HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APOLLONIOS de Rhodes, Argonautica, chant III

Vers 250-299

  Vers 250-299

[3,250] Ἥρη γάρ μιν ἔρυκε δόμῳ· πρὶν δ' οὔτι θάμιζεν
ἐν μεγάροις, Ἑκάτης δὲ πανήμερος ἀμφεπονεῖτο
νηόν, ἐπεί ῥα θεᾶς αὐτὴ πέλεν ἀρήτειρα--
καί σφεας ὡς ἴδεν ἆσσον, ἀνίαχεν· ὀξὺ δ' ἄκουσεν
Χαλκιόπη· δμωαὶ δὲ ποδῶν προπάροιθε βαλοῦσαι
255 νήματα καὶ κλωστῆρας ἀολλέες ἔκτοθι πᾶσαι
ἔδραμον. δ' ἅμα τοῖσιν ἑοὺς υἱῆας ἰδοῦσα
ὑψοῦ χάρματι χεῖρας ἀνέσχεθεν· ὧς δὲ καὶ αὐτοὶ
μητέρα δεξιόωντο, καὶ ἀμφαγάπαζον ἰδόντες
γηθόσυνοι· τοῖον δὲ κινυρομένη φάτο μῦθον·
260 "Ἔμπης οὐκ ἄρ' ἐμέλλετ' ἀκηδείῃ με λιπόντες
τηλόθι πλάγξασθαι· μετὰ δ' ὑμέας ἔτραπεν αἶσα.
δειλὴ ἐγώ, οἷον πόθον Ἑλλάδος ἔκποθεν ἄτης
λευγαλέης Φρίξοιο ἐφημοσύνῃσιν ἕλεσθε
πατρός. μὲν θνῄσκων στυγερὰς ἐπετείλατ' ἀνίας
265 ἡμετέρῃ κραδίῃ. τί δέ κεν πόλιν Ὀρχομενοῖο,
ὅστις ὅδ' Ὀρχομενός, κτεάνων Ἀθάμαντος ἕκητι
μητέρ' ἑὴν ἀχέουσαν ἀποπρολιπόντες, ἵκοισθε;"
Ὧς ἔφατΑἰήτης δὲ πανύστατος ὦρτο θύραζε,
ἐκ δ' αὐτὴ Εἰδυῖα δάμαρ κίεν Αἰήταο,
270 Χαλκιόπης ἀίουσα· τὸ δ' αὐτίκα πᾶν ὁμάδοιο
ἕρκος ἐπεπλήθει. τοὶ μὲν μέγαν ἀμφιπένοντο
ταῦρον ἅλις δμῶες· τοὶ δὲ ξύλα κάγκανα χαλκῷ
κόπτον· τοὶ δὲ λοετρὰ πυρὶ ζέον· οὐδέ τις ἦεν,
ὃς καμάτου μεθίεσκεν, ὑποδρήσσων βασιλῆι.
275 Τόφρα δ' Ἔρως πολιοῖο δι' ἠέρος ἷξεν ἄφαντος,
τετρηχώς, οἷόν τε νέαις ἐπὶ φορβάσιν οἶστρος
τέλλεται, ὅν τε μύωπα βοῶν κλείουσι νομῆες.
ὦκα δ' ὑπὸ φλιὴν προδόμῳ ἔνι τόξα τανύσσας
ἰοδόκης ἀβλῆτα πολύστονον ἐξέλετ' ἰόν.
280 ἐκ δ' ὅγε καρπαλίμοισι λαθὼν ποσὶν οὐδὸν ἄμειψεν
ὀξέα δενδίλλων· αὐτῷ ὑπὸ βαιὸς ἐλυσθεὶς
Αἰσονίδῃ γλυφίδας μέσσῃ ἐνικάτθετο νευρῇ,
ἰθὺς δ' ἀμφοτέρῃσι διασχόμενος παλάμῃσιν
ἧκ' ἐπὶ Μηδείῃ· τὴν δ' ἀμφασίη λάβε θυμόν.
285 αὐτὸς δ' ὑψορόφοιο παλιμπετὲς ἐκ μεγάροιο
καγχαλόων ἤιξε· βέλος δ' ἐνεδαίετο κούρῃ
νέρθεν ὑπὸ κραδίῃ, φλογὶ εἴκελον· ἀντία δ' αἰεὶ
βάλλεν ὑπ' Αἰσονίδην ἀμαρύγματα, καί οἱ ἄηντο
στηθέων ἐκ πυκιναὶ καμάτῳ φρένες, οὐδέ τιν' ἄλλην
290 μνῆστιν ἔχεν, γλυκερῇ δὲ κατείβετο θυμὸν ἀνίῃ.
ὡς δὲ γυνὴ μαλερῷ περὶ κάρφεα χεύατο δαλῷ
χερνῆτις, τῇπερ ταλασήια ἔργα μέμηλεν,
ὥς κεν ὑπωρόφιον νύκτωρ σέλας ἐντύναιτο,
ἄγχι μάλ' ἐγρομένη· τὸ δ' ἀθέσφατον ἐξ ὀλίγοιο
295 δαλοῦ ἀνεγρόμενον σὺν κάρφεα πάντ' ἀμαθύνει·
τοῖος ὑπὸ κραδίῃ εἰλυμένος αἴθετο λάθρῃ
οὖλος Ἔρως· ἁπαλὰς δὲ μετετρωπᾶτο παρειὰς
ἐς χλόον, ἄλλοτ' ἔρευθος, ἀκηδείῃσι νόοιο.
Δμῶες δ' ὁππότε δή σφιν ἐπαρτέα θῆκαν ἐδωδήν,
