[5,90] Οἰμωγαί τε ἀνὰ τὴν νύκτα πᾶσαν ἦσαν καὶ τῶν οἰκείων μετακλήσεις ἀνά
τε τὴν γῆν διαθεόντων καὶ τοὺς ἐν τῇ θαλάσσῃ καλούντων ἐξ ὀνόματος καὶ
θρηνούντων, ὅτε μὴ ἐπακούσειαν, ὡς ἀπολωλότας· ἔμπαλίν τε ἑτέρων ἀνὰ τὸ
πέλαγος ὑπερκυπτόντων τὸ κῦμα καὶ ἐς βοήθειαν τοὺς ἐν τῇ γῇ παρακαλούντων.
Ἀμήχανα δὲ πάντα ἦν ἑκατέροις· καὶ οὐχ ἡ θάλασσα μόνη τοῖς ἐς αὐτὴν
ἐσελθοῦσιν καὶ ὅσοι τῶν νεῶν ἐπεβεβήκεσαν ἔτι, ἀλλὰ καὶ ἡ γῆ τοῦ κλύδωνος
οὐχ ἧσσον ἦν ἀπορωτέρα, μὴ σφᾶς τὸ κῦμα συναράξειεν ἐπὶ τὰς πέτρας.
Ἐμόχθουν τε χειμῶνι τῶν πώποτε μάλιστα καινοτρόπῳ, γῆς ὄντες ἀγχοτάτω καὶ
τὴν γῆν δεδιότες καὶ οὔτε ἐκφυγεῖν αὐτὴν ἔχοντες ἐς τὸ πέλαγος οὔτε ὅσον
ἀλλήλων διαστῆναι· ἡ γὰρ στενότης ἡ τοῦ χωρίου καὶ τὸ φύσει δυσέξοδον
αὐτοῦ καὶ κλύδων ἐπιπεσὼν καὶ τὸ πνεῦμα, ὑπὸ τῶν περικειμένων ὀρῶν ἐς
θυέλλας περικλώμενον, καὶ ὁ τοῦ βυθοῦ σπασμὸς ἐπὶ πάντα εἱλούμενος οὔτε
μένειν οὔτε φεύγειν ἐπέτρεπε· τό τε σκότος ἠνώχλει νυκτὸς μάλιστα
μελαίνης· ὅθεν ἔθνῃσκον οὐδὲ καθορῶντες ἀλλήλους ἔτι, οἱ μὲν θορυβούμενοι
καὶ βοῶντες, οἱ δ' ἐφ' ἡσυχίας παριέμενοι καὶ τὸ δεινὸν ἐκδεχόμενοι καὶ
συνεργοῦντες ἐς αὐτὸ ἔνιοι ὡς ἀπολούμενοι πάντως. Γενόμενον γὰρ τὸ κακὸν
κρεῖσσον ἐπινοίας καὶ τὴν ἐκ τῶν παραλόγων αὐτοὺς ἐλπίδα ἀφῃρεῖτο, μέχρι
ποτὲ ἄφνω τὸ πνεῦμα προσιούσης ἡμέρας διελύετο καὶ μεθ' ἡλίου ἐπιτολὴν
πάμπαν ἐμαραίνετο. Καὶ τὸ κῦμα ὅμως καὶ τότε, τοῦ πνεύματος ἐκλυθέντος,
ἐπὶ πολὺ ἐτραχύνετο. Καὶ τὸ δεινὸν οὐδ' ὑπὸ τῶν ἐγχωρίων ποτὲ τηλικοῦτον
ἐμνημονεύετο γενέσθαι· γενόμενον δὲ ἔθους τε καὶ νόμου κρεῖσσον διέφθειρε
τῶν Καίσαρος νεῶν καὶ ἀνδρῶν τὸ πλέον.
| [5,90] Des gémissements se firent entendre toute la nuit, ainsi que les cris
des hommes qui couraient le long du rivage et appelaient de leur nom leurs
amis et leurs parents qui se trouvaient en mer, et ceux qui pleuraient les
croyant perdus quand ils ne pouvaient entendre aucune réponse ; et les
cris anonymes d'autres soulevant leurs têtes au-dessus des vagues et
suppliant ceux qui se trouvaient sur le rivage de leur venir en aide On
ne put rien faire sur terre ou dans l'eau. La mer était inexorable pour
ceux qu'elle engloutissait, comme pour ceux qui étaient toujours dans les
navires, mais le danger de la tempête était presque aussi grand sur terre
: on craignait la vague déferlante qui se précipitait contre les rochers.
Ils subissaient cette tempête la pire de toutes qu'ils aient connues :
ceux qui étaient les plus proches de la terre craignaient la terre, et ils
ne pouvaient la fuir par la mer sans entrer en collision les uns avec les
autres, à cause de l'étroitesse de l'endroit et de la sortie naturellement
difficile, ainsi qu'à cause de la force des vagues, des tourbillons du
vent, provoqués par les montagnes environnantes, et le tourbillon de la
mer, emportant tout sur son passage, ne permettait ni de rester ni de
fuir. L'obscurité d'une nuit très noire augmentait leur détresse. C'est
ainsi qu'ils périrent, ne pouvant plus se voir, quelques uns poussant des
cris confus, d'autres finissant par se taire, acceptant leur sort
malheureux, certain aussi accélérant celui-ci, croyant qu'ils étaient de
toute façon perdus. Le désastre surpassait tellement leur expérience qu'il
les privait de l'espoir de se sauver eux-mêmes même par hasard.
Finalement, à l'approche du jour, le vent soudainement faiblit, et après
le lever du soleil il cessa complètement ; mais même alors, bien que le
vent soit tombé, les vagues continuèrent un long moment. La fureur de la
tempête surpassa tout ce qu'avaient connu les habitants les plus âgés.
C'était tout à fait exceptionnel et la plus grande partie de la flotte
d'Octave et de ses hommes furent détruits par celle-ci.
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