[12] Ἐπεὶ γὰρ τῶν κατὰ φύσιν αἰσθητῶν καὶ κατὰ
μέρος ὡρισμένα τινὰ δεῖ παραδείγματα εἶναι τὰς ἰδέας, ὧν καὶ
τὰς ἐπιστήμας γίνεσθαι καὶ τοὺς ὅρους· παρὰ πάντας γὰρ
ἀνθρώπους ἄνθρωπόν τινα νοεῖσθαι καὶ παρὰ πάντας ἵππους
ἵππον, καὶ κοινῶς παρὰ τὰ ζῷα ζῷον ἀγένητον καὶ ἄφθαρτον,
ὂν τρόπον σφραγῖδος μιᾶς ἐκμαγεῖα γίνεται πολλὰ καὶ ἑνὸς
ἀνδρὸς εἰκόνες μυρίαι ἐπὶ μυρίαις, τῆς ἰδέας οὔσης αἰτίας ἀρχὴν
τοῦ εἶναι ἕκαστον τοιοῦτον, οἷον αὐτὴ ὑπάρχει· ἀναγκαῖον καὶ
τὸ κάλλιστον κατασκεύασμα τὸν κόσμον ὑπὸ τοῦ θεοῦ δεδημιουργῆσθαι
πρός τινα ἰδέαν κόσμου ἀποβλέποντος, παράδειγμα
ὑπάρχουσαν τοῦδε τοῦ κόσμου ὡς ἂν ἀπεικονισμένου ἀπ´ ἐκείνης,
πρὸς ἣν ἀφομοιωθέντα ὑπὸ τοῦ δημιουργοῦ αὐτὸν ἀπειργάσθαι
κατὰ θαυμασιωτάτην πρόνοιαν καὶ δίαιταν ἐλθόντος ἐπὶ τὸ
δημιουργεῖν τὸν κόσμον, διότι ἀγαθὸς ἦν.
Ἐκ τῆς πάσης οὖν ὕλης αὐτὸν ἐδημιούργει· ἣν ἀτάκτως
καὶ πλημμελῶς κινουμένην πρὸ τῆς οὐρανοῦ γενέσεως ἐκ τῆς
ἀταξίας παραλαβὼν πρὸς τὴν ἀρίστην ἤγαγε τάξιν, ἀριθμοῖς
πρέπουσι τὰ μέρη κοσμήσας αὐτοῦ καὶ σχήμασιν, ὥστε διακρῖναι
ὅπως νῦν ἔχει πῦρ τε καὶ γῆ πρὸς ἀέρα τε καὶ ὕδωρ, ἴχνη μὲν
τέως ἔχοντα καὶ τὸ δεκτικὸν τῆς τῶν στοιχείων δυνάμεως,
ἀλόγως δὲ καὶ ἀμέτρως σείοντά τε τὴν ὕλην καὶ πρὸς ταύτης
σειόμενα. Ἐξ ἑκάστου γὰρ ὅλου τῶν τεττάρων αὐτὸν στοιχείων
ἐγέννησε, πυρός τε παντὸς καὶ γῆς ὕδατός τε καὶ ἀέρος, οὐδὲν
μέρος οὐδενὸς ἀπολιπὼν οὐδὲ δύναμιν, διανοηθεὶς πρῶτον μὲν
ὅτι σωματοειδὲς χρὴ τὸ γενόμενον εἶναι καὶ πάντως ἁπτόν τε
καὶ ὁρατόν, χωρὶς δὲ πυρὸς καὶ γῆς οὐχ οἷόν τε οὔτε ὁρατόν τι
εἶναι οὔτε ἁπτόν· κατὰ δὴ τὸν εἰκότα λόγον ἐκ γῆς αὐτὸν καὶ
πυρὸς ἐποίησεν· ἐπεὶ δὲ καὶ δεσμὸν ἔδει τινὰ συναγωγὸν ἀμφοτέρων
ἐν μέσῳ γενέσθαι, θεῖος δὲ δεσμὸς ὁ τῆς ἀναλογίας, ὃς ἑαυτόν
τε καὶ τὰ συνδούμενα πέφυκεν ἓν ποιεῖν, ἐπίπεδός τε οὐκ ἦν ὁ
κόσμος—ἀπέχρη γὰρ ἂν αὐτῷ μία μεσότης—σφαιροειδὴς
δέ, δυοῖν ἐδέησεν αὐτῷ μεσοτήτων εἰς συναρμογήν· διὰ τοῦτο
πυρὸς ἐν μέσῳ καὶ γῆς ἀήρ τε καὶ ὕδωρ ἐτάχθη κατὰ τὸν τῆς
ἀναλογίας τρόπον· ὥστε ὡς ἔχει πῦρ πρὸς ἀέρα, οὕτως ἔχειν
ἀέρα τε πρὸς ὕδωρ καὶ τοῦτο πρὸς γῆν καὶ ἀνάπαλιν.
