| [27] Ἀσδρούβας δὲ καὶ Μάγων καὶ Μασσανάσσης, ἐπιόντος αὐτοῖς τοῦ Σκιπίωνος 
ἄφνω σταδίων ὄντων ἐν μέσῳ δέκα μόνων, ἄσιτον οὖσαν ἔτι τὴν στρατιὰν 
ὥπλιζον μετὰ σπουδῆς καὶ θορύβου καὶ βοῆς. Γενομένης δ᾽ ὁμοῦ πεζομαχίας τε 
καὶ ἱππομαχίας, οἱ μὲν ἱππεῖς οἱ τῶν Ῥωμαίων ἐκράτουν ὑπὸ τῆς αὐτῆς 
μηχανῆς, ἀμεταστρεπτὶ τοὺς Νομάδας διώκοντες, ὑποχωρεῖν εἰθισμένους καὶ 
ἐπελαύνειν· οἷς τὰ ἀκόντια διὰ τὴν ἐγγύτητα οὐδὲν ἦν ἔτι χρήσιμα· οἱ πεζοὶ 
δ᾽ ἐπονοῦντο ὑπὸ τοῦ πλήθους τῶν Λιβύων, καὶ ἡττῶντο δι᾽ ὅλης ἡμέρας. Οὐδὲ 
τοῦ Σκιπίωνος αὐτοὺς ἐπιθέοντός τε καὶ παρακαλοῦντος μετετίθεντο, μέχρι 
τὸν ἵππον Σκιπίων τῷ παιδὶ παραδούς, καὶ παρά τινος ἀσπίδα λαβών, 
ἐξέδραμεν ὡς εἶχε μόνος ἐς τὸ μεταίχμιον, κεκραγώς, « Ἐπικουρεῖτε, ὦ 
Ῥωμαῖοι, κινδυνεύοντι ὑμῶν τῷ Σκιπίωνι. » Τότε γὰρ οἱ μὲν ἐγγὺς ὁρῶντες οἷ 
κινδύνου φέρεται, οἱ δὲ πόρρω πυνθανόμενοι, καὶ πάντες ὁμοίως αἰδούμενοί 
τε καὶ περὶ τῷ στρατηγῷ δεδιότες, ἐσέδραμον ἐς τοὺς πολεμίους μετ᾽ 
ἀλαλαγμοῦ καὶ βίας, ἣν οὐκ ἐνεγκόντες οἱ Λίβυες ἐνέδωκαν, ἐπιλειπούσης 
αὐτοὺς ἅμα τῆς δυνάμεως ὑπὸ τῆς ἀσιτίας περὶ ἑσπέραν· καὶ πολὺς αὐτῶν δι᾽ 
ὀλίγου τότε φόνος ἐγίγνετο. Τοῦτο μὲν δὴ τέλος ἦν Σκιπίωνι τῆς περὶ 
Καρμώνην μάχης, ἐπισφαλοῦς ἐς πολὺ γενομένης. Ἀπέθανον δ᾽ ἐν αὐτῇ Ῥωμαίων 
μὲν ὀκτακόσιοι, τῶν δὲ πολεμίων μύριοι καὶ πεντακισχίλιοι.
 | [27] Hasdrubal, Magon et Masinissa, alors que Scipion venait sur eux 
 inopinément, étant seulement éloignés de dix stades et que leurs soldats 
 n'avaient pas encore pris leur repas, rassemblèrent leurs forces dans la 
 hâte, au milieu de la confusion et du tumulte. La bataille s'engagea avec 
 la cavalerie et l'infanterie, les cavaliers romains l'emportaient sur 
 l'ennemi par la même tactique que précédemment, en ne donnant aucun 
 sursis  aux Numides (qui étaient accoutumées à se retirer et à faire demi-tour), 
 et de ce fait en rendant leurs flèches sans effet en raison de leur 
 proximité. L'infanterie était  fort accablée par un grand nombre 
 d'Africains et eut le dessous pendant toute la journée, et Scipion ne 
 pouvait courir vers eux, bien qu'il les encourageât tout le temps. 
 Finalement, donnant la responsabilité de son cheval à un garçon, et seul 
 se saisissant du bouclier d'un soldat, il  se précipita entre les deux 
 armées, en criant : « Romains, sauvez votre Scipion en danger. » Ceux qui 
 étaient près virent dans quel danger il se trouvait, et ceux qui étaient 
 éloignés l'entendirent, et tous ensemble furent pris de honte et de 
 crainte pour la sûreté de leur général : ils chargèrent furieusement 
 l'ennemi, poussant de hauts cris. Les Africains ne purent résister à cette 
 charge. Ils reculèrent, car leur force diminuait par manque de nourriture 
 (ils n'en avaient eu aucune de toute la journée). Puis, en peu de temps, ce 
 fut un carnage terrible. Telle fut la victoire de Scipion lors de la 
 bataille de Carmone, bien qu'elle fût pendant longtemps indécise. Les pertes 
 romaines furent de 800 hommes ; celles de l'ennemi de 15.000. 
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