HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant III

Vers 300-349

  Vers 300-349

[3,300] αὐτοί τε λιαροῖσιν ἐφαιδρύναντο λοετροῖς,
ἀσπασίως δόρπῳ τε ποτῆτί τε θυμὸν ἄρεσσαν.
ἐκ δὲ τοῦ Αἰήτης σφετέρης ἐρέεινε θυγατρὸς
υἱῆας τοίοισι παρηγορέων ἐπέεσσιν·
"Παιδὸς ἐμῆς κοῦροι Φρίξοιό τε, τὸν περὶ πάντων
305 ξείνων ἡμετέροισιν ἐνὶ μεγάροισιν ἔτισα,
πῶς Αἶάνδε νέεσθε παλίσσυτοι; ἦέ τις ἄτη
σωομένοις μεσσηγὺς ἐνέκλασεν; οὐ μὲν ἐμεῖο
πείθεσθε προφέροντος ἀπείρονα μέτρα κελεύθου.
ᾔδειν γάρ ποτε πατρὸς ἐν ἅρμασιν Ἠελίοιο
310 δινεύσας, ὅτ' ἐμεῖο κασιγνήτην ἐκόμιζεν
Κίρκην ἑσπερίης εἴσω χθονός, ἐκ δ' ἱκόμεσθα
ἀκτὴν ἠπείρου Τυρσηνίδος, ἔνθ' ἔτι νῦν περ
ναιετάει, μάλα πολλὸν ἀπόπροθι Κολχίδος αἴης.
ἀλλὰ τί μύθων ἦδος; δ' ἐν ποσὶν ὗμιν ὄρωρεν,
315 εἴπατ' ἀριφραδέως, ἠδ' οἵτινες οἵδ' ἐφέπονται
ἀνέρες, ὅππῃ τε γλαφυρῆς ἐκ νηὸς ἔβητε."
Τοῖά μιν ἐξερέοντα κασιγνήτων προπάροιθεν
Ἄργος ὑποδδείσας ἀμφὶ στόλῳ Αἰσονίδαο
μειλιχίως προσέειπεν, ἐπεὶ προγενέστερος ἦεν·
320 "Αἰήτη, κείνην μὲν ἄφαρ διέχευαν ἄελλαι
ζαχρηεῖς· αὐτοὺς δ' ἐπὶ δούρασι πεπτηῶτας
νήσου Ἐνυαλίοιο ποτὶ ξερὸν ἔκβαλε κῦμα
λυγαίῃ ὑπὸ νυκτί· θεὸς δέ τις ἄμμ' ἐσάωσεν.
οὐδὲ γὰρ αἳ τὸ πάροιθεν ἐρημαίην κατὰ νῆσον
325 ηὐλίζοντ' ὄρνιθες Ἀρήιαι, οὐδ' ἔτι κείνας
εὕρομεν. ἀλλ' οἵγ' ἄνδρες ἀπήλασαν, ἐξαποβάντες
νηὸς ἑῆς προτέρῳ ἐνὶ ἤματι· καί σφ' ἀπέρυκεν
ἡμέας οἰκτείρων Ζηνὸς νόος, ἠέ τις αἶσα,
αὐτίκ' ἐπεὶ καὶ βρῶσιν ἅλις καὶ εἵματ' ἔδωκαν,
330 οὔνομά τε Φρίξοιο περικλεὲς εἰσαΐοντες
ἠδ' αὐτοῖο σέθεν· μετὰ γὰρ τεὸν ἄστυ νέονται.
χρειὼ δ' ἢν ἐθέλῃς ἐξίδμεναι, οὔ σ' ἐπικεύσω.
τόνδε τις ἱέμενος πάτρης ἀπάνευθεν ἐλάσσαι
καὶ κτεάνων βασιλεὺς περιώσιον, οὕνεκεν ἀλκῇ
335 σφωιτέρῃ τάντεσσι μετέπρεπεν Αἰολίδῃσιν,
πέμπει δεῦρο νέεσθαι ἀμήχανον· οὐδ' ὑπαλύξειν
στεῦται ἀμειλίκτοιο Διὸς θυμαλγέα μῆνιν
καὶ χόλον, οὐδ' ἄτλητον ἄγος Φρίξοιό τε ποινὰς
Αἰολιδέων γενεήν, πρὶν ἐς Ἑλλάδα κῶας ἱκέσθαι.
340 νῆα δ' Ἀθηναίη Παλλὰς κάμεν, οὐ μάλα τοίην,
οἷαί περ Κόλχοισι μετ' ἀνδράσι νῆες ἔασιν,
τάων αἰνοτάτης ἐπεκύρσαμεν. ἤλιθα γάρ μιν
λάβρον ὕδωρ πνοιή τε διέτμαγεν· δ' ἐνὶ γόμφοις
ἴσχεται, ἢν καὶ πᾶσαι ἐπιβρίσωσιν ἄελλαι.
345 ἶσον δ' ἐξ ἀνέμοιο θέει καὶ ὅτ' ἀνέρες αὐτοὶ
νωλεμέως χείρεσσιν ἐπισπέρχωσιν ἐρετμοῖς.
τῇ δ' ἐναγειράμενος Παναχαιίδος εἴ τι φέριστον
ἡρώων, τεὸν ἄστυ μετήλυθε, πόλλ' ἐπαληθεὶς
ἄστεα καὶ πελάγη στυγερῆς ἁλός, εἴ οἱ ὀπάσσαις.
[3,300] Les héros n'eurent pas plutôt rafraîchi par le bain leurs membres fatigués qu'on servit le repas. Lorsqu'il fut achevé, Eétés adressa ainsi avec bonté la parole à ses petits-fils: "Enfants de ma fille et d'un père étranger que j'ai reçus dans mon palais et comblés de mes faveurs, comment pouvez-vous être déjà de retour dans cette contrée ? Quel accident a interrompu le cours de votre voyage ? Vous ne vouliez pas ajouter foi à mes discours lorsque je vous parlais du chemin