[35] (1) Ἀιδωνέως δὲ τοῦ Μολοσσοῦ ξενίζοντος Ἡρακλέα, καὶ
τῶν περὶ τὸν Θησέα καὶ Πειρίθουν κατὰ τύχην μνησθέντος, ἅ τε πράξοντες
ἦλθον καὶ ἃ φωραθέντες ἔπαθον, βαρέως ἤνεγκεν ὁ Ἡρακλῆς, τοῦ μὲν
ἀπολωλότος ἀδόξως, τοῦ δ´ ἀπολλυμένου. (2) καὶ περὶ Πειρίθου μὲν οὐδὲν ᾤετο
ποιήσειν πλέον ἐγκαλῶν, τὸν δὲ Θησέα παρῃτεῖτο, καὶ χάριν ἠξίου ταύτην αὐτῷ
δοθῆναι. (3) συγχωρήσαντος δὲ τοῦ Ἀιδωνέως, λυθεὶς ὁ Θησεὺς ἐπανῆλθε μὲν εἰς
τὰς ἀθήνας, οὐδέπω παντάπασι τῶν φίλων αὐτοῦ κεκρατημένων, καὶ ὅς´ ὑπῆρχε
τεμένη πρότερον αὐτῷ τῆς πόλεως ἐξελούσης, ἅπαντα καθιέρωσεν Ἡρακλεῖ καὶ
προσηγόρευσεν ἀντὶ Θησείων Ἡράκλεια, πλὴν τεσσάρων, ὡς Φιλόχορος
ἱστόρηκεν· (4) αὖθις δὲ βουλόμενος ὡς πρότερον ἄρχειν καὶ καθηγεῖσθαι τοῦ
πολιτεύματος, εἰς στάσεις ἐνέπεσε καὶ ταραχάς, οὓς μὲν ἀπέλιπε μισοῦντας
αὐτὸν εὑρίσκων τὸ μὴ φοβεῖσθαι τῷ μισεῖν προσειληφότας, ἐν δὲ τῷ δήμῳ πολὺ
τὸ διεφθαρμένον ὁρῶν καὶ θεραπεύεσθαι βουλόμενον ἀντὶ τοῦ ποιεῖν σιωπῇ τὸ
προσταττόμενον. (5) ἐπιχειρῶν οὖν βιάζεσθαι, κατεδημαγωγεῖτο καὶ
κατεστασιάζετο, καὶ τέλος ἀπογνοὺς τὰ πράγματα, τοὺς μὲν παῖδας εἰς Εὔβοιαν
ὑπεξέπεμψε πρὸς Ἐλεφήνορα τὸν Χαλκώδοντος, αὐτὸς δὲ Γαργηττοῖ κατὰ τῶν
Ἀθηναίων ἀρὰς θέμενος, οὗ νῦν ἔστι τὸ καλούμενον Ἀρατήριον, εἰς Σκῦρον
ἐξέπλευσεν, οὔσης αὐτῷ πρὸς τοὺς ἐκεῖ φιλίας ὡς ᾤετο καὶ χωρίων ἐν τῇ νήσῳ
πατρῴων. (6) ἐβασίλευε δὲ Λυκομήδης τότε τῶν Σκυρίων. πρὸς τοῦτον οὖν
ἀφικόμενος ἐζήτει τοὺς ἀγροὺς ἀπολαβεῖν, ὡς αὐτόθι κατοικήσων· ἔνιοι δέ φασι
παρακαλεῖν αὐτὸν βοηθεῖν ἐπὶ τοὺς Ἀθηναίους. ὁ δὲ Λυκομήδης, εἴτε δείσας τὴν
δόξαν τοῦ ἀνδρός, εἴτε τῷ Μενεσθεῖ χαριζόμενος, ἐπὶ τὰ ἄκρα τῆς χώρας
ἀναγαγὼν αὐτόν, ὡς ἐκεῖθεν ἐπιδείξων τοὺς ἀγρούς, ὦσε κατὰ τῶν πετρῶν καὶ
διέφθειρεν. (7) ἔνιοι δ´ ἀφ´ ἑαυτοῦ πεσεῖν φασι σφαλέντα, μετὰ δεῖπνον ὥσπερ
εἰώθει περιπατοῦντα. καὶ παραυτίκα μὲν οὐδεὶς ἔσχεν αὐτοῦ λόγον οὐδένα
τεθνηκότος, ἀλλὰ τῶν μὲν Ἀθηναίων ἐβασίλευσε Μενεσθεύς, οἱ δὲ παῖδες
ἰδιωτεύοντες Ἐλεφήνορι συνεστράτευσαν εἰς Ἴλιον. ἐκεῖ δὲ Μενεσθέως
ἀποθανόντος ἐπανελθόντες αὐτοὶ τὴν βασιλείαν ἀνεκομίσαντο. χρόνοις δ´
ὕστερον Ἀθηναίους ἄλλα τε παρέστησεν ὡς ἥρωα τιμᾶν Θησέα, καὶ τῶν ἐν
Μαραθῶνι πρὸς Μήδους μαχομένων ἔδοξαν οὐκ ὀλίγοι φάσμα Θησέως ἐν ὅπλοις
καθορᾶν πρὸ αὐτῶν ἐπὶ τοὺς βαρβάρους φερόμενον.
