| [95] Νομαντῖνοι δὲ κάμνοντες ὑπὸ λιμοῦ πέντε ἄνδρας ἔπεμπον ἐς τὸν 
Σκιπίωνα, οἷς εἴρητο μαθεῖν εἰ μετριοπαθῶς σφίσι χρήσεται παραδοῦσιν 
αὑτούς. Αὔαρος δ' αὐτῶν ἡγούμενος πολλὰ μὲν περὶ τῆς προαιρέσεως καὶ 
ἀνδρείας τῶν Νομαντίνων ἐσεμνολόγησε, καὶ ἐπεῖπεν ὡς οὐδὲ νῦν ἁμάρτοιεν, 
ὑπὲρ παίδων καὶ γυναικῶν καὶ ἐλευθερίας πατρίου κακοπαθοῦντες ἐς τοσόνδε 
κακοῦ. « Διὸ καὶ μάλιστα, » εἶπεν, « ὦ Σκιπίων, ἄξιόν ἐστι σέ, τοσῆσδε 
ἀρετῆς γέμοντα, φείσασθαι γένους εὐψύχου τε καὶ ἀνδρικοῦ, καὶ προτεῖναι τὰ 
φιλανθρωπότερα τῶν κακῶν ἡμῖν, ἃ καὶ δυνησόμεθα ἐνεγκεῖν, ἄρτι πειρώμενοι 
μεταβολῆς. Ὡς οὐκ ἐφ' ἡμῖν ἔτι ἐστίν, ἀλλ' ἐπὶ σοί, τὴν πόλιν ἢ 
παραλαβεῖν, εἰ τὰ μέτρια κελεύοις, ἢ μαχομένην ὑπεριδεῖν ἀπολέσθαι. » Ὁ 
μὲν Αὔαρος ὧδε εἶπεν, ὁ δὲ Σκιπίων ̔ᾔσθετο γὰρ παρὰ τῶν αἰχμαλώτων τὰ 
ἔνδον̓ ἔφη δεῖν αὐτοὺς ἐγχειρίσαι τὰ κατὰ σφᾶς καὶ σὺν ὅπλοις παραδοῦναι 
τὴν πόλιν. Ὧν ἀπαγγελθέντων οἱ Νομαντῖνοι, χαλεποὶ καὶ τέως ὄντες ὀργὴν 
ὑπ' ἐλευθερίας ἀκράτου καὶ ἀηθείας ἐπιταγμάτων, τότε καὶ μᾶλλον ὑπὸ τῶν 
συμφορῶν ἠγριωμένοι τε καὶ ἀλλόκοτοι γεγονότες τὸν Αὔαρον καὶ τοὺς σὺν 
αὐτῷ πέντε πρέσβεις ἀπέκτειναν ὡς κακῶν ἀγγέλους καὶ τὸ σφέτερον ἀσφαλὲς 
ἴσως διῳκημένους παρὰ τῷ Σκιπίωνι.
 | [95] Le Numantins, affamés, envoyèrent cinq hommes à Scipion pour demander 
 s'il les traiterait avec modération au cas où ils se rendraient. Leur 
 chef, Avaros, parla beaucoup du prestige et du courage des Numantins, et 
 dit que même alors ils n'avaient fait aucun mal, mais en étaient arrivés à 
 une telle extrémité pour la défense de leurs épouses et de leurs enfants, 
 et pour la liberté de leur pays. « C'est pourquoi, Scipion, » dit-il, « il 
 est digne de toi, en tant qu'homme renommé pour ta vertu, d'épargner un 
 peuple courageux et valeureux et de nous offrir un traitement plus humain 
 que celui que nous endurons, maintenant que nous avons éprouvé un 
 changement de fortune. Cela ne dépend pas de nous mais de toi de recevoir 
 la reddition de notre ville à de justes conditions, ou de lui permettre de 
 périr dans une dernier combat. » Quand Avaros eut  parlé, Scipion (qui 
 savait par des prisonniers la situation intérieure de la ville) dit 
 simplement qu'ils devaient rendre leurs armes et se placer eux et leur 
 ville dans ses mains. Quand cette réponse fut connue, les Numantins, qui 
 étaient déjà auparavant de caractère sauvage en raison de leur liberté 
 absolue et  absolument pas habitués à obéir aux ordres des autres, 
 devinrent alors plus sauvages que jamais en raison de leurs difficultés, 
 mirent à mort Avaros et les cinq ambassadeurs qui l'avaient accompagné, 
 comme porteurs de mauvaises nouvelles, et pensant sans douter qu'ils 
 avaient conclu leur sauvegarde avec Scipion. 
 |