[87] Ὅτε δ' εἴκασεν ὀξὺ καὶ εὐπειθὲς αὐτῷ καὶ φερέπονον γεγονέναι τὸ
στράτευμα, μετέβαινεν ἀγχοῦ τῶν Νομαντίνων. Προφυλακὰς δέ, ὥσπερ τινές,
ἐπὶ φρουρίων οὐκ ἐποιεῖτο· οὐδὲ διῄρει ποι τὸν στρατὸν ὅλως, τοῦ μὴ τινὸς
ἐν ἀρχῇ γενομένου πταίσματος εὐκαταφρόνητον τοῖς πολεμίοις αὐτὸν γενέσθαι,
καὶ τέως καταφρονοῦσιν. Οὐδ' ἐπεχείρει τοῖς ἐχθροῖς, ἔτι περισκοπῶν αὐτόν
τε τὸν πόλεμον καὶ τὸν καιρὸν αὐτοῦ καὶ τὴν τῶν Νομαντίνων ὁρμήν, ἐς ὅ τι
τρέψοιντο. Τὰ δὲ ὀπίσω τοῦ στρατοπέδου πάντα ἐχορτολόγει, καὶ τὸν σῖτον
ἔκειρεν ἔτι χλωρόν. Ὡς δ' αὐτῷ ταῦτα ἐξετεθέριστο καὶ ἐς τὸ πρόσθεν ἔδει
βαδίζειν, ὁδὸς μὲν ἦν παρὰ τὴν Νομαντίαν ἐπὶ τὰ πεδία σύντομος, καὶ πολλοὶ
συνεβούλευον ἐς αὐτὴν τραπέσθαι. Ὁ δ' ἔφη τὴν ἐπάνοδον δεδιέναι, κούφων
μὲν τότε τῶν πολεμίων ὄντων, καὶ ἐκ πόλεως ὁρμωμένων καὶ ἐς πόλιν
ἀφορμώντων· « Οἱ δ' ἡμέτεροι βαρεῖς ἐπανίασιν ὡς ἀπὸ σιτολογίας καὶ
κατάκοποι, καὶ κτήνη καὶ ἁμάξας καὶ φορτία ἄγουσιν. Δυσχερής τε ὅλως καὶ
ἀνόμοιος ὁ ἀγών· ἡσσωμένοις μὲν γὰρ πολὺς ὁ κίνδυνος, νικῶσι δὲ οὐ μέγα τὸ
ἔργον, οὐδ' ἐπικερδές. » Εἶναι δ' ἄλογον κινδυνεύειν ἐπὶ ὀλίγοις, καὶ
στρατηγὸν ἀμελῆ τὸν ἀγωνιζόμενον πρὸ τῆς χρείας, ἀγαθὸν δὲ τὸν ἐν μόναις
παρακινδυνεύοντα ταῖς ἀνάγκαις. Συγκρίνων δ' ἔφη καὶ τοὺς ἰατροὺς μὴ
χρῆσθαι τομαῖς μηδὲ καύσεσι πρὸ φαρμάκων. Ταῦτ' εἰπὼν ἐκέλευε τοῖς ἡγεμόσι
τὴν μακροτέραν περιάγειν. Καὶ συνεξῄει τότε μὲν ἐς τὸ πέραν τοῦ
στρατοπέδου, ὕστερον δὲ ἐς τὰ Οὐακκαίων, ὅθεν οἱ Νομαντῖνοι τὰς τροφὰς
ἐωνοῦντο, κείρων ἅπαντα, καὶ τὰ χρήσιμα ἐς τὰς ἑαυτοῦ τροφὰς συλλέγων, τὰ
δὲ περιττὰ σωρεύων τε καὶ κατακαίων.
| [87] Quand il jugea que l'armée était alerte, obéissante à ses ordres et
endurante, il déplaça son camp près de Numance. Il ne plaça pas
d'avant-postes dans des fortins, comme le font certains, parce qu'il ne
souhaitait pas encore diviser son armée, de peur de connaître un désastre
dès le début et de gagner le mépris de l'ennemi, qui dédaignait depuis
longtemps les Romains. Et il ne commença pas non plus à attaquer
immédiatement l'ennemi parce qu'il étudiait la nature de cette guerre,
observait les occasions favorables et essayait toujours de découvrir les
plans des Numantins. En attendant il envoyait des fourrageurs dans tous
les champs derrière son camp et coupait le grain encore vert. Quand ces
champs furent moissonnés il fut nécessaire d'avancer, et il trouva un
raccourci vers Numance à travers le pays que beaucoup lui conseillèrent de
prendre. Il dit : « ce que je crains, c'est le retour. Nos ennemis sont
très agiles. Ils peuvent sortir de la ville et s'y replier de nouveau,
alors que nos hommes, comme des soldats revenant avec du fourrage, seront
fatigués avec le butin, les chariots et les chargements. Pour cette raison
le combat sera difficile et inégal. Si nous sommes battus le danger sera
grand, et si nous sommes victorieux, ni la gloire ni le gain n'en vaudront
la peine. Il est stupide d'encourir le danger pour de si maigres
résultats. On doit considérer que c'est un général insouciant, celui qui
combattrait sans nécessité, alors que le bon général prend des risques
uniquement qu'en cas de nécessité. » Il ajouta en comparaison que les
médecins ne coupent pas et ne brûlent pas leurs patients avant d'avoir
d'abord essayé des drogues. Après avoir ainsi parlé, il commanda à ses
guides de prendre la route la plus longue. Alors il fit quelques sorties
au delà du camp et après s'avança dans le territoire des Vaccaeens, où les
Numantins achetaient leurs approvisionnements, dévastant tout, prenant
pour lui ce qui lui était utile comme vivres, coupant le reste et le brûlant.
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