[41] Πρεσβευόντων δ᾽ ἐς αὐτὸν ἁπάντων ὅμηρά τε ᾔτησεν ἄλλα, καὶ βιβλία
ἐσφραγισμένα ἐς ἑκάστους περιέπεμπε, καὶ τοὺς φέροντας ἐκέλευεν ἡμέρᾳ μιᾷ
πάντας ἀποδοῦναι· καὶ ὥριζε τὴν ἡμέραν, τεκμηράμενος ὅτε μάλιστα ἐς τὴν
πορρωτάτω πόλιν ἀφίξονται. Ἐκέλευε δ᾽ ἡ γραφὴ ταῖς ἀρχαῖς τῶν πόλεων
ἁπάσαις καθαιρεῖν τὰ τείχη σφῶν, αὐτῆς ἡμέρας ᾗ τὰ γράμματα λάβοιεν· εἰ δὲ
ἀνάθοιντο τὴν ἡμέραν, ἀνδραποδισμὸν ἠπείλει. Οἱ δὲ ἄρτι μὲν ἡττημένοι
μεγάλῃ μάχῃ, ὑπὸ δὲ ἀγνοίας εἴτε μόνοις εἴθ᾽ ἅπασι ταῦτα προσετάχθη,
φοβούμενοι μόνοι μὲν ὡς εὐκαταφρόνητοι, μετὰ δὲ τῶν ἄλλων μὴ μόνοι
βραδύνωσι, καιρόν τε οὐκ ἔχοντες περιπέμψαι πρὸς ἀλλήλους, καὶ τοὺς
στρατιώτας τοὺς ἐληλυθότας μετὰ τῶν γραμμάτων ἐφεστῶτας σφίσιν
εὐλαβούμενοι, τὸ σφέτερον ἀσφαλὲς ἕκαστοι προύργου τιθέμενοι, τὰ τείχη
καθῄρουν μετὰ σπουδῆς. Ἐν ᾧ γὰρ ἅπαξ ὑπακούειν ἐδόκει, καὶ τὸ ταχέως
εἰργάσθαι προσλαβεῖν ἐφιλοτιμοῦντο. Οὕτω μὲν αἱ πόλεις αἱ περὶ Ἴβηρα
ποταμὸν μιᾶς ἡμέρας, ὑφ᾽ ἑνὸς στρατηγήματος, αὐταὶ τὰ τείχη τὰ ἑαυτῶν
καθῄρουν, καὶ Ῥωμαίοις ἐς τὸ μέλλον εὐέφοδοι γενόμεναι διέμειναν ἐς
πλεῖστον ἐπὶ εἰρήνης.
| [41] Alors des ambassades vinrent à lui de tous les côtés; il leur réclama
des otages. À chacune de leurs villes il envoya des lettres scellées, et
il chargea les porteurs de les remettre toutes le même jour : il avait fixé
le jour en calculant combien de temps elles prendraient pour arriver à la
ville la plus éloignée. Les lettres recommandaient aux magistrats de
toutes villes de démolir leurs murs le jour même de la réception. S'il y
avait un jour de retard, il menaçait de les vendre comme esclaves. Comme
ils avaient été récemment vaincus lors d'une grande bataille, et ne
sachant pas si ces ordres avaient été envoyés à eux seuls ou à tous, ils
étaient dans l'embarras, redoutant que s'ils étaient les seuls, d'être des
adversaires faibles pour les Romains mais si cela concernait les autres
aussi, ils craignaient d'être les seuls à tarder. Comme ils n'avaient pas
le temps de se concerter et que les soldats qui apportaient les lettres
les pressaient à obéir, ils décidèrent d'obéir, chaque ville ne pensant
qu'à sa propre sécurité. Et ainsi ils firent détruire leurs murs à toute
vitesse, parce que une fois qu'ils avaient décidé d'obéir ils pensaient
que ceux qui effectueraient le travail le plus rapidement recevraient le
plus de faveur. Aussi les villes située le long du fleuve Iberus (l'Èbre)
en un jour, et par un seul stratagème, démolirent leurs propres murs. A
partir de là, pouvant moins résister aux Romains, elles demeurèrent plus
longtemps en paix.
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