[250] (Πόλεμος) ἰὼ Σικελία καὶ σὺ δ᾽ ὡς ἀπόλλυσαι.
(Τρυγαῖος) οἵα πόλις τάλαινα διακναισθήσεται.
(Πόλεμος) φέρ᾽ ἐπιχέω καὶ τὸ μέλι τουτὶ τἀττικόν.
(Τρυγαῖος)
οὗτος παραινῶ σοι μέλιτι χρῆσθἀτέρῳ.
τετρώβολον τοῦτ᾽ ἐστί· φείδου τἀττικοῦ.
255 (Πόλεμος) παῖ παῖ Κυδοιμέ.
(Κύδοιμος) τί με καλεῖς;
(Πόλεμος) κλαύσει μακρά.
ἕστηκας ἀργός; οὑτοσί σοι κόνδυλος.
(Κύδοιμος)
ὡς δριμύς. οἴμοι μοι τάλας ὦ δέσποτα.
μῶν τῶν σκορόδων ἐνέβαλες ἐς τὸν κόνδυλον;
(Πόλεμος) οἴσεις ἀλετρίβανον τρέχων;
(Κύδοιμος) ἀλλ᾽ ὦ μέλε
260 οὐκ ἔστιν ἡμῖν· ἐχθὲς εἰσῳκίσμεθα.
(Πόλεμος)
οὔκουν παρ᾽ Ἀθηναίων μεταθρέξει ταχὺ <πάνυ>;
(Κύδοιμος) ἔγωγε νὴ Δί᾽· εἰ δὲ μή γε, κλαύσομαι.
(Τρυγαῖος)
ἄγε δὴ τί δρῶμεν ὦ πόνηρ᾽ ἀνθρώπια;
ὁρᾶτε τὸν κίνδυνον ἡμῖν ὡς μέγας·
265 εἴπερ γὰρ ἥξει τὸν ἀλετρίβανον φέρων,
τούτῳ ταράξει τὰς πόλεις καθήμενος.
ἀλλ᾽ ὦ Διόνυσ᾽ ἀπόλοιτο καὶ μὴ ᾽λθοι φέρων.
(Πόλεμος) οὗτος.
(Κύδοιμος) τί ἔστιν;
(Πόλεμος) οὐ φέρεις;
(Κύδοιμος) τὸ δεῖνα γὰρ
ἀπόλωλ᾽ Ἀθηναίοισιν ἁλετρίβανος,
270 ὁ βυρσοπώλης, ὃς ἐκύκα τὴν Ἑλλάδα.
(Τρυγαῖος)
εὖ γ᾽ ὦ πότνια δέσποιν᾽ Ἀθηναία ποιῶν
ἀπόλωλ᾽ ἐκεῖνος κἀν δέοντι τῇ πόλει,
ἢ πρίν γε τὸν μυττωτὸν ἡμῖν ἐγχέαι.
(Πόλεμος)
οὔκουν ἕτερον δῆτ᾽ ἐκ Λακεδαίμονος μέτει
275 ἀνύσας τι;
(Κύδοιμος) ταῦτ᾽ ὦ δέσποθ᾽.
(Πόλεμος) ἧκέ νυν ταχύ.
(Τρυγαῖος)
ὦνδρες τί πεισόμεσθα; νῦν ἀγὼν μέγας.
ἀλλ᾽ εἴ τις ὑμῶν ἐν Σαμοθρᾴκῃ τυγχάνει
μεμυημένος, νῦν ἐστιν εὔξασθαι καλὸν
ἀποστραφῆναι τοῦ μετιόντος τὼ πόδε.
280 (Κύδοιμος)
οἴμοι τάλας, οἴμοι γε κἄτ᾽ οἴμοι μάλα.
(Πόλεμος) τί ἔστι; μῶν οὐκ αὖ φέρεις;
(Κύδοιμος) ἀπόλωλε γὰρ
καὶ τοῖς Λακεδαιμονίοισιν ἁλετρίβανος.
(Πόλεμος) πῶς ὦ πανοῦργ᾽;
(Κύδοιμος) ἐς τἀπὶ Θρᾴκης χωρία
χρήσαντες ἑτέροις αὐτὸν εἶτ᾽ ἀπώλεσαν.
285 (Τρυγαῖος)
εὖ γ᾽ εὖ γε ποιήσαντες ὦ Διοσκόρω.
ἴσως ἂν εὖ γένοιτο· θαρρεῖτ᾽ ὦ βροτοί.
(Πόλεμος)
ἀπόφερε τὰ σκεύη λαβὼν ταυτὶ πάλιν·
ἐγὼ δὲ δοίδυκ᾽ εἰσιὼν ποιήσομαι.