| [35] (1) Aïdonée, le roi des Molosses, ayant reçu Héraclès à sa cour, lui parla de Thésée et de Pirithoos, lui
raconta dans quel dessein ils étaient venus chez lui, et la punition qu'il en avait tirée. Héraclès, affligé de la mort
honteuse de l'un, et inquiet du danger de l'autre, (2) mais voyant qu'il serait inutile de se plaindre du traitement
fait à Pirithoos, demanda, comme une grâce, la liberté de Thésée. (3) Aïdonée la lui accorda. Thésée ne fut pas
plus tôt délivré, qu'il retourna à Athènes, où ses amis n'étaient pas encore entièrement écrasés. Tous les enclos
que la ville lui avait auparavant consacrés, il en fit la dédicace à Hercule et leur donna le nom de ce héros au lieu
du sien, sauf pour quatre seulement, raconte Philochore. (4) Puis, tout aussitôt il voulut gouverner comme
auparavant, et reprendre l'administration des affaires; mais il vit s'élever partout des mouvements séditieux, qui
lui prouvèrent que ceux qui le haïssaient avant son départ, ne le craignant plus alors, avaient ajouté le mépris à la
haine; que le peuple, profondément corrompu, au lieu d'obéir en silence, voulait être flatté. (5) Il essaya de le
réduire par la force; mais les factieux et les démagogues rendirent ses efforts inutiles. Désespérant donc de
rétablir ses affaires, il envoya secrètement ses deux fils dans l'île d'Eubée, auprès d'Eléphénor, fils de Chalcodon;
ensuite, s'étant rendu au bourg de Gargettos, il y prononça des malédictions contre les Athéniens, dans un lieu
qui porte encore aujourd'hui le nom d'Aratérion; après quoi il s'embarqua pour l'île de Scyros, où il espérait
trouver des amis, et où il avait quelques biens paternels. (6) Lycomède régnait alors dans cette île. Thésée alla le
trouver, et le pria de lui rendre ses terres, pour qu'il pût s'y établir; d'autres disent qu'il lui demanda du secours
contre les Athéniens. Lycomède, soit qu'il craignît la réputation d'un tel homme, soit qu'il voulût faire plaisir à
Ménesthée, le mena sur le haut d'une montagne, sous prétexte de lui montrer de là ses terres, et, le précipitant du
haut des rochers, il le tua. (7) Quelques écrivains ont dit qu'il fit un faux pas, en se promenant après souper, selon
son usage, et qu'il tomba de lui-même dans un précipice. Personne sur le moment ne fit attention à sa mort.
Ménesthée régna paisiblement dans Athènes; et les fils de Thésée vécurent en simples particuliers chez
Éléphénor, qu'ils suivirent au siège de Troie. (8) Ménesthée étant mort à ce siège, ils retournèrent à Athènes, et
furent mis en possession du royaume de leur père. Plusieurs siècles après, les Athéniens honorèrent Thésée
comme un héros: entre plusieurs motifs qui les y déterminèrent, le principal fut qu'à la bataille de Marathon
plusieurs soldats crurent le voir en armes, à la tête des troupes, combattre contre les Barbares.
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