[4,10] « Κἀκεῖνοι μὲν τοσάσδε πολιτῶν μυριάδας ἡμῖν
συναπώλλυον, οὔτε θεῶν νέμεσιν οὔτε φθόνον ἀνθρώπων
ὑφορώμενοι· ἡμεῖς δὲ πλήθει μὲν οὐδενὶ χαλεπανοῦμεν οὐδὲ
τοὺς ἐχθροὺς ἐπιλεξόμεθα πάντας, ὅσοι διηνέχθησαν ἡμῖν ἢ
ἐπεβούλευσαν, οὐδὲ ἐκ πλούτου πάντως ἢ περιουσίας ἢ
ἀξιώσεως οὐδ' ὅσους ἕτερος πρὸ ἡμῶν αὐτοκράτωρ ἔκτεινε,
τὴν πόλιν κἀκεῖνος ἐν ἐμφυλίοις καθιστάμενος, ὃν Εὐτυχῆ
προσείπατε δι' εὐπραξίαν, καίπερ ἀνάγκης οὔσης τρισὶ πλέονας
ἐχθροὺς ἢ ἑνὶ εἶναι. Ἀλλὰ μόνους δὴ τοὺς φαυλοτάτους τε καὶ
πάντων αἰτιωτάτους ἀμυνούμεθα. Καὶ τόδε δι' ὑμᾶς οὐχ ἧσσον
ἡμῶν· ἀνάγκη μὲν γὰρ ἡμῶν διαφερομένων ὑμᾶς πάντας ἐν
μέσῳ δεινὰ πάσχειν, ἀνάγκη δέ τι καὶ τῷ στρατῷ γενέσθαι
παραμύθιον ὑβρισμένῳ τε καὶ παρωξυμμένῳ καὶ πολεμίῳ πρὸς
τῶν κοινῶν ἐχθρῶν ἀναγεγραμμένῳ. Δυνηθέντες δ' ἄν, οὓς
ἔγνωμεν, ἐξ ἐφόδου συλλαβεῖν, αἱρούμεθα προγράψαι μᾶλλον
ἢ ἀγνοοῦντας ἔτι συλλαβεῖν· καὶ τόδε δι' ὑμᾶς, ἵνα μὴ ἐπὶ τοῖς
ὁπλίταις ᾖ διωργισμένοις πλεονάζειν ἐς τοὺς ἀνευθύνους, ἀλλὰ
ἀπηριθμημένους καὶ ὡρισμένους ἔχοντες ὀνομαστὶ τῶν ἄλλων
κατὰ πρόσταγμα ἀπέχωνται.
| [4,10] "Combien de citoyens n'ont-ils pas, de leur côté,
condamnés à mort avec nous, sans tenir compte de la
vengeance des dieux et de la réprobation de l'humanité! Nous
ne traiterons pas durement l'ensemble, et nous ne
considérerons pas comme ennemis tous ceux qui se sont
opposés à nous ou ont comploté contre nous, ou tous ceux qui
se distinguent simplement par leurs richesses, leurs biens ou
leur position élevée; nous ne massacrerons pas autant qu'un
autre homme qui avait le pouvoir suprême avant nous, quand
lui, aussi, commandait l'Etat lors de guerres civiles, et que vous
avez appelé Felix à cause de son succès; mais il est évident
que trois personnes ont plus d'ennemis qu'une seule. Nous
nous vengerons seulement des plus mauvais et des plus
coupables. Nous le ferons autant pour votre intérêt que pour le
nôtre, parce que, aussi longtemps que nous restons en conflit,
vous encourrez les plus grands dangers, et il est nécessaire
pour nous aussi de faire quelque chose pour calmer l'armée,
qui a été insultée, offensée, et décrétée ennemi public par nos
ennemis communs. Bien que nous puissions arrêter sur place
ceux que que nous avons décidé de punir, nous préférons les
proscrire plutôt que de saisir des gens qui ne s'y attendent pas;
et ceci aussi avec votre accord, pour que des soldats enragés
n'en arrivent à outrepasser les ordres contre des personnes
non responsables, mais que, limités à un certain nombre de
personnes désignées par leur nom, ils épargnent les autres
selon l'ordre reçu.
|