HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristophane, Les Acharniens

Vers 350-399

  Vers 350-399

[350] ὑπὸ τοῦ δέους δὲ τῆς μαρίλης μοι συχνὴν
λάρκος ἐνετίλησεν ὥσπερ σηπία.
δεινὸν γὰρ οὕτως ὀμφακίαν πεφυκέναι
τὸν θυμὸν ἀνδρῶν ὥστε βάλλειν καὶ βοᾶν
ἐθέλειν τἀκοῦσαι μηδὲν ἴσον ἴσῳ φέρον,
355 ἐμοῦθέλοντος ὑπὲρ ἐπιξήνου λέγειν
ὑπὲρ Λακεδαιμονίων ἅπανθὅσἂν λέγω·
καίτοι φιλῶ γε τὴν ἐμὴν ψυχὴν ἐγώ.
(Χορός) τί οὖν οὐ λέγεις, ἐπίξηνον ἐξενεγκὼν θύραζ᾽,
360 τι ποτ σχέτλιε τὸ μέγα τοῦτἔχεις;
πάνυ γὰρ ἔμεγε πόθος τι φρονεῖς ἔχει.
ἀλλᾗπερ αὐτὸς τὴν δίκην διωρίσω,
365 θεὶς δεῦρο τοὐπίξηνον ἐγχείρει λέγειν.
(Δικαιόπολις) ἰδοὺ θεᾶσθε, τὸ μὲν ἐπίξηνον τοδί,
δἀνὴρ λέξων οὑτοσὶ τυννουτοσί.
ἀμέλει μὰ τὸν Δἴ οὐκ ἐνασπιδώσομαι,
λέξω δὑπὲρ Λακεδαιμονίων μοι δοκεῖ.
370 καίτοι δέδοικα πολλά· τούς τε γὰρ τρόπους
τοὺς τῶν ἀγροίκων οἶδα χαίροντας σφόδρα,
ἐάν τις αὐτοὺς εὐλογῇ καὶ τὴν πόλιν
ἀνὴρ ἀλαζὼν καὶ δίκαια κἄδικα·
κἀνταῦθα λανθάνουσἀπεμπολώμενοι·
375 τῶν ταὖ γερόντων οἶδα τὰς ψυχὰς ὅτι
οὐδὲν βλέπουσιν ἄλλο πλὴν ψηφηδακεῖν.
αὐτός τἐμαυτὸν ὑπὸ Κλέωνος ἅπαθον
ἐπίσταμαι διὰ τὴν πέρυσι κωμῳδίαν.
εἰσελκύσας γάρ μἐς τὸ βουλευτήριον
380 διέβαλλε καὶ ψευδῆ κατεγλώττιζέ μου
κἀκυκλοβόρει κἄπλυνεν, ὥστὀλίγου πάνυ
ἀπωλόμην μολυνοπραγμονούμενος.
νῦν οὖν με πρῶτον πρὶν λέγειν ἐάσατε
ἐνσκευάσασθαί μοἷον ἀθλιώτατον.
385 (Χορός) τί ταῦτα στρέφει τεχνάζεις τε καὶ πορίζεις τριβάς;
λαβὲ δἐμοῦ γἓνεκα παρἹερωνύμου
390 σκοτοδασυπυκνότριχά τινἌιδος κυνῆν·
ἀλλἐξάνοιγε μηχανὰς τὰς Σισύφου,
ὡς σκῆψιν ἁγὼν οὗτος οὐκ ἐσδέξεται.
(Δικαιόπολις) ὥραστὶν ἤδη καρτερὰν ψυχὴν λαβεῖν,
καί μοι βαδιστέἐστὶν ὡς Εὐριπίδην.
395 παῖ παῖ.
(Κηφισόφων) τίς οὗτος,
(Δικαιόπολις) ἔνδον ἔστΕὐριπίδης;
(Κηφισόφων) οὐκ ἔνδον ἔνδον ἐστίν, εἰ γνώμην ἔχεις.
(Δικαιόπολις) πῶς ἔνδον εἶτοὐκ ἔνδον;
(Κηφισόφων) ὀρθῶς γέρον.
νοῦς μὲν ἔξω ξυλλέγων ἐπύλλια
οὐκ ἔνδον, αὐτὸς δἔνδον ἀναβάδην ποιεῖ τραγῳδίαν.
[350] Sous l'effet de la peur, voyez tout ce poussier que le panier
a laché sur moi comme une seiche.
C'est terrible pour des hommes d'avoir dans l'âme une
humeur de verjus, qui porte à battre et à crier, sans vouloir
écouter raisonnablement les raisons que j'allègue, quand je
veux, sur le billot même, dire tout ce que j'ai à dire au sujet
des Lacédémoniens, et cependant j'aime ma vie, moi.
LE CHOEUR. Pourquoi donc alors, ne fais-tu pas placer un
billot devant la porte, pour nous dire, misérable, la chose à
laquelle tu attaches tant d'importance ? Car j'ai grande
envie de connaître tes pensées. Mais selon le mode de
justice que tu as fixé, fais placer ici le billot, et prends la parole.
DICÉOPOLIS. Eh bien, voyez : voilà le billot, et voici
l'orateur, moi pauvre homme. Assurément, par Zeus ! je ne
me couvrirai pas d'un bouclier, mais je dirai sur les
Lacédémoniens ce qui me paraît bon. Cependant j'ai bien des
craintes. Je connais l'humeur de nos campagnards, qui se
gaudissent quand quelque hâbleur fait l'éloge, juste ou non,
d'eux et de la ville. Et ils ne s'aperçoivent pas qu'on les a
vendus. Je connais aussi l'âme des vieillards, qui ne voient
pas autre chose que de mordre le monde avec leur vote. Je
sais ce que j'ai eu à souffrir de Cléon pour ma comédie de
l'année dernière. Il m'a traîné devant le Conseil, me criblant
de calomnies, m'étourdissant de ses mensonges, de ses cris,
se déchaînant comme un torrent, fondant en déluge, à ce
point que j'ai failli périr noyé dans un tas d'infamies. Et
maintenant, avant que je prenne la parole, laissez-moi
endosser le costume du plus misérable des êtres.
LE CHOEUR. Pourquoi ce tissu de détours, d'artifices et de
retards? Emprunte-moi à Hiéronymos un casque de Hadès,
aux poils sombres et hérissés ; puis déploie les ruses de
Sisyphe ; car ce débat ne comportera pas de délai.
DICÉOPOLIS. Voici le moment où il faut que je prenne une
âme résolue. Allons tout de suite trouver Euripide. Esclave !
Esclave !
CÉPHISOPHON. Qui est là ?
DICÉOPOLIS. Euripide est-il chez lui
CÉPHISOPHON. Il n'y est pas et il y est, si tu n'es pas
dépourvu de sens.
DICÉOPOLIS. Comment y est-il et n'y est-il pas ?
CÉPHISOPHON. Tout simplement, vieillard : son esprit,
courant dehors après des vers, n'y est pas, mais lui-même
est chez lui, juché en l'air, composant une tragédie.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 9/02/2006