[4,94] « Ἔδει δὲ τὴν μὲν γνώμην γενέσθαι τῶν ἀρίστων, τὸ δὲ
ἔργον ὀλίγων. Ἐπεὶ δὲ ἐγένετο, αὐτίκα ἡ βουλὴ τὴν κοινὴν
γνώμην ἐξέφηνε, σαφῶς μὲν ὅτε καὶ γέρα τυραννοκτονικὰ
ἐψηφίζοντο εἶναι· ἐπισχόντος δὲ αὐτοὺς Ἀντωνίου καθ'
ὑπόκρισιν ἀταξίας καὶ οὐδ' ἡμῶν ἀξιούντων διὰ γέρα τῇ πόλει
μᾶλλον ἢ δι' αὐτὴν τὴν πατρίδα βοηθεῖν, τοῦδε μὲν ἀπέσχοντο,
οὐκ ἐθέλοντες ἐφυβρίζειν τῷ Καίσαρι, ἀλλὰ μόνης τῆς
τυραννίδος ἀπηλλάχθαι, ἀμνηστίαν δὲ ἁπάντων ἐψηφίσαντο
εἶναι καὶ σαφέστερον ἔτι, φόνου μὴ εἶναι δίκας. Καὶ μετὰ μικρόν,
Ἀντωνίου τὸ πλῆθος ἐφ' ἡμῖν δημοκοπήσαντος, ἡ βουλὴ καὶ
ἀρχὰς ἐθνῶν τῶν μεγίστων καὶ ἡγεμονίας ἔδοσαν ἡμῖν καὶ γῆς
ἀπέφηναν ἡγεῖσθαι πάσης ἀπὸ τοῦ Ἰονίου μέχρι Συρίας,
πότερον ὡς ἐναγεῖς κολάζοντες ἢ ὡς ἀνδροφόνους πορφύρᾳ τε
ἱερᾷ καὶ ῥάβδοις καὶ πελέκεσι περικοσμοῦντες; ᾯ λόγῳ καὶ
Πομπήιον τὸν νέον, οὐδὲν μὲν ἐς ταῦτα συνειργασμένον, ὅτι δὲ
μόνον Πομπηίου Μάγνου τοῦ πρώτου περὶ τῆς δημοκρατίας
ἀγωνισαμένου παῖς καὶ ὅτι μικρὰ τὴν τυραννίδα ἠνώχλει
λανθάνων περὶ Ἰβηρίαν, κατεκάλεσέ τε ἐκ τῆς φυγῆς καὶ τὸ
τίμημα αὐτῷ τῶν πατρῴων ἐκ τῶν κοινῶν ἔκριναν ἀποδοῦναι
χρημάτων καὶ θαλασσοκράτορα ἀπέφηναν, ἵνα κἀκεῖνος ἀρχήν
τινα ἔχοι δημοκρατικὸς ὤν. Τί δὴ πλέον ἔργον ἔτι τῆς βουλῆς ἢ
σύμβολον ἐπιζητεῖτε τοῦ κατὰ γνώμην αὐτῆς πάντα πεπρᾶχθαι,
πλὴν ἢ λόγῳ μόνον ὑμῖν ἔτι ὁμολογῆσαι; Ὃ καὶ αὐτὸ πράξουσι
καὶ ἐροῦσι καὶ λέγοντες ἅμα ὑμᾶς ἀμείψονται μεγάλαις δωρεαῖς,
ὅταν εἰπεῖν καὶ ἀμείψασθαι δύνωνται.
| [4,94] "La décision devait être prise par les hommes les meilleurs,
mais le travail exécuté par quelques uns. Quand cela fut
terminé le sénat exprima clairement sa totale approbation en
proposant des récompenses aux tyrannicides. Mais comme
Antoine les en empêcha sous prétexte que cela mènerait au
désordre, et comme il n'était pas de notre intention de porter
secours à Rome pour une récompense, mais seulement pour
l'amour de la patrie, les sénateurs se sont abstenus, ne
souhaitant pas insulter César, mais se débarrasser seulement
de la tyrannie. Ainsi ils votèrent l'amnistie pour tous, et on
décréta plus particulièrement qu'il n'y aurait aucune poursuite
pour le meurtre. Ensuite, lorsqu'Antoine excita la foule contre
nous, le sénat nous donna le commandement des plus
grandes provinces et des armées, et ordonna à tous les pays
entre la Syrie et l'Adriatique de nous obéir. En faisant cela
nous ont-ils punis comme des monstres, ou nous ont-ils plutôt
distingués comme tyrannicides avec le pourpre royal et avec
les faisceaux et les haches? C'est pour la même raison que le
sénat a rappelé d'exil Pompée le cadet (il n'avait rien à voir
dans cette conspiration) parce qu'il était le seul fils de Pompée
le Grand, qui prit la première fois les armes pour défendre la
république, et parce que le jeune homme s'était quelque peu
opposé à la tyrannie en temps que citoyen privé en Espagne. Il
a fait voter un décret de lui payer, sur les fonds publics, la
valeur de la propriété de son père, et elle l'a nommé amiral
pour qu'il ait un commandement parce qu'il était du côté de la
république. Que pourrait-on demander de plus au sénat
comme actes ou signe pour prouver que tout a été fait avec
leur approbation, sauf de vous le dire de vive voix? Mais ils le
feront et le diront, et en le disant ils vous rembourseront avec
les cadeaux magnifiques, quand ils pourront parler et vous répondre.
|