[750] (Δικαιόπολις) τί; ἀνὴρ Μεγαρικός;
(Μεγαρεύς) ἀγορασοῦντες ἵκομες.
(Δικαιόπολις) πῶς ἔχετε;
(Μεγαρεύς) διαπεινᾶμες ἀεὶ ποττὸ πῦρ.
(Δικαιόπολις) ἀλλ᾽ ἡδύ τοι νὴ τὸν Δἴ, ἢν αὐλὸς παρῇ.
τί δ᾽ ἄλλο πράττεθ᾽ οἱ Μεγαρῆς νῦν;
(Μεγαρεύς) οἷα δή.
ὅκα μὲν ἐγὼν τηνῶθεν ἐμπορευόμαν,
755 ἄνδρες πρόβουλοι τοῦτ᾽ ἔπραττον τᾷ πόλει,
ὅπως τάχιστα καὶ κάκιστ᾽ ἀπολοίμεθα.
(Δικαιόπολις) αὐτίκ᾽ ἄρ᾽ ἀπαλλάξεσθε πραγμάτων.
(Μεγαρεύς) σά μάν;
(Δικαιόπολις) τί δ᾽ ἄλλο Μεγαροῖ; πῶς ὁ σῖτος ὤνιος;
(Μεγαρεύς) παρ᾽ ἁμὶ πολυτίματος περ τοὶ θεοί.
760 (Δικαιόπολις) ἅλας οὖν φέρεις;
(Μεγαρεύς) οὐχ ὑμὲς αὐτῶν ἄρχετε;
(Δικαιόπολις) οὐδὲ σκόροδα;
(Μεγαρεύς) ποῖα σκόροδ᾽; ὑμὲς τῶν ἀεί,
ὅκκ᾽ ἐσβάλητε, τὼς ἀρωραῖοι μύες
πάσσακι τὰς ἄγλιθας ἐξορύσσετε.
(Δικαιόπολις) τί δαὶ φέρεις;
(Μεγαρεύς) χοίρως ἐγώνγα μυστικάς.
765 (Δικαιόπολις) καλῶς λέγεις· ἐπίδειξον.
(Μεγαρεύς) ἀλλὰ μὰν καλαί.
ἄντεινον αἰ λῇς· ὡς παχεῖα καὶ καλά.
(Δικαιόπολις) τουτὶ τί ἦν τὸ πρᾶγμα;
(Μεγαρεύς) χοῖρος ναὶ Δία.
(Δικαιόπολις) τί λέγεις σύ; ποδαπὴ δή ᾽στι χοῖρος;
(Μεγαρεύς) Μεγαρικά.
ἢ οὐ χοῖρός ἐσθ᾽ ἅδ᾽;
(Δικαιόπολις) οὐκ ἔμοιγε φαίνεται.
770 (Μεγαρεύς) οὐ δεινά; θᾶσθε τῶδε τὰς ἀπιστίας·
οὔ φατι τάνδε χοῖρον εἶμεν. ἀλλὰ μάν,
αἰ λῇς, περίδου μοι περὶ θυμιτιδᾶν ἁλῶν,
αἰ μή ᾽στιν οὗτος χοῖρος Ἑλλάνων νόμῳ.
(Δικαιόπολις) ἀλλ᾽ ἔστιν ἀνθρώπου γε.
(Μεγαρεύς) ναὶ τὸν Διοκλέα
775 ἐμά γα. τὺ δέ νιν εἴμεναι τίνος δοκεῖς;
ἦ λῇς ἀκοῦσαι φθεγγομένας;
(Δικαιόπολις) νὴ τοὺς θεοὺς
ἔγωγε.
(Μεγαρεύς) φώνει δὴ τὺ ταχέως χοιρίον.
οὐ χρῆσθα; σιγῇς ὦ κάκιστ᾽ ἀπολουμένα;
πάλιν τυ ἀποισῶ ναὶ τὸν Ἑρμᾶν οἴκαδις.
780 (Κόρη) κοῒ κοΐ.
(Μεγαρεύς) αὕτα ᾽στὶ χοῖρος;
(Δικαιόπολις) νῦν γε χοῖρος φαίνεται.
ἀτὰρ ἐκτραφείς γε κύσθος ἔσται.
(Μεγαρεύς) πέντ᾽ ἑτῶν,
σάφ᾽ ἴσθι, ποττὰν ματέρ᾽ εἰκασθήσεται.
(Δικαιόπολις) ἀλλ᾽ οὐδὲ θύσιμός ἐστιν αὑτηγί.
(Μεγαρεύς) σά μάν;
785 πᾷ δ᾽ οὐχὶ θύσιμός ἐστι;
(Δικαιόπολις) κέρκον οὐκ ἔχει.
(Μεγαρεύς) νεαρὰ γάρ ἐστιν· ἀλλὰ δελφακουμένα
ἑξεῖ μεγάλαν τε καὶ παχεῖαν κἠρυθράν.
ἀλλ᾽ αἰ τράφειν λῇς, ἅδε τοι χοῖρος καλά.
(Δικαιόπολις) ὡς ξυγγενὴς ὁ κύσθος αὐτῆς θατέρᾳ.
790 (Μεγαρεύς) ὁμοματρία γάρ ἐστι κἠκ τωὐτῶ πατρός.
αἰ δ᾽ ἂν παχυνθῇ κἀναχνοιανθῇ τριχί,
κάλλιστος ἔσται χοῖρος Ἀφροδίτᾳ θύειν.
