[84] XIV. Ἐν δὲ Ῥώμῃ κάμνων ὁ δῆμος ἐπὶ τοῖς Νομαντίνοις, μακροῦ καὶ
δυσχεροῦς τοῦ πολέμου σφίσι παρὰ προσδοκίαν γεγονότος, ᾑροῦντο Κορνήλιον
Σκιπίωνα τὸν Καρχηδόνα ἑλόντα αὖθις ὑπατεύειν, ὡς μόνον ἐπικρατῆσαι τῶν
Νομαντίνων δυνάμενον. Ὁ δὲ καὶ τότε ἦν ἔτι νεώτερος τῆς νενομισμένης τοῖς
ὑπατεύουσιν ἡλικίας· ἡ οὖν βουλὴ πάλιν, ὥσπερ ἐπὶ Καρχηδονίοις αὐτοῦ
χειροτονουμένου Σκιπίωνος, ἐψηφίσατο τοὺς δημάρχους λῦσαι τὸν περὶ τῆς
ἡλικίας νόμον, καὶ τοῦ ἐπιόντος ἔτους αὖθις θέσθαι. Οὕτω μὲν ὁ Σκιπίων
αὖθις ὑπατεύων ἐς Νομαντίαν ἠπείγετο, στρατιὰν δ' ἐκ καταλόγου μὲν οὐκ
ἔλαβε πολλῶν τε πολέμων ὄντων καὶ πολλῶν ἀνδρῶν ἐν Ἰβηρίᾳ, ἐθελοντὰς δέ
τινας, ἔκ τε πόλεων καὶ βασιλέων ἐς χάριν ἰδίαν πεμφθέντας αὐτῷ,
συγχωρούσης τῆς βουλῆς ἐπηγάγετο, καὶ πελάτας ἐκ Ῥώμης καὶ φίλους
πεντακοσίους, οὓς ἐς ἴλην καταλέξας ἐκάλει φίλων ἴλην. Πάντας δὲ ἐς
τετρακισχιλίους γενομένους παραδοὺς ἄγειν ἀδελφιδῷ Βουτέωνι, σὺν ὀλίγοις
αὐτὸς προεξώρμησεν ἐς Ἰβηρίαν ἐπὶ τὸ στρατόπεδον, πυνθανόμενος αὐτὸ γέμειν
ἀργίας καὶ στάσεων καὶ τρυφῆς, εὖ εἰδὼς ὅτι μὴ κρατήσει πολεμίων πρὶν
κατασχεῖν τῶν ἰδίων ἐγκρατῶς.
| [84] CHAPITRE XIV.
Rome fatiguée de cette guerre contre Numance, guerre qui se
prolongeait et plus difficile qu'on ne l'avait cru, élirent Cornélius
Scipion, le vainqueur de Carthage, une seconde fois consul, croyant qu'il
était le seul homme capable de soumettre Numance. Comme il n'avait
toujours pas l'âge pour être consul, le sénat vota, de la même façon
qu'ils l'avaient fait quand Scipion avait été nommé général contre les
Carthaginois, que les tribuns du peuple devaient abroger la loi concernant
la limite d'âge et la rétablir l'année suivante. Scipion fut donc nommé
consul une seconde fois et se hâta vers Numance. Il n'enrôla aucune armée
parce que la ville était épuisée par tant de guerres et parce qu'il y
avait beaucoup de soldats en Espagne. Avec le consentement du sénat il
prit avec lui un certain nombre de volontaires que lui avaient envoyés des
villes et des rois par amitié personnelle. À ces derniers il ajouta 500 de
ses clients et de des amis qui formèrent un corps de troupe et qu'il nomma
"Le corps de ses Amis". Tout ceux-ci, au nombre d'environ 4000, il les mit
sous les ordres de Buteo, son neveu, pour les conduire, alors qu'il
partait devant avec une petite escorte vers l'armée de l'Espagne, ayant
entendu dire qu'elle était en pleine inaction, dans la discorde et la
mollesse. Il savait bien qu'il ne pourrait jamais surmonter l'ennemi s'il
ne ramenait pas d'abord ses propres hommes à la stricte discipline.
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