| [91] Οὕτω μὲν ὁ Σκιπίων ὅδε πρῶτος, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, περιετείχισε πόλιν οὐ 
φυγομαχοῦσαν· τόν τε Δόριον ποταμόν, συμφερόμενον τῷ περιτειχίσματι καὶ 
πολλὰ τοῖς Νομαντίνοις χρήσιμον ἔς τε ἀγορᾶς κομιδὴν καὶ διαπομπὴν ἀνδρῶν, 
ὅσοι κατ' αὐτὸν κολυμβηταί τε καὶ σκάφεσι μικροῖς ἐλάνθανον, ἢ ἱστίοις, 
ὅτε λάβρον εἴη τὸ πνεῦμα, ἐβιάζοντο, ἢ κώπαις κατὰ τὸ ῥεῦμα, ζεῦξαι μὲν 
οὐκ ἐδύνατο πλατὺν ὄντα καὶ πάνυ ῥοώδη, φρούρια δὲ ἀντὶ γεφύρας αὐτῷ δύο 
περιθεὶς ἀπήρτησε καλῳδίοις δοκοὺς μακρὰς ἐξ ἑκατέρου φρουρίου, καὶ ἐς τὸ 
πλάτος τοῦ ποταμοῦ μεθῆκεν, ἐχούσας ἐμπεπηγότα πυκνὰ ξίφη τε καὶ ἀκόντια. 
Αἱ δ' ὑπὸ τοῦ ῥοῦ, τοῖς ξίφεσι καὶ τοῖς ἀκοντίοις ἐμπίπτοντος, ἀεὶ 
περιστρεφόμεναι οὔτε διανηχομένους οὔτ' ἐπιπλέοντας οὔτε ὑποδύνοντας εἴων 
λαθεῖν. Τοῦτο δ' ἦν οὗ μάλιστα ὁ Σκιπίων ἐπεθύμει, μηδενὸς αὐτοῖς 
ἐπιμιγνυμένου μηδ' ἐσιόντος ἀγνοεῖν αὐτοὺς ὅ τι γίγνοιτο ἔξω· οὕτω γὰρ 
ἀπορήσειν ἀγορᾶς τε καὶ μηχανῆς πάσης.
 | [91] Ainsi Scipion fut le premier général, à mon avis, qui fit construire 
 un mur autour d'une ville qui ne refusait pas le combat. Cependant, le 
 fleuve Durios, qui coupait la ligne de fortifications, était très utile 
 aux Numantins pour apporter des vivres et pour envoyer des hommes dans les 
 deux sens, certains en nageant, d'autres se cachant dans des barques, 
 d'autres encore forçant le blocus avec des bateaux à voiles quand un vent 
 soufflait fort, ou à la rame en suivant le courant. Comme il ne pouvait 
 enjamber le fleuve à cause de sa largeur et de son courant, Scipion fit 
 construire deux tours à la place d'un pont. À chacune de ces tours il 
 amarra de grands bois de construction avec des cordes et les fit flotter à 
 travers le fleuve. Les bois de construction étaient parsemés d'épées et de 
 fers de lance, qui ne cessaient de tourner à cause de la force du courant 
 qui se précipitait contre eux, de sorte que l'ennemi fut empêché de sortir 
 secrètement, en nageant, en plongeant ou en naviguant. Ainsi se réalisa ce 
 que Scipion désirait  particulièrement, à savoir, que personne ne puisse 
 avoir des relations avec eux ni entrer, et qu'ils ne sachent absolument 
 plus ce qui se passait à l'extérieur. Ainsi ils manqueraient de vivres et 
 d'autres expédients. 
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