Τῷ δὲ μηδὲν ἔξωθεν ὑπολείπεσθαι καὶ μονογενῆ τὸν
κόσμον ἐποίησε καὶ κατὰ τὸν ἀριθμὸν τῇ ἰδέᾳ εἰκασμένον μιᾷ
οὔσῃ, πρός τε τούτοις ἄνοσον καὶ ἀγήρω, ἅτε αὐτῷ μηδενὸς
προσιόντος τοῦ κηραίνειν πεφυκότος, αὐτάρκη τε καὶ οὐδενὸς
ἔξωθεν δεόμενον· σχῆμα δ´ αὐτῷ περιέθηκε τὸ σφαιροειδές,
εὐμορφότατον σχημάτων καὶ πολυχωρότατον καὶ εὐκινητότατον·
καὶ ἐπεὶ οὔτε ὁράσεως ἐδεῖτο οὔτε ἀκοῆς οὔτε μὴν ἄλλου
τοιούτου τινός. οὐ προσῆψεν αὐτῷ τοιαῦτα ὄργανα πρὸς
ὑπηρεσίαν, ἀφελόμενος δὲ τὰς λοιπὰς κινήσεις μόνην αὐτῷ
δέδωκε τὴν κυκλοφορητικήν, νοῦ καὶ φρονήσεως οἰκείαν
ὑπάρχουσαν.
| [12] CHAPITRE XII.
PUISQUE toutes les choses sensibles et individuelles
doivent avoir des modèles déterminés, c'est-à-dire des idées, dont la science et les définitions ne
soient pas impossibles (car, en faisant abstraction de tous les hommes, nous pouvons concevoir
un homme; en faisant abstraction de tous les chevaux, nous pouvons nous faire l'idée d'un cheval;
et, dans un sens plus étendu, en faisant abstraction de tous les êtres, nous pouvons en concevoir
un, incréé et impérissable ; c'est ainsi que d'un seul cachet on forme plusieurs empreintes et un
millier d'images du même homme, et qu'une seule idée donne l'existence à une infinité d'autres
idées qui sont de même nature qu'elle : il est également nécessaire que le plus bel œuvre qui
existe, le monde, ait été composé par Dieu, le contemplant dans l'idée qui devait en être le
modèle; et que, formé sur ce modèle, il soit sorti de la main de l'ouvrier ressemblant à l'idée qu'il
avait conçue lorsque, par un effet de sa providence, de sa sagesse et de sa bonté, il entreprit de le
composer. Il le forma de toute espèce de matière qui s'agitait pêle-mêle et sans ordre avant la
naissance du ciel, laquelle il retira de cet état de chaos pour lui donner un arrangement
merveilleux, en ordonnant chacune de ses parties selon les formes et les proportions convenables;
de manière qu'il est actuellement aisé de discerner les rapports de la terre et du feu avec l'air et
l'eau qui jadis n'avaient que la faculté de recevoir les impressions des éléments et d'en conserver
les vestiges, et qui agitaient sans ordre comme sans mesure la matière par laquelle ils étaient eux-
mêmes agités. Il le composa de la totalité de chacun des quatre éléments, de tout le feu, de toute
la terre, de toute l'eau, et de tout l'air, sans en excepter aucune partie ni propriété. Il sentit
premièrement qu'il fallait que le monde fût corporel et engendré, et en général sensible, tangible
(ou palpable), et que sans feu et sans terre il ne pouvait être ni l'un ni l'autre : il eut donc raison de
le former de terre et de feu. Il fallut ensuite un lien entre ces deux éléments, un lien digne de
Dieu, qui, par de justes proportions, ne fît de lui-même et de ce qu'il devait lier qu'un tout unique.
D'ailleurs, comme le monde ne devait pas être plat (il n'aurait alors eu besoin que d'un milieu),
mais qu'il devait être sphéroïde, il lui fallut deux milieux pour sa structure : c'est pour cela
qu'entre le feu et la terre il arrangea l'air et l'eau selon les proportions convenables ; de manière
que le rapport établi entre le feu et l'air se trouvât entre l'air et l'eau, entre l'eau et la terre, et ainsi
réciproquement. Comme il n'existe rien hors le monde, Dieu le fit seul et unique, et semblable en
nombre à l'idée d'après laquelle il le formait et qui était une : outre cela il le fit incapable d'être
malade et de vieillir, comme ne devant jamais rien éprouver qui puisse opérer sa ruine ; il le
composa de manière qu'il pût se suffire à lui-même et qu'il n'eût besoin de rien, il lui donna une
figure sphérique, la plus belle, la plus volumineuse et la plus mobile de toutes les figures ; et
comme il n’avait besoin ni de voir, ni d'entendre, ni d'exercer aucune autre faculté, il ne lui
appropria point d'organe pour cet usage. Après avoir éloigné de lui tous les autres mouvements, il
ne lui réserva que le mouvement circulaire, naturellement propre à l'esprit et à la prudence.
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