[600] ὁρῶν πολιοὺς μὲν ἄνδρας ἐν ταῖς τάξεσιν,
νεανίας δ᾽ οἵους σὺ διαδεδρακότας,
τοὺς μὲν ἐπὶ Θρᾴκης μισθοφοροῦντας τρεῖς δραχμάς,
Τεισαμενοφαινίππους Πανουργιππαρχίδας,
ἑτέρους δὲ παρὰ Χάρητι τοὺς δ᾽ ἐν Χάοσιν,
605 Γερητοθεοδώρους Διομειαλαζόνας,
τοὺς δ᾽ ἐν Καμαρίνῃ κἀν Γέλα κἀν Καταγέλᾳ.
(Λάμαχος) ἐχειροτονήθησαν γάρ.
(Δικαιόπολις) αἴτιον δὲ τί
ὑμᾶς μὲν ἀεὶ μισθοφορεῖν ἁμῃγέπῃ,
τωνδὶ δὲ μηδέν᾽; ἐτεὸν ὦ Μαριλάδη
610 ἤδη πεπρέσβευκας σὺ πολιὸς ὢν ἓν ἢ;
ἀνένευσε· καίτοι γ᾽ ἐστὶ σώφρων κἀργάτης.
τί δαὶ Δράκυλλος ἢ Εὐφορίδης ἢ Πρινίδης;
εἶδέν τις ὑμῶν τἀκβάταν᾽ ἢ τοὺς Χάονας;
οὔ φασιν. ἀλλ᾽ ὁ Κοισύρας καὶ Λάμαχος,
615 οἷς ὑπ᾽ ἐράνου τε καὶ χρεῶν πρώην ποτέ,
ὥσπερ ἀπόνιπτρον ἐκχέοντες ἑσπέρας,
ἅπαντες ᾽ἐξίστω᾽ παρῄνουν οἱ φίλοι.
(Λάμαχος) ὦ δημοκρατία ταῦτα δῆτ᾽ ἀνασχετά;
(Δικαιόπολις) οὐ δῆτ᾽ ἐὰν μὴ μισθοφορῇ γε Λάμαχος.
620 (Λάμαχος) ἀλλ᾽ οὖν ἐγὼ μὲν πᾶσι Πελοποννησίοις
ἀεὶ πολεμήσω καὶ ταράξω πανταχῇ
καὶ ναυσὶ καὶ πεζοῖσι κατὰ τὸ καρτερόν.
(Δικαιόπολις) ἐγὼ δὲ κηρύττω γε Πελοποννησίοις
ἅπασι καὶ Μεγαρεῦσι καὶ Βοιωτίοις
625 πωλεῖν ἀγοράζειν πρὸς ἐμέ, Λαμάχῳ δὲ μή.
(Χορός) ἁνὴρ νικᾷ τοῖσι λόγοισιν, καὶ τὸν δῆμον μεταπείθει
περὶ τῶν σπονδῶν. ἀλλ᾽ ἀποδύντες τοῖς ἀναπαίστοις ἐπίωμεν.
ἐξ οὗ γε χοροῖσιν ἐφέστηκεν τρυγικοῖς ὁ διδάσκαλος ἡμῶν,
οὔπω παρέβη πρὸς τὸ θέατρον λέξων ὡς δεξιός ἐστιν·
630 διαβαλλόμενος δ᾽ ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἐν Ἀθηναίοις ταχυβούλοις,
ὡς κωμῳδεῖ τὴν πόλιν ἡμῶν καὶ τὸν δῆμον καθυβρίζει,
ἀποκρίνασθαι δεῖται νυνὶ πρὸς Ἀθηναίους μεταβούλους.
φησὶν δ᾽ εἶναι πολλῶν ἀγαθῶν ἄξιος ὑμῖν ὁ ποιητής,
παύσας ὑμᾶς ξενικοῖσι λόγοις μὴ λίαν ἐξαπατᾶσθαι,
635 μήθ᾽ ἥδεσθαι θωπευομένους, μήτ᾽ εἶναι χαυνοπολίτας.
πρότερον δ᾽ ὑμᾶς ἀπὸ τῶν πόλεων οἱ πρέσβεις ἐξαπατῶντες
πρῶτον μὲν ἰοστεφάνους ἐκάλουν· κἀπειδὴ τοῦτό τις εἴποι,
εὐθὺς διὰ τοὺς στεφάνους ἐπ᾽ ἄκρων τῶν πυγιδίων ἐκάθησθε.
εἰ δέ τις ὑμᾶς ὑποθωπεύσας λιπαρὰς καλέσειεν Ἀθήνας,
640 ηὕρετο πᾶν ἂν διὰ τὰς λιπαράς, ἀφύων τιμὴν περιάψας.
