[5,45] Τοιαῦτα δὲ εἰπόντος τοῦ Λευκίου καὶ σιωπήσαντος ὁ Καῖσαρ ἔλεξεν· «
ἄσπονδον μέν σε κατιόντα πρὸς ἐμὲ ὁρῶν, ὦ Λεύκιε, ὑπήντησα τῶν ἐμῶν
ἐρυμάτων ἔτι ἐκτὸς ὄντι κατὰ σπουδήν, ἵνα ἔτι κύριος ὢν σεαυτοῦ βουλεύοιο
καὶ λέγοις καὶ πράττοις, ἃ νομίζεις σοι συνοίσειν. Ἐπεὶ δ', ὅπερ ἐστὶ τῶν
ἀδικεῖν ὁμολογούντων, σαυτὸν ἡμῖν ἐπιτρέπεις, οὐδὲν ἔτι δέομαι διελέγχειν,
ὅσα σὺν τέχνῃ μου κατεψεύσω. Ἐξ ἀρχῆς δέ με βλάψειν ἑλόμενος καὶ νῦν
ἔβλαψας. Σπονδὰς γάρ μοι τιθέμενος ἔτυχες ἂν ἠδικημένου καὶ νενικηκότος·
ἄσπονδον δὲ σαυτόν τε καὶ τοὺς φίλους ἐπιτρεπων ἡμῖν καὶ τὸν στρατόν,
ἀφαιρῇ μὲν πᾶσαν ὀργήν, ἀφαιρῇ δὲ καὶ τὴν ἐξουσίαν, ἣν σπενδόμενος ἂν
ἔδωκας ὑπ' ἀνάγκης. Συμπέπλεκται γὰρ οἷς ἄξιον ὑμᾶς παθεῖν, τὸ προσῆκον ὧν
ἐμὲ δίκαιόν ἐστι ποιεῖν· ὃ δὴ προτιμήσω διά τε τοὺς θεοὺς καὶ δι' ἐμαυτὸν
καὶ διὰ σέ, ὦ Λεύκιε, καὶ οὐ ψεύσω σε τῆς προσδοκίας, ἣν ἔχων περὶ ἐμαυτοῦ
κατελήλυθας. »
Ταῦτα μὲν ἔλεξαν ἀλλήλοις, ὡς ἐκ τῶν ὑπομνημάτων ἦν ἐς τὸ δυνατὸν τῆσδε
τῆς φωνῆς μεταβαλεῖν τεκμαιρομένῳ τῆς γνώμης τῶν λελεγμένων. Καὶ
διεκρίθησαν, ὁ μὲν Καῖσαρ ἐν ἐπαίνῳ καὶ θαύματι τὸν Λεύκιον ἔχων, οὐδὲν ὡς
ἐν συμφοραῖς ἀγεννὲς οὐδ' ἀσύνετον εἰπόντα, ὁ δὲ Λεύκιος τὸν Καίσαρα τοῦ
τε ἤθους καὶ βραχυλογίας. Οἱ λοιποὶ δ' ἐτεκμαίροντο τῶν εἰρημένων ἐκ τῆς
ὄψεως ἑκατέρων.
| [5,45] Après ces parole Lucius se tut, et Octave dit : « Quand je t'ai vu,
Lucius, approcher sans aucune garantie je me suis empressé de venir à ta
rencontre alors que tu te tenais immobile hors de mes retranchements, afin
que tu aies confiance en toi et que tu puisses dire ou faire au mieux de
tes intérêts. Puisque tu te livres à moi (ainsi qu'on le fait normalement
quand on reconnaît ses erreurs), il n'est pas nécessaire que je me mette à
discuter les accusations fausses que tu as portées contre moi avec
tellement d'habileté. Tu as commencé par me blesser et tu continues à le
faire. Si tu avais voulu conclure maintenant un traité, tu aurais traité
avec un vainqueur à qui tu as fait du tort. Mais comme tu te rends toi,
tes amis et ton armée sans conditions, tu m'enlèves non seulement tout
ressentiment, mais aussi le pouvoir que, lors des négociations pour un
traité, tu m'aurais nécessairement donné. Je mets dans la balance non
seulement ce que toi et tes amis devriez subir mais aussi ce que je dois faire
en tant qu'homme juste. Je prendrai en compte uniquement ce dernier
point en considération pour les dieux, pour mon propre intérêt et pour le
tien, Lucius, et je ne décevrai pas les espoirs que tu avais en venant me voir. »
Voilà la relation de ce qu'ils se sont dit, d'après ce qu'on peut
retirer de ceux qui ont écrit des mémoires et la traduction de ceux-ci en
notre langue. Ils se séparèrent alors, et Octave loua et remercia Lucius
parce qu'il n'avait rien dit de grossier ou d'inconsidéré (ce qui arrive
souvent dans l'adversité), et Lucius admira Octave pour sa douceur et pour
l'économie de ses paroles. Les autres surent ce qui s'était dit par la
mine des deux interlocuteurs.
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