμασιν ἦσαν ἀγητοί, καὶ τοῖς ἐφρασάμην μηδὲν ἀεικὲς ἔχειν. ἔστην δ´ ἀμφιβαλὼν κρατερὸν σάκος ἀμφοτέροισι, νικᾶν δ´ οὐκ εἴας´ οὐδετέρους ἀδίκως. πάλιν δ´ ἀποφαινόμενος περὶ τοῦ πλήθους, ὡς αὐτῷ δεῖ χρῆσθαι· δῆμος δ´ ὧδ´ ἂν ἄριστα σὺν ἡγεμόνεσσιν ἕποιτο, μήτε λίαν ἀνεθεὶς μήτε βιαζόμενος. τίκτει γὰρ κόρος ὕβριν, ὅταν πολὺς ὄλβος ἕπηται ἀνθρώποισιν, ὅσοις μὴ νόος ἄρτιος . καὶ πάλιν δ´ ἑτέρωθί που λέγει περὶ τῶν διανείμασθαι τὴν γῆν βουλομένων· οἳ δ´ ἐφ´ ἁρπαγαῖσιν ἦλθον, ἐλπίδ´ εἶχον ἀφνεάν, κἀδόκουν ἕκαστος αὐτῶν ὄλβον εὑρήσειν πολύν, καί με κωτίλλοντα λείως τραχὺν ἐκφανεῖν νόον. χαῦνα μὲν τότ´ ἐφράσαντο, νῦν δέ μοι χολούμενοι λοξὸν ὀφθαλμοῖς´ ὁρῶσι πάντες ὥστε δήιον. οὐ χρεών· μὲν γὰρ εἶπα, σὺν θεοῖσιν ἤνυσα, ἄλλα δ´ οὐ μάτην ἔερδον, οὐδέ μοι τυραννίδος ἁνδάνει βίᾳ τι ῥέζειν, οὐδὲ πιείρας χθονὸς πατρίδος κακοῖσιν ἐσθλοὺς ἰσομοιρίαν ἔχειν. πάλιν δὲ καὶ περὶ τῆς ἀποκοπῆς τῶν χρεῶν καὶ τῶν δουλευόντων μὲν πρότερον, ἐλευθερωθέντων δὲ διὰ τὴν σεισάχθειαν· ἐγὼ δὲ τῶν μὲν οὕνεκα ξυνήγαγον δῆμον, τί τούτων πρὶν τυχεῖν ἐπαυσάμην; συμμαρτυροίη ταῦτ´ ἂν ἐν δίκῃ Χρόνου μήτηρ μεγίστη δαιμόνων Ὀλυμπίων ἄριστα, Γῆ μέλαινα, τῆς ἐγώ ποτε ὅρους ἀνεῖλον πολλαχῇ πεπηγότας, πρόσθεν δὲ δουλεύουσα, νῦν ἐλευθέρα. πολλοὺς δ´ Ἀθήνας, πατρίδ´ εἰς θεόκτιτον, ἀνήγαγον πραθέντας, ἄλλον ἐκδίκως, ἄλλον δικαίως, τοὺς δ´ ἀναγκαίης ὑπὸ χρειοῦς φυγόντας, γλῶσσαν οὐκέτ´ Ἀττικὴν ἱέντας, ὡς ἂν πολλαχῇ πλανωμένους· τοὺς δ´ ἐνθάδ´ αὐτοῦ δουλίην ἀεικέα ἔχοντας, ἤθη δεσποτῶν τρομευμένους, ἐλευθέρους ἔθηκα. ταῦτα μὲν κράτει νομοῦ βίην τε καὶ δίκην συναρμόσας ἔρεξα καὶ διῆλθον ὡς ὑπεσχόμην. θεσμοὺς δ´ ὁμοίως τῷ κακῷ τε κἀγαθῷ, εὐθεῖαν εἰς ἕκαστον ἁρμόσας δίκην, ἔγραψα. κέντρον δ´ ἄλλος ὡς ἐγὼ λαβών, κακοφραδής τε καὶ φιλοκτήμων ἀνήρ, οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον. εἰ γὰρ ἤθελον τοῖς ἐναντίοισιν ἥνδανεν τότε, αὖθις δ´ τοῖσιν οὕτεροι φρασαίατο, πολλῶν ἂν ἀνδρῶν ἥδ´ ἐχηρώθη πόλις. τῶν οὕνεκ´ ἀλκὴν πάντοθεν ποιούμενος ὡς ἐν κυσὶν πολλῇσιν ἐστράφην λύκος. καὶ πάλιν ὀνειδίζων πρὸς τὰς ὕστερον αὐτῶν μεμψιμοιρίας ἀμφοτέρων· δήμῳ μὲν εἰ χρὴ διαφάδην ὀνειδίσαι, νῦν ἔχουσιν οὔποτ´ ὀφθαλμοῖσιν ἂν εὕδοντες εἶδον. ὅσοι δὲ μείζους καὶ βίαν ἀμείνονες, αἰνοῖεν ἄν με καὶ φίλον ποιοίατο. εἰ γάρ τις ἄλλος, φησί, ταύτης τῆς τιμῆς ἔτυχεν, οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον οὐδ´ ἐπαύσατο, πρὶν ἀνταράξας πῖαρ ἐξεῖλεν γάλα. ἐγὼ δὲ τούτων ὥσπερ ἐν μεταιχμίῳ ὅρος κατέστην. [12] CHAPITRE XII : Témoignages de Solon lui-même sur ses réformes. C'est bien ainsi que les choses se passèrent. Tous les autres auteurs s'accordent à le dire, et Solon lui-même, dans ses vers, le rappelle en ces termes : J'ai donné au peuple autant de pouvoir qu'il lui en faut, sans rien retrancher de son droit ni rien y ajouter. Quant à ceux qui avaient la puissance et dont les richesses pouvaient exciter l'envie, je leur ai défendu aussi de commettre aucun excès. Je me suis tenu debout, me couvrant de toutes parts de mon solide bouclier, en face des deux partis, et je n'ai permis ni à l'un ni à l'autre de triompher injustement. Il explique encore comment on doit en user avec le peuple : Le peuple