[5,71] Μοῦρκος μὲν δὴ τεθνήκει, τῶν δ' ἄλλων τὸν Πομπήιον ἐς τὰς διαλύσεις
ἐπειγόντων καὶ τὸν Μηνόδωρον διαβαλλόντων ἐς φιλαρχίαν ὡς οὐκ εὐνοίᾳ τοῦ
δεσπότου μᾶλλον ἢ ὅπως αὐτὸς ἄρχοι στρατοῦ καὶ χώρας ἐνιστάμενον, ἐνδοὺς ὁ
Πομπήιος ἐς τὴν Αἰναρίαν διέπλει ναυσὶ πολλαῖς ἀρίσταις, ἑξήρους λαμπρᾶς
ἐπιβεβηκώς. Καὶ Δικαιάρχειαν μὲν οὕτω σοβαρῶς παρέπλευσε περὶ ἑσπέραν,
ἐφορώντων τῶν πολεμίων· ἅμα δὲ ἕῳ, καταπηχθέντων σταυρῶν ἐξ ὀλίγου
διαστήματος ἐν τῇ θαλάσσῃ, σανίδες τοῖς σταυροῖς ἐπετέθησαν, καὶ διὰ τῶνδε
τῶν καταστρωμάτων ὁ μὲν Καῖσαρ καὶ ὁ Ἀντώνιος παρῆλθον ἐς τὸ πρὸς τῇ γῇ
πεποιημένον, ὁ δὲ Πομπήιος καὶ ὁ Λίβων ἐς τὸ πελαγιώτερον, ὀλίγου ῥεύματος
αὐτοὺς διείργοντος μὴ κεκραγότας ἀλλήλων ἀκούειν. Ἐπεὶ δὲ ὁ μὲν Πομπήιος
ἐπὶ κοινωνίᾳ τῆς ἀρχῆς ἥκειν ᾤετο ἀντὶ Λεπίδου, οἱ δὲ ὡς κάθοδον αὐτῷ
δώσοντες μόνην, τότε μὲν ἐπ' οὐδενὶ ἔργῳ διεκρίθησαν, διαπομπαὶ δὲ συχναὶ
τῶν φίλων ἦσαν ἐπὶ ποικίλαις ἑκατέρων προκλήσεσιν. ᾜτει δ' ὁ Πομπήιος τῶν
προγεγραμμένων τε καὶ οἷ συνόντων τοῖς μὲν ἀνδροφόνοις Γαΐου Καίσαρος
φυγὴν ἄδολον, τοῖς δὲ λοιποῖς κάθοδόν τε ἔντιμον καὶ τὰς οὐσίας, ἃς
ἀναλώκεσαν. Ἐπειγόμενοι δὲ ἐς τὰς συμβάσεις ὑπό τε τοῦ λιμοῦ καὶ ὑπὸ τοῦ
δήμου, ἐς τὸ τέταρτον μόλις ἐνεδίδουν ὡς ὠνησόμενοι παρὰ τῶν ἐχόντων· καὶ
τοῖς προγεγραμμένοις αὐτοῖς περὶ τούτων ἐπέστελλον, ἐλπίζοντες αὐτοῖς
αὐτοὺς ἀγαπῆσειν. Οἱ δὲ ἐδέχοντο πάντα, ἐπεὶ καὶ Πομπήιον αὐτὸν
ἐδεδοίκεσαν ἤδη διὰ τὸ Μούρκου μύσος· καὶ προσιόντες τῷ Πομπηίῳ συνθέσθαι
παρεκάλουν, ὅτε καὶ τὴν ἐσθῆτα κατερρήξατο ὁ Πομπήιος ὡς καὶ τῶνδε
προδιδόντων αὑτόν, ὧν προμάχεται, καὶ θαμινὰ τὸν Μηνόδωρον ὡς στρατηγικὸν
καὶ μόνον εὔνουν ἀνεκάλει.
| [5,71] Les autres amis de Pompée le pressaient de faire la paix, et ils
accusaient Menodorus de rechercher le pouvoir et de s'opposer à la paix
pas tellement pour plaire à son maître que par désir de commander une
armée et une province. Pompée prit une résolution et fit voile pour AEnaria
avec un grand nombre de ses meilleurs vaisseaux, s'embarquant lui même sur
un navire à six rangs de rames. Ainsi équipé, vers le soir, il fit voile
fièrement vers Puteoli pour rencontrer ses ennemis. Tôt le matin les deux
partis enfoncèrent des pieux en mer à courte distance les uns des autres,
et des planches y furent clouées. Sur la plateforme qui se trouvait près
du rivage Octave et Antoine prirent place, alors que Pompée et Libo
occupaient celle qui se trouvait au large, un petit espace d'eau les
séparait, mais cela n'empêchait pas qu'on puisse s'entendre sans crier.
Pompée pensait qu'on l'avait fait venir pour participer au gouvernement à
la place de Lépide, alors que les autres n'acceptaient que son retour
d'exil. Ils se séparèrent alors sans avoir obtenu de résultats. Néanmoins,
des négociations continuèrent par l'intermédiaire de leurs amis, qui
firent chacun des propositions. Pompée exigeait que parmi les proscrits et
ceux qui l'accompagnaient, ceux qui avaient participé au meurtre de Caius
César puissent s'exiler en toute sécurité, et que les autres puissent
rentrer chez eux, et que les biens qu'ils avaient perdus leur soient
rendus. Poussés par la famine et par le peuple à un accord, Octave et
Antoine, à contre-coeur, concédèrent le quart des biens, promettant de les
racheter à leurs propriétaires actuels. Ils écrivirent à cet effet aux
proscrits eux-mêmes, espérant que cela les satisferait. Ces derniers
acceptèrent tous les termes, parce qu'ils se méfiaient à ce moment de
Pompée à cause de son crime contre Murcus. Ainsi ils se réunirent autour
de Pompée et l'invitèrent à signer l'accord. Pompée déchira ses vêtements,
disant qu'il était trahi par ceux pour qui il avait combattu, et il invoquait
fréquemment le nom de Menodorus comme son commandant le plus
compétent et son seul ami.
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