(Δικαιόπολις) ἀλλ᾽ οὐχὶ χοῖρος τἀφροδίτῃ θύεται.
(Μεγαρεύς) οὐ χοῖρος Ἀφροδίτᾳ; μόνᾳ γα δαιμόνων.
795 καὶ γίνεταί γα τᾶνδε τᾶν χοίρων τὸ κρῆς
ἅδιστον ἂν τὸν ὀδελὸν ἐμπεπαρμένον.
(Δικαιόπολις) ἤδη δ᾽ ἄνευ τῆς μητρὸς ἐσθίοιεν ἄν;
(Μεγαρεύς) ναὶ τὸν Ποτειδᾶν καί κ᾽ ἄνις γα τῶ πατρός.
(Δικαιόπολις) τί δ᾽ ἐσθίει μάλιστα;
(Μεγαρεύς) πάνθ᾽ ἅ κα διδῷς.
| [750] DICÉOPOLIS. Qu'est-ce ? Un Mégarien ?
LE MÉGARIEN. Nous venons à ton marché.
DICÉOPOLIS. Comment allez-vous ?
LE MÉGARIEN. Nous mourons de faim, assis auprès du feu.
DICÉOPOLIS. Eh ! de par Zeus ! c'est bien agréable, si on a
là un joueur de flûte. Mais que faites-vous encore à Mégare
à l'heure qu'il est ?
LE MÉGARIEN. Tu le demandes ! Quand je suis parti de là-
bas pour le marché, les gens du Conseil faisaient tout ce qu'ils
pouvaient pour que notre ville pérît le plus vite et le plus mal.
DICÉOPOLIS. Vous allez donc bientôt être tirés d'embarras.
LE MÉGARIEN. C'est vrai.
DICÉOPOLIS. Et qu'y a-t-il encore à Mégare ? Combien le
blé s'y vend-il ?
LE MÉGARIEN. Chez nous il est à très haut prix, comme les dieux.
DICÉOPOLIS. Apportes-tu du sel ?
LE MÉGARIEN. Ne tenez-vous pas nos salines ?
DICÉOPOLIS. Est-ce de l'ail ?
LE MÉGARIEN. Comment de l'ail ? Mais dans toutes vos
incursions, vrais mulots, vous déterrez les têtes avec vos piquets !
DICÉOPOLIS. Eh bien, qu'apportes-tu ?
LE MÉGARIEN. Des truies mystiques.
DICÉOPOLIS. A merveille ! Montre-les-moi.
LE MÉGARIEN. Hé ! Elles sont belles. Soupèse-les si cela te
plaît. Comme c'est gras et beau !
DICÉOPOLIS. Mais qu'est-ce donc ?
LE MÉGARIEN. Une truie, par Zeus !
DICÉOPOLIS. Que dis-tu ? D'où vient-elle ?
LE MÉGARIEN. De Mégare. Ce n'est pas là une truie ?
DICÉOPOLIS. Cela ne m'en a pas l'air.
LE MÉGARIEN. N'est-ce pas absurde ? Voilà un incrédule ! Il
dit que ce n'est pas une truie. Moi, si tu veux bien, gageons
une mesure de sel parfumé de thym, si ce n'est pas là une
truie, en bon grec !
DICÉOPOLIS. Pas du tout, elle tient de l'homme.
LE MÉGARIEN. Sans doute, par Dioclès, elle tient de moi. Et
toi, de qui crois-tu qu'elle soit ? Veux-tu l'entendre grogner ?
DICÉOPOLIS. Oui, de par les dieux ! je veux bien.
LE MÉGARIEN. Grogne vite, petite truie ! Tu ne dis rien ?
Est-ce que tu te tais ? Oh ! tu vas mourir de male mort. Par
Hermès ! je te remporte à la maison.
LA FILLETTE. Coï ! Coï !
LE MÉGARIEN. N'est-ce pas une truie ?
DICÉOPOLIS. Oui, cela m'en a l'air. Bien nourrie, dans cinq
ans, elle aura son bijou parfait.
LE MÉGARIEN. Sache-le bien, elle sera pareille à sa mère.
DICÉOPOLIS. Mais on ne peut pas l'immoler en sacrifice.
LE MÉGARIEN. Pourquoi donc ? Qui empêche qu'elle ne soit immolée ?
DICÉOPOLIS. Elle n'a pas de queue.
LE MÉGARIEN. C'est qu'elle est jeune, mais devenue une
vraie bête porcine, elle en aura une grande, grasse et rouge.
Si tu veux la nourrir, ce sera une truie superbe.
DICÉOPOLIS. Comme le bijou de la sueur est semblable à
celui de l'autre !
LE MÉGARIEN. Elles sont de la même mère et du même
père. Qu'elle engraisse, qu'il lui fleurisse des poils, et ce sera
la plus belle truie qu'on puisse immoler à Aphrodite.
DICÉOPOLIS. Mais on n'immole pas de truies à Aphrodite.
LE MÉGARIEN. Pas de truies à Aphrodite ! Mais c'est la
seule déesse à qui la chair des truies soit très agréable,
quand elle est bien embrochée.
DICÉOPOLIS. Mangent-elles seules maintenant sans leur mère ?
LE MÉGARIEN. Oui, par Poseidon ! et aussi sans leur père.
DICÉOPOLIS. Que mangent-elles de préférence ?
LE MÉGARIEN. Tout ce que tu voudras leur donner.
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