immense que vous aviez à parcourir. J'avais cependant appris moi-même à le connaître lorsque je traversai la voûte azurée monté sur le char du Soleil mon père, qui transportait dans l'Hespérie ma soeur Circé ; nous nous arrêtâmes aux rivages des Tyrrhéniens, où ma soeur habite encore, séparée de la Colchide par un immense intervalle. Mais sans m'arrêter davantage à des discours superflus, faites- nous un récit fidèle de ce qui vous est arrivé ; apprenez-moi qui sont ces étrangers qui vous accompagnent et en quels lieux vous avez laissé le vaisseau que je vous avais donné." Argus, l'aîné de ses frères, prit aussitôt la parole et, craignant pour les Argonautes, tâcha de leur concilier ainsi la faveur d'Eétès : "Grand roi, la tempête a brisé le vaisseau que vous nous aviez donné. Dans ce naufrage, une planche nous a servi de refuge, et les flots nous ont jeté sur le rivage de l'île de Mars, au milieu des horreurs d'une nuit ténébreuse. Un dieu sans doute veillait à notre salut. Les oiseaux redoutables qui infestaient auparavant cette île déserte venaient d'en être chassés par ces guerriers, qui étaient abordés la veille et avaient été retenus, ou par quelque heureux destin, ou par Jupiter lui-même, qui voulait soulager nos maux par leur rencontre. En effet ils nous donnèrent généreusement des habits et nous firent prendre de la nourriture aussitôt qu'ils nous eurent entendus prononcer le nom de Phrixus et le vôtre. Car c'est vers cette ville soumise à votre empire qu'ils dirigeaient leur course, et le dessein qui les amène est tel que je vais vous l'exposer. Ce héros, que sa force et sa valeur élèvent au-dessus de tous les descendants d'Éolus, obéit aux ordres d'un roi jaloux qui, pour l'éloigner de sa patrie et de ses biens, l'envoie dans ces lieux, sous le spécieux prétexte que la postérité d'Éolus ne pourra se soustraire à la colère implacable de Jupiter ni expier l'attentat commis contre Phrixus, à moins que la Toison d'or ne soit rapportée dans la Grèce. Pallas elle-même a construit à ce héros un vaisseau qui ne ressemble point à ceux qu'on voit en Colchide, dont le plus fragile sans doute était celui que nous montions, puisque les vents et les flots l'ont si promptement mis en pièces. Le sien au contraire est en état de résister aux plus furieuses tempêtes, et sa course est toujours aussi rapide, soit qu'un souffle propice enfle sa voile, ou que les guerriers qu'il porte, déploient, en ramant eux-mêmes, la vigueur de leurs bras. Ces guerriers sont l'élite des héros de la Grèce. Celui qui les a rassemblés, après avoir erré longtemps avec eux et parcouru les terres et les mers, arrive enfin dans la ville d'Aea pour vous exposer humblement sa demande.


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Dernière mise à jour : 9/09/2005