[96] Αὐτὸς δὲ ἐς Κιλικίαν ἠπείγετο μετὰ ποικίλου στρατοῦ καὶ μηχανημάτων
πολλῶν, ἐλπίσας παντοίας μάχης καὶ πολιορκίας αὐτῷ δεήσειν ἐπὶ ἄκρας
ἀποκρήμνους. Οὐδενὸς δὲ ἐδέησε· τὸ γὰρ κλέος αὐτοῦ καὶ τὴν παρασκευὴν οἱ
λῃσταὶ καταπλαγέντες, καὶ ἐλπίσαντες, εἰ μὴ διὰ μάχης ἔλθοιεν, τεύξεσθαι
φιλανθρώπου, πρῶτοι μὲν οἳ Κράγον καὶ Ἀντίκραγον εἶχον, φρούρια μέγιστα,
μετὰ δ' ἐκείνους οἱ ὄρειοι Κίλικες καὶ ἐφεξῆς ἅπαντες ἑαυτοὺς ἐνεχείρισαν,
ὅπλα τε ὁμοῦ πολλά, τὰ μὲν ἕτοιμα τὰ δὲ χαλκευόμενα, παρέδωκαν, καὶ ναῦς
τὰς μὲν ἔτι πηγνυμένας τὰς δ' ἤδη πλεούσας, χαλκόν τε καὶ σίδηρον ἐς ταῦτα
συνενηνεγμένον καὶ ὀθόνας καὶ κάλως καὶ ὕλην ποικίλην, αἰχμαλώτων τε
πλῆθος, τῶν μὲν ἐπὶ λύτροις τῶν δὲ ἐπὶ ἔργοις δεδεμένων. Ὧν ὁ Πομπήιος τὴν
μὲν ὕλην ἐνέπρησε, τὰς δὲ ναῦς ἀπήγαγε, τοὺς δ' αἰχμαλώτους ἐς τὰς
πατρίδας ἀφῆκε· καὶ πολλοὶ κενοτάφια σφῶν κατέλαβον ὡς ἐπὶ νεκροῖς
γενόμενα. Τοὺς δὲ πειρατὰς οἳ μάλιστα ἐδόκουν οὐχ ὑπὸ μοχθηρίας ἀλλ'
ἀπορίᾳ βίου διὰ τὸν πόλεμον ἐπὶ ταῦτα ἐλθεῖν, ἐς Μαλλὸν καὶ Ἄδανα καὶ
Ἐπιφάνειαν, ἢ εἴ τι ἄλλο πόλισμα ἔρημον ἢ ὀλιγάνθρωπον ἦν τῆσδε τῆς
τραχείας Κιλικίας, συνῴκιζε· τοὺς δέ τινας αὐτῶν καὶ ἐς Δύμην τῆς Ἀχαΐας
ἐξέπεμπεν. Ὧδε μὲν ὁ λῃστρικὸς πόλεμος, χαλεπώτατος ἔσεσθαι νομισθείς,
ὀλιγήμερος ἐγένετο τῷ Πομπηίῳ· καὶ ναῦς ἔλαβε τὰς μὲν ἁλούσας μίαν καὶ
ἑβδομήκοντα, τὰς δὲ ὑπ' αὐτῶν παραδοθείσας ἓξ καὶ τριακοσίας, πόλεις δὲ
καὶ φρούρια καὶ ὁρμητήρια ἄλλα αὐτῶν ἐς εἴκοσι καὶ ἑκατόν. Λῃσταὶ δ'
ἀνῃρέθησαν ἐν ταῖς μάχαις ἀμφὶ τοὺς μυρίους.
| [96] Pompée lui-même se hâta vers la Cilicie avec des forces de diverses
sortes et beaucoup de machines, car il comptait qu'il y aurait besoin de
toutes sortes de combat et de siège contre l'escarpement des forteresses ;
mais il n'eut besoin de rien. La terreur de son nom et la grandeur de ses
préparatifs avaient provoqué la panique chez les pirates. Ils espéraient
que s'ils ne résistaient pas ils seraient traités avec clémence. D'abord,
ceux qui tenaient Cragos et Anticragos, leurs plus grandes forteresses, se
rendirent, et après eux les montagnards de Cilicie, et, finalement tous,
les uns après les autres. Ils abandonnèrent en même temps une grande
quantité d'armes, certaines terminées, d'autres encore en cours de
fabrication ; ainsi que leurs vaisseaux, certains toujours en
construction, d'autres déjà à flot ; et aussi le bronze et le fer destinés
aux navires, la toile pour les voiles, les cordages et toutes sortes de
matériaux ; et finalement une multitude de prisonniers retenus pour une
rançon ou enchaînés au travail. Pompée brûla les matériaux, emporta les
navires et renvoya les captifs dans leurs pays respectifs. Bon nombre
d'entre trouvèrent en rentrant leurs propres cénotaphes, parce que on
croyait qu'ils étaient morts. Ces pirates qui en étaient sans doute
arrivés à ce mode de vie non par méchanceté, mais à cause de la misère
provoquée par la guerre, Pompée les installa à Mallos, Adama et Épiphanie
et dans toutes les autres villes inhabitées ou peu peuplées dans les
Cilicie Rocheuse. Il envoya certains d'entre eux à Dymé en Achaïe. Ainsi la
guerre contre les pirates, qu'on avait crue très difficile, fut terminée
par Pompée en quelques jours. Il captura soixante et onze navires, 306 se
rendirent, et prit 120 de leurs villes, forteresses et bases de départ.
Environ 10.000 des pirates furent massacrés au cours des combats.
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