[17] (1) Ἐπεὶ δ´ οὖν καθῆκεν ὁ χρόνος τοῦ τρίτου δασμοῦ, καὶ παρέχειν ἔδει τοὺς πατέρας
ἐπὶ τὸν κλῆρον οἷς ἦσαν ἠίθεοι παῖδες, αὖθις ἀνεφύοντο τῷ Αἰγεῖ διαβολαὶ πρὸς τοὺς
πολίτας, ὀδυρομένους καὶ ἀγανακτοῦντας, ὅτι πάντων αἴτιος ὢν ἐκεῖνος οὐδὲν
μέρος μετέχει τῆς κολάσεως μόνος, ἀλλ´ ἐπὶ νόθῳ καὶ ξένῳ παιδὶ τὴν ἀρχὴν
πεποιημένος, αὐτοὺς περιορᾷ γνησίων ἐρήμους καὶ ἄπαιδας ἀπολειπομένους. (2)
ταῦτ´ ἠνία τὸν Θησέα, καὶ δικαιῶν μὴ ἀμελεῖν ἀλλὰ κοινωνεῖν τῆς τύχης τοῖς
πολίταις, ἐπέδωκεν ἑαυτὸν ἄνευ κλήρου προσελθών. καὶ τοῖς μὲν ἄλλοις τό τε
φρόνημα θαυμαστὸν ἐφάνη, καὶ τὸ δημοτικὸν ἠγάπησαν, ὁ δ´ Αἰγεὺς ἐπεὶ
δεόμενος καὶ καθικετεύων ἀμετάπειστον ἑώρα καὶ ἀμετάτρεπτον, ἀπεκλήρωσε
τοὺς ἄλλους παῖδας. (3) Ἑλλάνικος δέ φησιν οὐ τοὺς λαχόντας ἀπὸ κλήρου καὶ
τὰς λαχούσας ἐκπέμπειν τὴν πόλιν, αὐτὸν δὲ τὸν Μίνω παραγενόμενον
ἐκλέγεσθαι, καὶ τὸν Θησέα πάντων ἑλέσθαι πρῶτον ἐπὶ τοῖς ὁρισθεῖσιν·
ὡρισμένον δ´ εἶναι τὴν μὲν ναῦν Ἀθηναίους παρέχειν, ἐμβάντας δὲ πλεῖν σὺν
αὐτῷ τοὺς ἠιθέους μηδὲν "ὅπλον ἀρήιον" ἐπιφερομένους, ἀπολομένου δὲ τοῦ
Μινωταύρου πέρας ἔχειν τὴν ποινήν. (4) Πρότερον μὲν οὖν οὐδεμία σωτηρίας
ἐλπὶς ὑπέκειτο· διὸ καὶ μέλαν ἱστίον ἔχουσαν ὡς ἐπὶ συμφορᾷ προδήλῳ τὴν ναῦν
ἔπεμπον· τότε δὲ τοῦ Θησέως τὸν πατέρα θαρρύνοντος καὶ μεγαληγοροῦντος ὡς
χειρώσεται τὸν Μινώταυρον, ἔδωκεν ἕτερον ἱστίον λευκὸν τῷ κυβερνήτῃ,
κελεύσας ὑποστρέφοντα σῳζομένου τοῦ Θησέως ἐπάρασθαι τὸ λευκόν, εἰ δὲ μὴ,
τῷ μέλανι πλεῖν καὶ ἀποσημαίνειν τὸ πάθος. (5) ὁ δὲ Σιμωνίδης οὐ λευκόν φησιν
εἶναι τὸ δοθὲν ὑπὸ τοῦ Αἰγέως, ἀλλὰ "φοινίκεον ἱστίον ὑγρῷ πεφυρμένον πρίνου
ἄνθει ἐριθαλοῦς"· καὶ τοῦτο τῆς σωτηρίας αὐτῶν ποιήσασθαι σημεῖον. ἐκυβέρνα
δὲ τὴν ναῦν Ἀμαρσυάδας Φέρεκλος, ὥς φησι Σιμωνίδης. (6) Φιλόχορος δὲ παρὰ
Σκίρου φησὶν ἐκ Σαλαμῖνος τὸν Θησέα λαβεῖν κυβερνήτην μὲν Ναυσίθοον,
πρωρέα δὲ Φαίακα, μηδέπω τότε τῶν Ἀθηναίων προσεχόντων τῇ θαλάσσῃ· καὶ
γὰρ εἶναι τῶν ἠιθέων ἕνα Μενέσθην Σκίρου θυγατριδοῦν· (7) μαρτυρεῖν δὲ
τούτοις ἡρῷα Ναυσιθόου καὶ Φαίακος εἱσαμένου Θησέως Φαληροῖ πρὸς τῷ τοῦ
Σκίρου {ἱερῷ}, καὶ τὴν ἑορτὴν τὰ Κυβερνήσιά φησιν ἐκείνοις τελεῖσθαι.
