[4,123] Τῷ δὲ αὐτῷ μὲν ἔγνωστο τὰ ἀπ' ἀρχῆς, καὶ μᾶλλον ἔτι
πυνθανομένῳ περί τε τοῦ λιμοῦ καὶ περὶ τῇς κατὰ τὸν Ἰόνιον
εὐπραξίας καὶ τῶν πολεμίων ὁρῶντι τὴν ἐκ τῆς ἀπορίας
ἀπόνοιαν· καὶ ᾑρεῖτο πολιορκίας καὶ ἄλλου παντὸς ἀνέχεσθαι,
μᾶλλον ἢ ἐς χεῖρας ἰέναι ἀνδράσιν ἐπειγομένοις ὑπὸ λιμοῦ, καὶ
ἀπογινώσκουσιν ἐκ τῶν ἄλλων ἑαυτοὺς καὶ ἐν μόναις ταῖς χερσὶ
τὴν ἐλπίδα ἔχουσιν. Ὁ δὲ στρατὸς οὐχ ὁμοίως εἶχεν ὑπὸ
ἀφροσύνης, ἀλλ' ἐδυσφόρουν γυναικῶν τρόπον ἔνδον μετὰ
ἀπραξίας καὶ φόβου κατακεκλεισμένοι. Ἐδυσχέραινον δὲ καὶ οἱ
ἡγεμόνες αὐτῶν, ἐπαινοῦντες μὲν τὸ ἐνθύμημα τοῦ Βρούτου,
νομίζοντες δὲ καὶ θᾶσσον ἐπικρατήσειν τῶν πολεμίων μετὰ
προθύμου στρατοῦ. Αἴτιον δὲ τούτων ἦν αὐτὸ τὸ Βροῦτον
ἐπιεικῆ καὶ φιλόφρονα ἐς ἅπαντας εἶναι καὶ ἀνόμοιον Κασσίῳ,
αὐστηρῷ καὶ ἀρχικῷ περὶ πάντα γεγενημένῳ· ὅθεν ἐκείνῳ μὲν
ἐξ ἐπιτάγματος ὑπήκουον, οὐ παραστρατηγοῦντες οὐδὲ τὰς
αἰτίας μανθάνοντες οὐδὲ εὐθύνοντες, ὅτε καὶ μάθοιεν, Βρούτῳ
δὲ οὐδὲν ἄλλ' ἢ συστρατηγεῖν ἠξίουν διὰ πραυυτητα. Τέλος δὲ
τοῦ στρατοῦ φανερώτερον ἤδη κατὰ ἴλας καὶ κατὰ συστάσεις
διαπυνθανομένου· « τί κατέγνωκεν ἡμῶν ὁ στρατηγός; Τί
ἔναγχος ἡμάρτομεν οἱ νικήσαντες, οἱ διώξαντες, οἱ τοὺς καθ'
ἡμᾶς πολεμίους κατακανόντες, οἱ τὸ στρατόπεδον αὐτῶν
ἑλόντες; » Βροῦτος ἑκὼν ἠμέλει καὶ ἐς ἐκκλησίαν οὐ συνῆγε, μὴ
ἀπρεπέστερον ὑπὸ τοῦ πλήθους ἀλογίστως ἐκβιασθείη, καὶ
μάλιστα μισθοφόρων, οἷς ἐστιν αἰεί, καθὰ καὶ τοῖς εὐχερέσιν
οἰκέταις ἐς ἑτέρους δεσπότας, ἐλπὶς ἐς σωτηρίαν ἡ ἐς τὸ
ἀντίπαλον μεταβολή.
| [4,123] Mais Brutus gardait son idée première, et d'autant plus
parce qu'il était au courant de la famine et de son propre
succès en Adriatique, et du désespoir de l'ennemi par manque
d'approvisionnements. Il préféra supporter un siège, ou toute
autre chose plutôt qu'engager le combat contre des hommes
mourant de faim, et dont les espoirs reposaient uniquement sur
un combat parce qu'ils n'avaient que cette possibilité là. Ses
soldats, cependant, sans réfléchir, avaient une opinion
différente. Ils supportaient mal d'être enfermés, oisifs et lâches,
comme des femmes, dans leurs fortifications. Leurs officiers
aussi, bien qu'approuvant la conception de Brutus, étaient
vexés, pensant que, avec la colère présente de l'armée, ils
pourraient battre l'ennemi plus rapidement. Brutus lui-même
était la cause de ces murmures, à cause de son caractère
doux et gentil - ce n'était pas le cas de Cassius, qui était
austère et impérieux en toute circonstance, raison pour
laquelle l'armée lui obéissait immédiatement, sans mettre en
doute ses ordres, et ne les critiquant pas quand ils les avaient
reçus. Mais dans le cas de Brutus ils n'attendaient rien d'autre
que de partager le commandement avec lui à cause de la
douceur de son caractère. C'est pourquoi les soldats
commencèrent de plus en plus à se rassembler en
compagnies et en groupes et à se demander les uns aux
autres : "Pourquoi notre général nous accuse-t-il? En quoi
l'avons-nous offensé récemment - nous qui avons battu
l'ennemi et l'avons mis en fuite; nous qui avons renversé ceux
qui s'opposaient à nous et qui avons pris leur camp?" Brutus
ne fit pas attention à ces murmures et ne convoqua pas
d'assemblée, de peur de devoir changer de position,
contrairement à sa dignité, par une multitude irréfléchie, et
particulièrement par les mercenaires, qui, comme les esclaves
versatiles cherchant de nouveaux maîtres, mettent tous leurs
espoirs de sécurité en désertant à l'ennemi.
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