ταῦτα ποιήσας πολλῶν ἀγαθῶν αἴτιος ὑμῖν γεγένηται,
καὶ τοὺς δήμους ἐν ταῖς πόλεσιν δείξας ὡς δημοκρατοῦνται.
τοιγάρτοι νῦν ἐκ τῶν πόλεων τὸν φόρον ὑμῖν ἀπάγοντες
ἥξουσιν ἰδεῖν ἐπιθυμοῦντες τὸν ποιητὴν τὸν ἄριστον,
645 ὅστις παρεκινδύνευσ᾽ εἰπεῖν ἐν Ἀθηναίοις τὰ δίκαια.
οὕτω δ᾽ αὐτοῦ περὶ τῆς τόλμης ἤδη πόρρω κλέος ἥκει,
ὅτε καὶ βασιλεὺς Λακεδαιμονίων τὴν πρεσβείαν βασανίζων
ἠρώτησεν πρῶτα μὲν αὐτοὺς πότεροι ταῖς ναυσὶ κρατοῦσιν,
εἶτα δὲ τοῦτον τὸν ποιητὴν ποτέρους εἴποι κακὰ πολλά·
| [600] voyant des hommes à cheveux blancs
dans les rangs des soldats, et des jeunes comme toi se
dérobant au service, les uns en Thrace, pour une solde de
trois drachmes, des Tisaménos, des Phaenippos, et ce
coquin d'Hipparchidas; les autres auprès de Charés ; ceux-ci
en Chaonie, Gérès, Théodoros, et ce vantard de Diomée ;
ceux-là à Amarina, à Géla, à Catagéla.
LAMACHOS. On les a élus.
DICÉOPOLIS. Et pourquoi les salaires vont-ils toujours à
vous, et à eux rien? Dis-moi, Mariladès, toi dont les
cheveux, blanchissent, as-tu jamais eu une pareille mission ?
Il fait signe que non. Il est cependant prudent et actif. Et
vous, Dracyllos, Euphoridès, Prinidès, quelqu'un de vous
connaît-il Ecbatane ou les Chaoniens ? Ils disent que non.
C'est affaire au fils de Coesyra et à Lamachos, qui ne
pouvaient hier encore payer leur écot ou leurs dettes, et à
qui tous leurs amis, comme font le soir les gens qui jettent
dehors leurs bains de pieds, criaient : Gare !
LAMACHOS. Ô démocratie ! est-ce tolérable ?
DICÉOPOLIS. Non certes, si Lamachos n'était pas bien payé.
LAMACHOS. Mais moi, je veux faire une guerre éternelle à
tous les Péloponnésiens, jeter partout le désordre, sur mer
et sur terre, et de la bonne sorte.
DICÉOPOLIS. Et moi, je déclare à tous les Péloponnésiens,
aux Mégariens, aux Béotiens, qu'ils peuvent vendre et
acheter chez moi ; mais Lamachos, non.
LE CHOEUR. Cet homme a la parole triomphante, et il va
convaincre le peuple au sujet de la trêve. Mais changeons
notre habit contre des anapestes.
Depuis que notre directeur préside à des chœurs tragiques, il
ne s'est point encore avancé sur le théâtre pour parler de
son talent. Mais diffamé par ses ennemis auprès des
Athéniens au jugement hâtif, comme ridiculisant la ville et
outrageant le peuple, il faut qu'il se disculpe maintenant
auprès des Athéniens au jugement réfléchi. Notre poète dit
donc qu'il est digne de tous biens, en vous empêchant d'être
trop dupés par les discours des étrangers ou séduits par la
flatterie, vrais citoyens de la ville des sots. Jadis les
envoyés des villes commençaient, afin de vous tromper, par
vous appeler les gens aux couronnes de violettes. Et
aussitôt que le mot de couronnes était prononcé, vous
n'étiez plus assis que du bout des fesses. Si un autre, d'un
ton flatteur, parlait de la « grasse Athènes », il obtenait
tout pour ce mot « grasse », dont il vous honorait comme
des anchois. En agissant de la sorte, le poète à été pour
vous là cause de grands biens, ainsi qu'en faisant voir au
peuple des autres villes ce qu'est une démocratie. Voilà
pourquoi, lorsque les envoyés de ces villes viendront vous
apporter leur tribut, ils désireront voir le poète éminent qui
ne craint pas de dire aux Athéniens ce qui est juste. Aussi le
bruit de son audace s'est-il déjà répandu si loin, que le Roi,
questionnant un jour les envoyés de Lacédémone, après leur
avoir demandé quel était le peuple le plus puissant par ses
vaisseaux, les interrogea ensuite sur ce poète et sur ceux
dont il disait tant de mal ;
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