| [17] (1) Or donc, lorsque le temps de payer le troisième tribut arriva, et que les pères qui
avaient des enfants encore jeunes furent obligés de les faire tirer au sort, Égée se vit de
nouveau en butte aux murmures et aux plaintes des Athéniens. Il était seul, disaient-ils, la
cause de tout le mal, et seul il n'avait aucune part à la punition; il faisait passer sa couronne à
un étranger, à un bâtard, et les voyait avec indifférence privés de leurs enfants légitimes. (2)
Thésée, touché de ces plaintes, et trouvant juste de partager la fortune des autres citoyens,
s'offrit volontairement pour aller en Crète, sans tirer au sort. Les Athéniens admirèrent sa
grandeur d'âme, et cette popularité leur inspira la plus vive affection pour lui. Égée, au
contraire, employa les prières et les instances les plus fortes pour l'en détourner; mais le
voyant inébranlable et inflexible à tout, il désigna les autres enfants par la voie du sort. (3)
Cependant, s'il faut en croire Hellanicos, ces enfants n'étaient pas pris ainsi: Minos lui-même
venait les choisir; et cette fois il prit Thésée le premier de tous, aux conditions que les
Athéniens fourniraient le vaisseau de transport, que les enfants qui s'embarqueraient avec lui
n'auraient aucune arme offensive, et qu'à la mort du Minotaure le tribut cesserait. (4)
Auparavant, comme il n'y avait pour ces enfants aucun espoir de salut, le vaisseau qui les
portait était garni d'une voile noire, pour montrer qu'ils allaient à une mort certaine. Mais alors
Thésée ayant rassuré et rempli de confiance son père par les promesses qu'il lui fit de dompter
le Minotaure, Égée donna au pilote une même voile blanche, avec ordre de la mettre au retour,
si son fils était sauvé; sinon de revenir avec la voile noire, qui lui apprendrait d'avance son
malheur. (5) Simonide dit que la voile qu'Égée donna au pilote n'était pas blanche, mais d'un
beau rouge d'écarlate; et il convient qu'elle devait être un signe qu'ils avaient échappé à la
mort. Il ajoute que le pilote se nommait Phéréclos, descendant d'Amarsyas. (6) Philochore
prétend que Thésée reçut de Sciros de Salamine un pilote nommé Nausithoos, avec un matelot
pour être à la proue, qui s'appelait Phaïax: car les Athéniens ne s'étaient pas encore appliqués
à la marine. Sciros les lui donna, parce qu'au nombre des enfants tombés au sort était
Ménesthès, son petit-fils par sa fille. (7) Cet historien en donne pour preuve les monuments
que Thésée fit élever à l'honneur de Nausithoos et de Phaïax, dans le port de Phalère, près du
temple de Sciros; il assure que c'est pour eux qu'on célèbre les fêtes appelées Cybernesia, ou
des patrons des navires.
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