[17] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΖ'.
Πῶς δ' ἂν σώζοιεν τοιαῦτα λέγοντες τὴν ὑπὸ τῶν
θεῶν γινομένην τῶν θνητῶν πρόνοιαν; Εἰ γὰρ αἵ τε
τῶν θεῶν ἐπιφάνειαι, ἅς φασιν γίνεσθαί τισιν, κατά
τινα γίνονται προκαταβεβλημένην αἰτίαν, ὡς πρὸ τοῦ
γενέσθαι τινὰ αὐτῶν ἀληθὲς εἶναι τὸ τοῦδε μὲν
ἔσεσθαί τινα ἐκ θεῶν κηδεμονίαν, τοῦδε δὲ μή, πῶς
ἂν ἔτι τοῦτο πρόνοιάν τις δικαίως λέγοι, τὴν οὐ κατ'
ἀξίαν γινομένην, ἀλλὰ κατά τινα ἀνάγκην
προκαταβεβλημένην; Πῶς δ' ἂν σώζοιτο καὶ ἡ πρὸς
τοὺς θεοὺς εὐσέβεια τῶν εὐσεβεῖν δοκούντων, διότι μὴ
ἐπ' αὐτοῖς ἦν τὸ τοῦτο μὴ ποιεῖν, οὕτως ποιούντων;
Γίνοιτο δ' ἂν καὶ παρὰ τῶν θεῶν, εἰς οὓς γίνεταί τι
παρὰ τοὺς ἄλλους πλέον, ὅτι καὶ τούτων ἦσαν αἱ
ἀρχαὶ καὶ πρὸ τοῦ τούτους εἶναι προκαταβεβλημέναι.
Πῶς δ' οὐκ ἀναιροῖεν ἂν καὶ μαντικήν, τῆς ἀπὸ
μαντικῆς χρείας ἀναιρουμένης; Τί γὰρ ἂν ἢ μαθεῖν ἢ
διὰ τὸ μαθεῖν παρὰ τῶν μάντεων φυλάξαιτ' ἄν τις, εἰ
μόνα ταῦτα ἡμῖν τε μαθεῖν ἐκείνοις τε μηνῦσαι
δυνατόν, ὧν τοῦ μαθεῖν ἡμᾶς καὶ ποιῆσαι ἢ μὴ
ποιῆσαί τι ἕκαστον ἦν καὶ πρὸ τῆς ἡμετέρας
γενέσεως κατηναγκασμένον, τοῦ τε ἐμμένειν τοῖς ὑπὸ
τῶν θεῶν προαγορευομένοις οὐχ ἡμεῖς κύριοι τῷ τῶν
ἐσομένων ὑφ' ἡμῶν προκαταβεβλῆσθαι τὰς αἰτίας.
| [17] CHAPITRE XVII.
Ce n’est pas tout. Comment, en professant une telle
doctrine, nos adversaires peuvent-ils maintenir intacte
la croyance que les Dieux prennent souci des choses
mortelles? Si en effet les manifestations des Dieux, que
l’on rapporte s’être produites en faveur de quelques
hommes, se sont produites en vertu d’une cause
antérieurement arrêtée, de telle sorte qu’avant qu’aucun
de ces hommes fût né, il était vrai que tel homme
recevrait quelque assistance de la part des Dieux, et que
tel autre n’en recevrait aucune; comment désormais
appeler à bon droit providence, ce qui ne se produit
point comme la juste récompense d’un mérite, mais
comme l’effet infaillible d’une nécessité? Ou encore,
que devient, chez ceux qui sont réputés pieux, leur piété
envers les Dieux, s’il n’est pas en leur pouvoir de ne
pas faire ce qu’ils font en se montrant pieux? Comment
expliquer que les gens pieux obtiennent des Dieux plus
que les autres hommes, puisque, avant même qu’ils
fussent nés, les principes de leurs actes de piété étaient
irrévocablement certains? Comment enfin ne voit-on
pas qu’à professer une doctrine de fatalité, on met à
néant l’art de la divination, en mettant à néant l’utilité
de la divination? Qu’apprendre en effet des devins, ou
quelles précautions nous suggérera ce que nous en
aurons appris, s’il ne nous est possible d’apprendre et si
les devins ne peuvent nous révéler que cela seul, que
bien avant notre naissance, il était nécessairement
arrêté que nous apprendrions et que nous ferions ou que
nous ne ferions pas? Évidemment, nous ne sommes pas
maîtres de nous conformer aux avertissements des
Dieux, si les causes des actes que nous devons
accomplir ont été à l’avance déterminées.
|