n'obéit bien à ses chefs que si on ne le tient ni trop lâche, ni trop serré. Car la satiété engendre la violence, quand une grande richesse échoit à des hommes dont l'esprit est au-dessous de cette fortune. Et ailleurs encore, il dit de ceux qui voulaient qu'on leur partageât la terre : Ceux-ci venaient ardents au pillage et avaient de riches espérances : chacun d'eux croyait trouver une grande fortune, et, malgré la douceur de mon langage, ils pensaient que je laisserais voir bientôt la violence de mes projets. Vaine pensée ! Maintenant, pleins d'irritation contre moi, ils me regardent de travers, comme un ennemi. Et pourquoi? Les promesses que j'ai faites, je les ai tenues avec l'aide des Dieux. Quant au reste, je n'ai pas agi sans raison : il ne me plaisait pas de rien faire par la violence de la tyrannie, ni de voir les bons et les méchants posséder une part égale de la riche terre de la patrie. Voici ce qu'il dit aussi sur la misère des pauvres, serfs hier et maintenant libres, grâce à l'abolition des dettes : J'ai mis fin aux maux dont souffrait le peuple. Et pourquoi? Je la prends à témoin devant le tribunal du temps, la mère, très grande et très bonne, des divinités de l'Olympe, la Terre noire dont jadis j'arrachai les bornes qui se dressaient partout à sa surface : auparavant esclave, la voilà libre aujourd'hui. Ils sont nombreux, ceux que j'ai ramenés à Athènes, dans la patrie fondée par les Dieux : beaucoup avaient été vendus, les uns justement, les autres injustement ; ceux-là, réduits à l'exil par la dure nécessité, ne parlaient plus la langue attique, errants qu'ils étaient de tous côtés; - d'autres, ici même, subissaient un joug humiliant et tremblaient devant la violence de leurs maîtres; tous je les ai rendus libres. Voilà ce que j'ai fait par la force de la loi, en alliant la violence et la justice, et j'ai tenu jusqu'au haut mes promesses. J'ai donné des lois pour le bon comme pour le méchant, et elles assuraient à chacun une droite justice. Un autre eût-il pris en main, comme moi, l'aiguillon, un homme malveillant et avide, il n'eût pas contenu le peuple. Car si j'avais voulu faire ce qui plaisait alors à l'un des partis, puis ce que voulait l'autre, cette ville fût devenue veuve de bien des citoyens. Voilà pourquoi, résistant de part et d'autre, je me suis, trouvé cerné comme un loup par une meute de chiens. Et encore ripostant par un reproche aux blâmes qui vinrent plus tard des deux côtés : Au peuple, puisqu'il lui faut une brutale franchise, je dirai que les biens qu'il possède aujourd'hui, il ne les a même pas vus en rêve, les yeux fermés. Quant aux grands, plus redoutables par leur force, ils devraient me louer et me traiter comme leur ami. Si en effet quelque autre, dit-il, avait eu ce même honneur que moi, il n'aurait pas contenu le peuple, et ne l'eût pas apaisé, avant d'avoir battu le lait pour en enlever la crème. Mais moi, placé au milieu, ainsi qu'entre deux armées en bataille, je me suis tenu comme une borne infranchissable.


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Dernière mise à jour : 1/07/2010