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[1,53] 53. Καικίλιος δ' αὐτῷ Μέτελλος ἐπελθὼν ἐπὶ τὴν στρατηγίαν διάδοχος,
ἐς Ἰάπυγας ἐμβαλὼν ἐκράτει καὶ ὅδε μάχῃ τῶν Ἰαπύγων. Καὶ Ποπαίδιος,
ἄλλος τῶν ἀφεστώτων στρατηγός, ἐνταῦθα ἔπεσεν· οἱ δὲ λοιποὶ
σποράδην ἐς τὸν Καικίλιον διέφυγον. Καὶ τάδε μὲν ἦν περὶ τὴν Ἰταλίαν
ἀμφὶ τὸν συμμαχικὸν πόλεμον, ἀκμάσαντα δὴ μάλιστα μέχρι τῶνδε, ἕως
Ἰταλία πᾶσα προσεχώρησεν ἐς τὴν Ῥωμαίων πολιτείαν, χωρίς γε
Λευκανῶν καὶ Σαυνιτῶν τότε· δοκοῦσι γάρ μοι καὶ οἵδε τυχεῖν, ὧν
ἔχρῃζον, ὕστερον. Ἐς δὲ τὰς φυλὰς ὅμοια τοῖς προτυχοῦσιν ἕκαστοι
κατελέγοντο, τοῦ μὴ τοῖς ἀρχαίοις ἀναμεμιγμένοι ἐπικρατεῖν ἐν ταῖς
χειροτονίαις, πλέονες ὄντες.
| [1,53] 53. Cécilius Métellus, qui lui succéda dans le commandement, entra
en Apulie et en vainquit à son tour les habitants dans une bataille où
Popaedius, un autre des chefs des insurgés, perdit la vie. Le reste des
vaincus passa par groupes sous les drapeaux du vainqueur. Tels
furent les principaux événements de la Guerre Sociale en Italie qu'on
poussa des deux côtés avec une grande vigueur jusqu'au moment où
le droit de cité fut enfin accordé à tous les alliés, à l'exception des
Lucaniens et des Samnites, qui pour lors furent laissés de côté : car je
crois que ceux-là même les obtinrent également dans la suite. On les
distribua dans les tribus de la même façon que ceux qui avaient les
premiers obtenu cette prérogative, de peur que, confondus avec les
citoyens de longue date, ils n'acquissent, par leur majorité numérique,
la prépondérance dans les élections.
| [1,54] 54. Τοῦ δ' αὐτοῦ χρόνου κατὰ τὸ ἄστυ οἱ χρῆσται πρὸς ἀλλήλους
ἐστασίασαν, οἱ μὲν πράττοντες τὰ χρέα σὺν τόκοις, νόμου τινὸς
παλαιοῦ διαγορεύοντος μὴ δανείζειν ἐπὶ τόκοις ἢ ζημίαν τὸν οὕτω
δανείσαντα προσοφλεῖν. Ἀποστραφῆναι γάρ μοι δοκοῦσιν οἱ πάλαι
Ῥωμαῖοι, καθάπερ Ἕλληνες, τὸ δανείζειν ὡς καπηλικὸν καὶ βαρὺ τοῖς
πένησι καὶ δύσερι καὶ ἐχθροποιόν, ᾧ λόγῳ καὶ Πέρσαι τὸ κίχρασθαι ὡς
ἀπατηλόν τε καὶ φιλοψευδές. Ἔθους δὲ χρονίου τοὺς τόκους
βεβαιοῦντος, οἱ μὲν κατὰ τὸ ἔθος ᾖτουν, οἱ δὲ οἷον ἐκ πολέμων τε καὶ
στάσεων ἀνεβάλλοντο τὰς ἀποδόσεις· εἰσὶ δ' οἳ καὶ τὴν ζημίαν τοὺς
δανείσαντας ἐκτίσειν ἐπηπείλουν.