(Τρυγαῖος)
νῦν τοῦτ᾽ ἐκεῖν᾽ ἥκει τὸ Δάτιδος μέλος,
290 ὃ δεφόμενός ποτ᾽ ᾖδε τῆς μεσημβρίας,
“ὡς ἥδομαι καὶ χαίρομαι κεὐφραίνομαι”.
νῦν ἐστιν ἡμῖν ὦνδρες Ἕλληνες καλὸν
ἀπαλλαγεῖσι πραγμάτων τε καὶ μαχῶν
ἐξελκύσαι τὴν πᾶσιν Εἰρήνην φίλην,
295 πρὶν ἕτερον αὖ δοίδυκα κωλῦσαί τινα.
ἀλλ᾽ ὦ γεωργοὶ κἄμποροι καὶ τέκτονες
καὶ δημιουργοὶ καὶ μέτοικοι καὶ ξένοι
καὶ νησιῶται, δεῦρ᾽ ἴτ᾽ ὦ πάντες λεῴ,
ὡς τάχιστ᾽ ἄμας λαβόντες καὶ μοχλοὺς καὶ σχοινία·
| [250] LA GUERRE. Io! Sicile, toi aussi tu vas périr.
TRYGÉE. Quelle malheureuse cité sera réduite en poudre ?
LA GUERRE. Voyons, versons aussi là dedans de ce miel attique.
TRYGÉE. Holà! je te conseille d'un autre miel. Celui-ci
coûte quatre oboles : ménage le miel attique.
LA GUERRE. Esclave, esclave, Vacarme !
LE VACARME. Pourquoi m'appelles-tu ?
LA GUERRE. Je te ferai pleurer à chaudes larmes. Tu es
donc resté sans rien faire ? A toi ce coup de poing !
LE VACARME. Il est dur ! Hélas ! hélas ! malheureux que
je suis, ô mon maître ! Est-ce qu'il a de l'ail dans le poing ?
LA GUERRE. Cours me chercher un pilon.
LE VACARME. Mais nous n'en avons point, mon maître ;
nous ne sommes emménagés que d'hier.
LA GUERRE. Eh bien, cours en chercher un chez les
Athéniens, et vivement.
LE VACARME. J'y vais, de par Zeus! et si je n'en ai pas,
j'aurai à pleurer.
TRYGÉE. Ah! que ferons-nous, chétifs mortels ? Voyez
combien est grand le péril qui nous menace. S'il revient
apportant le pilon, l'autre va piler les villes à son aise. Par
Dionysos! qu'il périsse avant de revenir avec l'instrument !
LA GUERRE. Eh bien ?
LE VACARME. Quoi ?
LA GUERRE. Tu n'apportes rien ?
LE VACARME. Malchance ! Les Athéniens ont perdu leur
pilon, ce corroyeur qui bouleversait la Grèce.
TRYGÉE. O Athéna, vénérable souveraine, comme cet
homme a bien fait de disparaître dans l'intérêt de la cité,
avant de nous avoir servi son hachis !
LA GUERRE. Va donc en chercher un autre à Lacédémone,
et finis vite.
LE VACARME. C'est cela, maîtresse...
LA GUERRE. Reviens au plus tôt.
TRYGÉE. Citoyens, qu'allons-nous devenir ? Voici le grand
combat ! Si quelqu'un de vous se trouve initié aux mystères
de Samothrace, c'est le moment de souhaiter une entorse à l'envoyé.
LE VACARME. Hélas! hélas! malheureux que je suis,
malheureux et trois fois malheureux !
LA GUERRE. Qu'est-ce donc ? Tu n'apportes rien encore ?
LE VACARME. Les Lacédémoniens ont aussi perdu leur pilon.
LA GUERRE. Comment, scélérat ?
LE VACARME. Du coté de la Thrace, ils l'avaient prêté à
d'autres, et ils l'ont perdu.
TRYGÉE. Quelle chance ! quelle chance ! Peut-être que
tout ira bien. Rassurez-vous, mortels !
LA GUERRE. Prends tout cet attirail, et remporte-le. Je
rentre et je vais faire moi-même un pilon.
TRYGÉE. Voici l'instant de répéter ce que chantait Datis, en
se caressant au milieu du jour : « Quel plaisir, quel délice,
quelle jouissance ! » C'est le bon moment pour vous,
hommes de la Grèce, où, délivrés des affaires et des
combats, vous allez tirer de prison la Paix, chère à tous,
avant qu'un autre pilon y mette obstacle. Allons,
laboureurs, marchands, artisans, ouvriers, métèques,
étrangers, insulaires, venez ici ; peuple de partout, prenez
au plus vite pioches, leviers et câbles.
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