[97] XV. Ἐπὶ δὴ τούτοις ὀξέως τε οὕτω καὶ παραδόξως γενομένοις οἱ Ῥωμαῖοι
τὸν Πομπήιον μέγα ἐπαίροντες, ἔτι ὄντα περὶ Κιλικίαν εἵλοντο τοῦ πρὸς
Μιθριδάτην πολέμου στρατηγὸν ἐπὶ τῆς ὁμοίας ἐξουσίας, αὐτοκράτορα ὄντα,
ὅπῃ θέλοι, συντίθεσθαί τε καὶ πολεμεῖν, καὶ φίλους ἢ πολεμίους Ῥωμαίοις
οὓς δοκιμάσειε ποιεῖσθαι· στρατιᾶς τε πάσης, ὅση πέραν ἐστὶ τῆς Ἰταλίας,
ἄρχειν ἔδωκαν. Ἅπερ οὐδενί πω παντάπασι πρὸ τοῦδε ὁμοῦ πάντα ἐδόθη. Καὶ
ἴσως αὐτὸν καὶ διὰ τάδε μέγαν ὀνομάζουσιν· ὁ γάρ τοι πόλεμος ὁ τοῦ
Μιθριδάτου καὶ ὑπὸ τῶν προτέρων στρατηγῶν ἐξήνυστο ἤδη.
Πομπήιος μὲν οὖν εὐθὺς ἐκ τῆς Ἀσίας στρατὸν ἀγείρας μετεστρατοπέδευσεν ἐπὶ
τοὺς ὅρους τοῦ Μιθριδάτου· Μιθριδάτῃ δὲ ἦν ἐπίλεκτος οἰκεῖος στρατός,
τρισμύριοι πεζοὶ καὶ ἱππεῖς τρισχίλιοι, καὶ προὐκάθητο τῆς χώρας. Ἄρτι δ'
αὐτὴν Λευκόλλου διεφθαρκότος ἀπόρως εἶχεν ἀγορᾶς· ὅθεν αὐτομολίαις
ἐπετίθεντο πολλοί. Καὶ τούσδε μὲν ὁ Μιθριδάτης ἐρευνώμενος ἐκρήμνη καὶ
ὀφθαλμοὺς ἀνώρυττε καὶ ἔκαιεν. Καὶ τὰ μὲν τῶν αὐτομολιῶν ἧσσον ἠνώχλει διὰ
φόβον τῶν κολάσεων, ἐπέτριβε δ' ἡ ἀπορία.
| [97] CHAPITRE XV.
Pour cette victoire gagnée tellement vite et inopinément, les Romains
félicitèrent Pompée de façon démesurée ; et alors qu'il était toujours en
Cilicie ils le nommèrent général de la guerre contre Mithridate, lui
donnant les mêmes pouvoirs illimités qu'auparavant : de faire la guerre et
la paix comme il le voulait et de proclamer amies ou ennemies les nations
selon son bon vouloir. Ils lui donnèrent l'instruction de toutes forces au
delà des frontières de l'Italie. Aucun général avant lui n'avait jamais
obtenu tant de pouvoirs. C'était peut-être la raison pour laquelle on lui
donna le titre de Pompée le Grand, parce que la guerre contre Mithridate
avait presque été achevée par d'autres généraux avant lui. Il rassembla
son armée et marcha sur le territoire de Mithridate. Ce dernier avait sa
propre armée composée de 30.000 fantassins et de 3000 cavaliers, postée à
sa frontière ; mais comme Lucullus avait récemment dévasté la région il
avait un approvisionnement en blé limité, et pour cette raison plusieurs
de ses hommes l'abandonnèrent. Il fit crucifier les déserteurs qu'il
rattrapa ou leur fit crever les yeux ou les fit brûler vifs. Mais comme la
crainte du châtiment diminuait le nombre de déserteurs, la famine augmentait.
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