Ὅ τε στρατηγὸς Ἀσελλίων, ᾧ ταῦτα προσέκειτο, ἐπεὶ διαλύων αὐτοὺς
οὐκ ἔπειθεν, ἐδίδου κατ' ἀλλήλων αὐτοῖς δικαστήρια, τὴν ἐκ τοῦ νόμου
καὶ ἔθους ἀπορίαν ἐς τοὺς δικαστὰς περιφέρων. Οἱ δανεισταὶ δὲ
χαλεπήναντες, ὅτι τὸν νόμον παλαιὸν ὄντα ἀνεκαίνιζε, κτείνουσιν αὐτὸν
ὧδε· ὁ μὲν ἔθυε τοῖς Διοσκούροις ἐν ἀγορᾷ, τοῦ πλήθους ὡς ἐπὶ θυσίᾳ
περιστάντος· ἑνὸς δὲ λίθου τὸ πρῶτον ἐπ' αὐτὸν ἀφεθέντος, ἔρριψε τὴν
φιάλην καὶ ἐς τὸ τῆς Ἑστίας ἱερὸν ἵετο δρόμῳ. Οἱ δὲ αὐτὸν προλαβόντες
τε ἀπέκλεισαν ἀπὸ τοῦ ἱεροῦ καὶ καταφυγόντα ἔς τι πανδοχεῖον
ἔσφαξαν. Πολλοί τε τῶν διωκόντων ἐς τὰς παρθένους αὐτὸν ἡγούμενοι
καταφυγεῖν ἐσέδραμον, ἔνθα μὴ θέμις ἦν ἀνδράσιν. Οὕτω μὲν καὶ
Ἀσελλίων στρατηγῶν τε καὶ σπένδων καὶ ἱερὰν καὶ ἐπίχρυσον ἐσθῆτα
ὡς ἐν θυσίᾳ περικείμενος ἀμφὶ δευτέραν ὥραν ἐσφάζετο ἐν ἀγορᾷ μέσῃ
παρὰ ἱεροῖς. Καὶ ἡ σύγκλητος ἐκήρυσσεν, εἴ τίς τι περὶ τὸν Ἀσελλίωνος
φόνον ἐλέγξειεν, ἐλευθέρῳ μὲν ἀργύριον, δούλῳ δὲ ἐλευθερίαν,
συνεγνωκότι δὲ ἄδειαν· οὐ μὴν ἐμήνυσεν οὐδείς, τῶν δανειστῶν
περικαλυψάντων.
| [1,54] 54. A cette époque, une nouvelle sédition éclata à Rome entre ceux
qui étaient créanciers et ceux qui étaient débiteurs. Ceux-là ne
prêtaient leur argent qu'avec intérêt, tandis qu'une ancienne loi
prohibait l'usure sous peine d'une amende. Il paraît, en effet, que les
anciens Romains, de même que les Grecs, avaient proscrit l'usure ;
qu'ils l'avaient regardée comme un profit illicite, comme une chose
onéreuse aux pauvres, et féconde en querelles et en inimitiés. C'était
ainsi que les Perses avaient proscrit le prêt, comme une source de
fraude et de mensonge. Cependant l'usage de l'usure reposait sur une
pratique immémoriale. Les créanciers demandaient donc ce qui leur
était dû, conformément à la pratique. De leur côté, les débiteurs
différaient de payer, sous prétexte des calamités de la guerre et des
séditions. Quelques-uns même menaçaient leurs créanciers de les
faire condamner à l'amende. Le préteur Asellius, à qui toutes ces
contestations étaient dévolues, renvoya les parties, faute de pouvoir
les concilier, à se pourvoir respectivement par devant les tribunaux ; et
il laissa aux juges à prononcer entre la loi et l'usage. Les créanciers,
furieux de ce qu'il avait ressuscité une loi tombée en désuétude,
conjurèrent sa mort; et voici comment ils exécutèrent leur complot.
Asellius faisait un sacrifice public, sur le Forum, en l'honneur de Castor
et Pollux. Il était environné, comme on l'est d'ordinaire en pareil cas, de
beaucoup de monde. On n'eut pas plutôt commencé par lui jeter une
pierre, qu'il jeta sa fiole, prit la fuite à toutes jambes, pour se sauver
dans le sanctuaire de Vesta. On le poursuivit; on le devança; on
l'empêcha d'entrer dans le temple, et on l'égorgea dans une hôtellerie
où il s'était réfugié. Plusieurs de ceux qui s'étaient mis à ses trousses
pensant qu'il avait gagné en fuyant l'enceinte même des Vestales,
pénétrèrent jusqu'où il n'était point permis aux hommes de pénétrer.
Ce fut ainsi qu'Asellius, pendant sa préture, au milieu d'un acte
religieux, revêtu de sa robe d'or et du costume sacerdotal, comme
l'exigeait la cérémonie, fut égorgé en public, vers la deuxième heure,
au pied des autels. Le sénat fit, à ce sujet, une proclamation portant
que ceux qui feraient une révélation concernant le meurtre d'Asellius
seraient récompensés, savoir, les hommes libres avec de l'argent, les
esclaves par le don de la liberté, et les complices par l'impunité. Mais
personne ne fit la moindre dénonciation, à cause des efforts que firent
les créanciers pour que ce crime demeurât enveloppé de ténèbres.
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