[3,250] mais Junon lui avait inspiré la pensée de demeurer ce jour-là dans le palais, et elle sortait de son appartement pour aller dans celui de sa soeur lorsque Jason entra suivi de ses compagnons. Dès qu'elle les aperçut, elle poussa un grand cri. Chalciope effrayée, accourut aussitôt avec ses esclaves, qui avaient jeté leurs toiles et leurs fuseaux pour la suivre. Quelle fut sa surprise lorsque parmi ces étrangers elle reconnut ses enfants, qui volèrent à l'instant dans ses bras ! Transportée de joie, elle lève les mains au ciel et leur dit : "Chers gages de la tendresse de Phrixus, vous ne m'abandonnerez donc point pour aller chercher un pays éloigné : le Destin lui-même s'y oppose et vous ramène entre mes bras. Malheureuse que j'étais ! quelle fatalité vous avait inspiré un si violent désir de voir la Grèce ? Avec quelle ardeur vous obéissiez à l'ordre de Phrixus ! Ordre cruel, dernières et funestes paroles par lesquelles votre père a déchiré mon coeur Qu'importait après tout Orchomène, et pourquoi laisser votre mère en proie à la tristesse pour courir après les biens d'Athamas ?" Eétès et la reine Idie, ayant entendu la voix de Chalciope, sortirent de leur appartement. Eétès donne ses ordres pour recevoir les étrangers. Ses esclaves s'empressent d'obéir. Les uns apprêtent un taureau pour le festin, d'autres s'arment de cognées à fendre le bois, d'autres font chauffer de l'eau pour les bains. L'Amour lance une de ses flèches dans le coeur de Médée. Cependant l'Amour, traversant les airs sans être aperçu, descendit dans le palais, semblable au taon bourdonnant qui fond sur les génisses et les met en fureur. Il s'arrête d'abord sous le vestibule, bande son arc et tire de son carquois une flèche redoutable qui n'avait pas encore servi. S'avançant ensuite légèrement, il jette les yeux de tous cotés, se glisse derrière Jason, pose la flèche sur le milieu de la corde, étend les bras et la décoche à Médée, qui se trouble à l'instant. L'enfant malin voit l'effet du coup et s'envole en riant. Bientôt le trait porte au fond du coeur de 1a princesse un feu dévorant. Elle jette sur Jason des regards enflammés. De fréquents soupirs s'échappent avec peine de son sein. Jason seul occupe sa pensée. Une douce langueur s'empare de ses sens. Ainsi lorsqu'une femme, réduite à vivre du travail de ses mains, se lève longtemps avant le jour et, pressée d'éclairer son réduit, rassemble autour d'un tison de légers morceaux de bois, souvent le feu s'allumant tout à coup avec violence consume en un instant l'aliment qui l'entourait ainsi l'amour, caché dans le coeur de Médée, l'embrase en un instant. Tantôt ses joues paraissent tout en feu, tantôt une pâleur mortelle efface l'éclat de son teint.


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Dernière mise à jour : 9/09/2005