| [97] Τοσόσδε ἔρως ἐλευθερίας καὶ ἀνδραγαθίας ἦν ἐν πόλει βαρβάρῳ τε καὶ 
σμικρᾷ. Ἐς γὰρ ὀκτακισχιλίους ἐπ' εἰρήνης γενόμενοι οἷα μὲν καὶ ὅσα 
Ῥωμαίους ἔδρασαν, οἵας δὲ συνθήκας αὐτοῖς ἔθεντο ἐπὶ ἴσῃ καὶ ὁμοίᾳ, οὐδέσι 
ταῦτα συνθέσθαι Ῥωμαίων ὑποστάντων, οἷον δ' ὄντα τὸν τελευταῖον στρατηγόν, 
ἓξ μυριάσιν αὐτοὺς περικαθήμενον, προυκαλέσαντο πολλάκις ἐς μάχην. Ὁ δὲ ἦν 
ἄρα στρατηγικώτερος αὐτῶν, ἐς χεῖρας οὐκ ἰὼν θηρίοις, ἀλλὰ τῷ λιμῷ σφᾶς 
κατεργαζόμενος, ἀμάχῳ κακῷ, ᾧ δὴ καὶ μόνῳ ληφθῆναί τε δυνατὸν ἦν ἄρα 
Νομαντίνους, καὶ ἐλήφθησαν μόνῳ.
Ἐμοὶ μὲν δὴ ταῦτα περὶ Νομαντίνων εἰπεῖν ἐπῆλθεν, ἐς τὴν ὀλιγότητα αὐτῶν 
καὶ φερεπονίαν ἀφορῶντι, καὶ ἔργα πολλά, καὶ χρόνον ὅσον διεκαρτέρησαν· 
οἱ δὲ πρῶτα μὲν αὑτούς, οἱ βουλόμενοι, διεχρῶντο, ἕτερος ἑτέρως· οἱ λοιποὶ δ' 
ἐξῄεσαν τρίτης ἡμέρας ἐς τὸ δεδομένον χωρίον, δυσόρατοί τε καὶ ἀλλόκοτοι 
πάμπαν ὀφθῆναι, οἷς τὰ μὲν σώματα ἦν ἀκάθαρτα καὶ τριχῶν καὶ ὀνύχων καὶ 
ῥύπου μεστά, ὠδώδεσαν δὲ χαλεπώτατον, καὶ ἐσθὴς αὐτοῖς ἐπέκειτο πιναρὰ καὶ 
ἥδε καὶ οὐχ ἧσσον δυσώδης. Ἐφαίνοντο δὲ τοῖς πολεμίοις ἐλεεινοὶ μὲν ἀπὸ 
τῶνδε, φοβεροὶ δ' ἀπὸ τῶν βλεμμάτων· ἔτι γὰρ αὐτοὺς ἐνεώρων ἔκ τε ὀργῆς 
καὶ λύπης καὶ πόνου καὶ συνειδότος ἀλληλοφαγίας.
 | [97] Tel était l'amour de la liberté et de la bravoure dans cette petite 
 ville barbare. Avec seulement 8000 combattants avant le début de la 
 guerre, combien de revers terribles ils avaient portés aux Romains ! 
 Combien de traités ne firent-ils pas sur un pied d'égalité avec les 
 Romains, traités que ces derniers n'avaient consenti avec personne 
 d'autre! Combien de fois ne provoquèrent-ils pas au combat le dernier 
 général envoyé contre aux avec une armée de 60.000 hommes ! Mais celui-ci 
 se montra meilleur stratège qu'eux-mêmes, en refusant de combattre contre 
 des bêtes sauvages quand il pouvait les réduire par la faim, cet ennemi 
 invincible. C'était la seule façon possible de capturer les Numantins, et 
 c'est la faim seule qui les fit plier. C'est en considérant leur petit 
 nombre et leurs grands malheurs, leurs vaillants exploits et leur longue 
 résistance, que j'ai décidé de relater ce moment particulier de l'histoire 
 de Numance. Beaucoup, juste après la reddition, se tuèrent comme ils 
 l'avaient décidé, certains d'une façon et d'autres d'une autre. Le reste 
 se rassembla le troisième jour à l'endroit désigné : c'était  un spectacle 
 étrange et choquant. Leurs corps étaient répugnants, leurs cheveux et 
 ongles étaient fort longs, et ils étaient d'une saleté repoussante. Ils 
 puaient, et les vêtements qu'ils portaient étaient aussi crasseux et 
 sentaient horriblement mauvais. Pour ces raisons ils semblaient pitoyables 
 même à leurs ennemis. En même temps il y avait quelque chose qui inspirait 
 la crainte aux spectateurs dans l'expression de leurs yeux - une 
 expression de colère, de peine, d'épreuves, et de la mauvaise conscience 
 d'avoir mangé de la chair humaine. 
 |