[77] Λεύκολλος δ' ἐπεὶ τὸ κατὰ γῆν εἴργαστο διὰ τοῦ λιμοῦ, ναῦς ἐκ τῆς
Ἀσίας ἀγείρας διέδωκε τοῖς ἀμφ' αὑτὸν στρατηγοῦσιν. Καὶ Τριάριος μὲν
Ἀπάμειαν εἷλεν ἐπιπλεύσας, καὶ πολλὴ τῶν Ἀπαμέων συμφυγόντων ἐς τὰ ἱερὰ
ἐγένετο σφαγή· Βάρβας δὲ Προυσιάδα εἷλε τὴν πρὸς τῷ ὄρει, καὶ Νίκαιαν
ἔλαβε, τῶν Μιθριδάτου φρουρῶν ἐκφυγόντων. Λεύκολλος δὲ περὶ τὸν Ἀχαιῶν
λιμένα τρισκαίδεκα ναῦς εἷλε τῶν πολεμίων. Οὐάριον δὲ καὶ Ἀλέξανδρον καὶ
Διονύσιον περὶ Λῆμνον ἐν ἐρήμῃ νήσῳ καταλαβών, ἔνθα δείκνυται βωμὸς
Φιλοκτήτου καὶ χαλκοῦς ὄφις καὶ τόξα καὶ θώραξ ταινίαις περίδετος, μνῆμα
τῆς ἐκείνου πάθης, ἐπέπλει μὲν αὐτοῖς ῥοθίῳ τε πολλῷ καὶ μετὰ
καταφρονήσεως, εὐσταθῶς δ' ἐκείνων ὑπομενόντων ἔστησε τὴν εἰρεσίαν, καὶ
κατὰ δύο ναῦς ἐπιπέμπων ἠρέθιζεν ἐς ἔκπλουν. Οὐ σαλευόντων δ' ἐκείνων ἀλλ'
ἀπὸ γῆς ἀμυνομένων, περιέπλευσε τὴν νῆσον ἑτέραις ναυσί, καὶ πεζοὺς ἐς
αὐτὴν ἐκβιβάσας συνήλασε τοὺς ἐχθροὺς ἐπὶ τὰς ναῦς. Οἱ δ' ἐς μὲν τὸ
πέλαγος οὐκ ἠφίεσαν, τὸν Λευκόλλου στρατὸν δεδιότες, παρὰ δὲ τὴν γῆν
πλέοντες, ἔκ τε τῆς γῆς καὶ τῆς θαλάσσης ἀμφίβολοι γιγνόμενοι
κατετιτρώσκοντο, καὶ φόνος πολὺς ἦν αὐτῶν καὶ φυγή. Ἐλήφθησαν δ' ἐν
σπηλαίῳ κρυπτόμενοι Οὐάριός τε καὶ Ἀλέξανδρος καὶ Διονύσιος ὁ εὐνοῦχος.
Καὶ αὐτῶν ὁ μὲν Διονύσιος, πιὼν ὅπερ ἤγετο φάρμακον, αὐτίκα ἀπέθανε,
Οὐάριον δ' ἀναιρεθῆναι προσέταξε Λεύκολλος· οὐ γὰρ ἐδόκει Ῥωμαῖον ἄνδρα
βουλευτὴν θριαμβεύειν. Ἀλέξανδρος δὲ ἐς τὴν πομπὴν ἐφυλάσσετο. Καὶ
Λεύκολλος περὶ τῶνδε Ῥωμαίοις ἐπέστελλε, τὰ γράμματα δάφνῃ περιβαλών, ὡς
ἔθος ἐστὶν ἐπὶ νίκαις· αὐτὸς δὲ ἠπείγετο ἐς Βιθυνίαν.
| [77] Quand Lucullus eut atteint ce résultat sur terre en affamant ses
ennemis, il rassembla une flotte de la province asiatique et la partagea
entre les généraux. Trirarius fit voile vers Apamée, prit la ville et fit
massacrer un grand nombre d'habitants qui s'étaient réfugiés dans les
temples. Barba prit Prusias, située au bas d'une montagne et occupa Nicée
qui avait été abandonnée par la garnison de Mithridate. Au port des
Achéens Lucullus prit treize navires à l'ennemi. Il rattrapa Varius,
Alexandre et Dionysius sur une île déserte près de Lemnos (où l'on montre
l'autel de Philoctète avec le serpent de bronze, les arcs et la cuirasse
avec des bandelettes, pour nous rappeler les douleurs de ce héros), et les
attaqua avec mépris. Ils résistèrent vaillamment. Il arrêta le mouvement
des rames et envoya ses bateaux vers eux deux par deux afin de les attirer
vers la mer. Comme ils refusaient de sortir, mais continuaient à se
défendre sur terre, il envoya une partie de sa flotte de l'autre côté de
l'île, y débarqua de l'infanterie, et repoussa l'ennemi vers leurs
navires. Ils ne se risquèrent pas de se diriger vers le large, mais ils
longèrent le rivage, parce qu'ils craignaient l'armée de Lucullus. Ainsi
ils furent exposés aux traits de deux côtés, sur terre et au large, et
eurent un grand nombre de blessés, et ce fut alors le carnage et la fuite.
Varius, Alexandre, et Dionysios l'eunuque furent pris dans une caverne où
ils s'étaient cachés. Dionysios avala le poison qu'il avait sur lui et
mourut aussitôt. Lucullus donna l'ordre de mettre à mort Varius, parce
qu'il ne voulait pas qu'un sénateur romain fasse partie de son triomphe,
mais il conserva Alexandre pour ce triomphe. Lucullus envoya des lettres
tressées de laurier à Rome, comme c'est la coutume des vainqueurs, et
alors se dirigea vers la Bithynie.
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