| [34] VI. Μετὰ δὲ τοῦθ᾽ ὁ μὲν Σκιπίων ἐς ἀρρωστίαν ἐνέπεσε, καὶ ὁ Μάρκιος 
αὐτῷ διῴκει τὸ στρατόπεδον· ὅσοι δὲ τῶν στρατιωτῶν ὑπ᾽ ἀσωτίας ἀναλώκεσαν 
τὰ πεπορισμένα, ἡγούμενοι τῶν μὲν πόνων οὐδὲν ἄξιον ηὑρῆσθαι παρὰ τὸ μηδὲν 
ἔχειν, σφετερίζεσθαι δ᾽ αὐτῶν τὰ ἔργα καὶ τὴν δόξαν Σκιπίωνα, ἀφίσταντο 
ἀπὸ τοῦ Μαρκίου καὶ ἐφ᾽ ἑαυτῶν ἐστρατοπέδευον. Ἔκ τε τῶν φρουρίων αὐτοῖς 
πολλοὶ συνέτρεχον, καὶ παρὰ Μάγωνός τινες ἀργύριον φέροντες ἔπειθον αὐτοὺς 
ἐς τὸν Μάγωνα μεταθέσθαι. Οἱ δὲ τὸ μὲν ἀργύριον ἔλαβον, στρατηγοὺς δ᾽ ἀπὸ 
σφῶν ἑλόμενοι καὶ ταξιάρχους, καὶ τἆλλα διακοσμηθέντες, ἐφ᾽ ἑαυτῶν 
ἐτάσσοντο καὶ συνώμνυον ἀλλήλοις. Πυθόμενος δ᾽ ὁ Σκιπίων ἐπέστελλεν ἐν 
μέρει μὲν τοῖς ἀφεστηκόσιν ὅτι διὰ τὴν νόσον αὐτοὺς οὐκ ἀμείψαιτό πω, ἐν 
μέρει δὲ τοῖς ἄλλοις, ἵνα μεταπείθωσιν αὐτοὺς πλανωμένους, κοινῇ δ᾽ ἅπασιν 
ἐπιστολὴν ἄλλην ὡς ἤδη συνηλλαγμένοις, ὅτι αὐτοὺς αὐτίκα ἀμείψεται. Καὶ 
ἐκέλευεν εὐθὺς ἥκειν ἐπὶ σῖτον ἐς Καρχηδόνα.
 | [34] CHAPITRE VII. 
 Ensuite Scipion tomba malade, c'est à Marcius qu'incomba le 
 commandement de l'armée. Certains soldats qui avaient dépensé tout ce 
 qu'ils avaient en vivant dans la prodigalité et qui, parce qu'ils 
 n'avaient plus rien, considéraient qu'ils n'avaient obtenu aucune 
 compensation convenable pour leurs durs travaux et que c'était Scipion qui 
 s'était approprié toute gloire de leurs exploits, se mutinèrent contre 
 Marcius, se retirèrent et installèrent leur propre camp. Beaucoup de 
 garnisons les rejoignirent. Des messagers vinrent les trouver de la part 
 de Magon : ils leur apportaient de l'argent et les invitaient à se rallier à 
 lui. Ils prirent l'argent, choisirent des généraux et des centurions parmi 
 eux, s'organisèrent, eurent leur propre discipline militaire, et 
 s'échangèrent des serments entre eux. Quand Scipion apprit cela, il envoya 
 des lettres aux mutins séparément leur disant que c'était à cause de sa 
 maladie qu'il n'avait pas encore pu les rémunérer pour leurs services. Il 
 en invita d'autres à discuter avec leurs camarades et les faire revenir 
 sur leurs décisions. Il envoya également une lettre commune à tous 
 soldats, comme si la réconciliation était déjà faite, en leur disant que 
 sous peu  il leur payerait ce qu'ils leur devait, et leur disant de venir 
 à la Nouvelle Carthage pour chercher des vivres. 
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