[40] Ὡς δὲ κατέπλευσε τῆς Ἰβηρίας ἐς τὸ καλούμενον Ἐμπόριον ὁ Κάτων, οἱ
μὲν πολέμιοι πάντοθεν ἐπ᾽ αὐτὸν ἐς τετρακισμυρίους ἀγηγέρατο, ὁ δ᾽ ἐπὶ μέν
τι τὴν στρατιὰν ἐγύμναζεν, ὡς δ᾽ ἔμελλε συνενεχθήσεσθαι μάχῃ, τὰς ναῦς ἃς
εἶχεν ἐς Μασσαλίαν ἀπέπεμψε, καὶ τὸν στρατὸν ἐδίδασκεν οὐ τοῦτο εἶναι
φοβερόν, ὅτι πλήθει προύχουσιν οἱ πολέμιοι (τὴν γὰρ εὐψυχίαν ἀεὶ τοῦ
πλέονος ἐπικρατεῖ), ἀλλ᾽ ὅτι νεῶν ἀποροῦμεν, ὡς οὐκ ἔχειν, εἰ μὴ
κρατοῖμεν, οὐδὲ σωτηρίαν. Ταῦτ᾽ εἰπὼν αὐτίκα συνέβαλεν, οὐκ ἐπελπίσας,
ὥσπερ ἕτεροι, τὸν στρατόν, ἀλλὰ φοβήσας. Γενομένης δ᾽ ἐν χερσὶ τῆς μάχης,
ἐς πάντα μετεπήδα παρακαλῶν καὶ παροξύνων. Ἀκρίτου δ᾽ αὐτῆς ἐς δείλην
ἑσπέραν ἔτι οὔσης, καὶ πολλῶν πιπτόντων ἑκατέρωθεν, ἔς τινα λόφον ὑψηλὸν
μετὰ τριῶν τάξεων ἐφέδρων ἀνέδραμε, τὸ ἔργον ὁμοῦ πᾶν ἐποψόμενος. Ὡς δὲ
εἶδε τοὺς μέσους τῶν ἰδίων μάλιστα ἐνοχλουμένους, ὥρμησεν ἐς αὐτοὺς
προκινδυνεύων, ἔργῳ τε καὶ βοῇ συνετάραξε τοὺς ἐχθρούς, καὶ πρῶτος κατῆρξε
τῆς νίκης. Διώξας τε νυκτὸς ὅλης ἐκράτησεν αὐτῶν τοῦ στρατοπέδου, καὶ
πολλοὺς ἀπέκτεινεν. Ἐπανιόντι δ᾽ ὡς ἡγεμόνι τῆς νίκης συνήδοντο
συμπλεκόμενοι. Καὶ μετὰ τοῦτο ἀνέπαυε τὴν στρατιάν, καὶ τὰ λάφυρα
ἐπίπρασκεν.
| [40] Quand Caton arriva en Espagne à l'endroit appelé Emporia, l'ennemi se
rassembla de toutes parts contre lui au nombre de 40.000. Il laissa passer
un petit moment pour discipliner ses forces. Comme il était sur le point
de combattre il renvoya les navires qu'il disposait à Marseille. Alors il
dit à ses soldats qu'ils n'avaient pas à craindre de la supériorité en
nombre de l'ennemi (le courage pouvait toujours surmonter le nombre), mais
le manque de leurs propres navires : c'est pourquoi il n'y avait aucune
sûreté pour eux à moins de remporter la victoire sur l'ennemi. Par ces
mots il n'inspirait pas, comme d'autres généraux, l'espoir à son armée
mais la crainte ; alors il commanda le combat. Durant la bataille il
allait ici et là pour encourager et exciter ses troupes. Comme le conflit
restait indécis jusqu'à la soirée et que beaucoup étaient tombés des deux
côtés, il monta une haute colline avec trois cohortes de réserve, où il
pouvait avoir regard sur l'entièreté du combat. Quand il vit que le centre
de ses propres lignes était en grande difficulté, il vint à leur secours,
s'exposant au danger, et rompit les rangs de l'ennemi par sa charge et ses
cris, et c'est à ce moment que débuta sa victoire. Il les poursuivit toute
la nuit, prit leur camp et en tua un grand nombre. A son retour les
soldats le félicitèrent comme auteur de la victoire. Après quoi il fit
reposer son l'armée et vendit le butin.
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