| [29] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΘ'.
Ἐδείξαμεν δὲ ὅτι οὕτως ἐπ' αὐτῷ τῷ φρονίμῳ τὸ εἶναι 
τοιούτῳ, ὅτι τῆς τοιαύτης ἕξεως καὶ τῆς κτήσεως 
αὐτῆς αὐτὸς αἴτιος τῷ καὶ τοῦ μὴ γενέσθαι τοιοῦτος 
ἔχειν πρότερον τὴν ἐξουσίαν. Τὴν μὲν οὖν ἕξιν μηκέτ' 
ἔχει ὡς ἐπ' αὐτῷ (ὥσπερ οὐδὲ τῷ αὑτὸν ἀπὸ ὕψους 
ἀφέντι τὸ στῆναι καίτοι τοῦ ῥῖψαί τε καὶ μὴ τὴν 
ἐξουσίαν ἔχοντι), ἐπ' αὐτῷ δὲ τῶν ἐνεργειῶν ὧν τὴν 
ἕξιν ἔχων ἐνεργεῖ καὶ μὴ ποιῆσαί τινα. Καὶ γὰρ εἰ ὅτι 
μάλιστα εὔλογον τὸ τὸν φρόνιμον τὰς κατὰ τὸν 
λόγον καὶ τὴν φρόνησιν ἐνεργείας ἐνεργεῖν, πρῶτον  
μὲν οὐχ ὡρισμένως αἵδε τινὲς τοιαῦται ἢ μέχρι τοῦδε 
ἐνεργούμεναι, ἀλλ' ἔστιν ἐν πλάτει τινὶ πάντα τὰ 
γινόμενα τοῦτον τὸν τρόπον, καὶ τὸ παρὰ μικρὸν ἐν 
τούτοις οὐκ ἀναιρεῖ τὸ προκείμενον· ἔπειτα δὲ οὐ 
κατηναγκασμένως ὁ φρόνιμος ὧν αἱρεῖταί τι πράττει, 
ἀλλ' ὡς καὶ τοῦ μὴ πρᾶξαί τι τούτων αὐτὸς ὢν κύριος. 
Εὔλογον γὰρ ἂν δόξαι ποτὲ τῷ φρονίμῳ καὶ ὑπὲρ τοῦ 
δεῖξαι τὸ τῶν ἐνεργειῶν ἐλεύθερον καὶ μὴ ποιῆσαί 
ποτε τὸ γινόμενον ἂν εὐλόγως ὑπ' αὐτοῦ, εἰ προείποι 
τις αὐτῷ μάντις ἐξ ἀνάγκης αὐτὸν τοῦτο πράξειν. 
Τοῦτό τοι καὶ οἳ μάντεις εἶναι λέγουσίν γε 
ὑφορώμενοι φεύγοντες τοὺς παρὰ πόδας ἐλέγχους 
οὐδὲν τοιοῦτο προλέγουσιν τοῖς  ἐλέγξαι δυναμένοις, 
ἀλλ' ὥσπερ τὸ τοὺς χρόνους ὁρίζειν τῶν 
προλεγομένων ὑπ' αὐτῶν ὡς ἐσομένων ὡς 
εὐέλεγκτον φυλάσσονται, οὕτω φεύγουσιν καὶ τὸ 
λέγειν τι καὶ μαντεύεσθαι τοῖς δυναμένοις 
παραχρῆμα τὸ ἀντικείμενον ποιῆσαι τοῦ 
μαντεύματος. 
 
 | [29 CHAPITRE XXIX.  
Nous avons montré qu’il est au pouvoir de l’honnête 
homme d’être tel, en ce sens qu’il est la cause de cette 
manière d’être ou habitude qu’on appelle l’honnêteté et 
de son acquisition, attendu qu’il avait tout d’abord le 
pouvoir de ne pas devenir honnête. Nous avons ajouté 
qu’une fois qu’il a acquis cette habitude, il lui est aussi 
impossible de ne pas l’avoir, que de s’arrêter après 
s’être précipité d’une hauteur, quoiqu’il eût le pouvoir 
de se précipiter ou de ne pas se précipiter. Quant aux 
actions, qui procèdent de l’habitude qu’il a acquise, 
nous avons reconnu qu’il y en a quelques-unes qu’il 
peut ne pas faire. En effet, s’il est très vraisemblable 
que les actions d’un homme sage seront conformes à la 
sagesse et à la raison, premièrement, ce n’est pas d’une 
manière déterminée que ces actions doivent être telles 
ou portées à un tel degré, mais il y a une certaine 
latitude pour tout ce qui arrive en cette sorte, et un léger 
manquement ne détruit pas le fond de l’acte. Ensuite, ce 
n’est point nécessairement que l’honnête homme fait ce 
qu’il a choisi de faire, mais en se sentant maître aussi 
de ne pas le faire. Car il y a des cas où il pourra sembler 
raisonnable au sage, ne fût-ce qu’afin de prouver la 
liberté de ses actions, de ne pas faire ce qu’il eût fait 
raisonnablement; par exemple, si un devin lui prédit 
que nécessairement il fera telle action. Aussi bien, est-ce 
là ce dont se défient les devins dans leurs prédictions :
ils évitent de s’exposer des démentis actuels, et 
n’articulent rien de précis à ceux qui seraient en état de 
les convaincre d’erreur. Mais de même qu’ils n’ont 
garde de déterminer les époques où doivent se réaliser 
leurs prédictions, par crainte d’être facilement 
démentis; de même ils évitent de rien annoncer et de 
rien prédire à ceux qui pourraient sur le champ faire le 
contraire de ce qu’ils auraient prédit. 
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