[16] (1) Φιλόχορος δέ φησιν οὐ ταῦτα
συγχωρεῖν Κρῆτας, ἀλλὰ λέγειν ὅτι φρουρὰ μὲν ἦν ὁ Λαβύρινθος οὐθὲν ἔχων
κακὸν ἀλλ´ ἢ τὸ μὴ διαφυγεῖν τοὺς φυλαττομένους, ἀγῶνα δ´ ὁ Μίνως ἐπ´
Ἀνδρόγεῳ γυμνικὸν ἐποίει καὶ τοὺς παῖδας ἆθλα τοῖς νικῶσιν ἐδίδου, τέως ἐν τῷ
Λαβυρίνθῳ φυλαττομένους· ἐνίκα δὲ τοὺς προτέρους ἀγῶνας ὁ μέγιστον παρ´
αὐτῷ δυνάμενος τότε καὶ στρατηγῶν ὄνομα Ταῦρος, ἀνὴρ οὐκ ἐπιεικὴς καὶ
ἥμερος τὸν τρόπον, ἀλλὰ καὶ τοῖς παισὶ τῶν Ἀθηναίων ὑπερηφάνως καὶ
χαλεπῶς προσφερόμενος. (2) Ἀριστοτέλης δὲ καὶ αὐτὸς ἐν τῇ Βοττιαίων πολιτείᾳ
δῆλός ἐστιν οὐ νομίζων ἀναιρεῖσθαι τοὺς παῖδας ὑπὸ τοῦ Μίνω, ἀλλὰ
θητεύοντας ἐν τῇ Κρήτῃ καταγηράσκειν· καί ποτε Κρῆτας εὐχὴν παλαιὰν
ἀποδιδόντας ἀνθρώπων ἀπαρχὴν εἰς Δελφοὺς ἀποστέλλειν, τοῖς δὲ πεμπομένοις
ἀναμειχθέντας ἐκγόνους ἐκείνων συνεξελθεῖν· ὡς δ´ οὐκ ἦσαν ἱκανοὶ τρέφειν
ἑαυτοὺς αὐτόθι, πρῶτον μὲν εἰς Ἰταλίαν διαπερᾶσαι κἀκεῖ κατοικεῖν περὶ τὴν
Ἰαπυγίαν, ἐκεῖθεν δ´ αὖθις εἰς Θρᾴκην κομισθῆναι καὶ κληθῆναι Βοττιαίους· (3)
διὸ τὰς κόρας τῶν Βοττιαίων θυσίαν τινὰ τελούσας ἐπᾴδειν· "ἴωμεν εἰς Ἀθήνας".
ἔοικε γὰρ ὄντως χαλεπὸν εἶναι φωνὴν ἐχούσῃ πόλει καὶ μοῦσαν ἀπεχθάνεσθαι.
καὶ γὰρ ὁ Μίνως ἀεὶ διετέλει κακῶς ἀκούων καὶ λοιδορούμενος ἐν τοῖς Ἀττικοῖς
θεάτροις, καὶ οὔθ´ Ἡσίοδος αὐτὸν ὤνησε "βασιλεύτατον" οὔθ´ Ὅμηρος "ὀαριστὴν
Διὸς" προσαγορεύσας, ἀλλ´ ἐπικρατήσαντες οἱ τραγικοὶ πολλὴν ἀπὸ τοῦ λογείου
καὶ τῆς σκηνῆς ἀδοξίαν αὐτοῦ κατεσκέδασαν ὡς χαλεποῦ καὶ βιαίου γενομένου.
(4) καίτοι φασὶ τὸν μὲν Μίνω βασιλέα καὶ νομοθέτην, δικαστὴν δὲ τὸν
Ῥαδάμανθυν εἶναι καὶ φύλακα τῶν ὡρισμένων ὑπ´ ἐκείνου δικαίων.
| [16] (1) Mais, suivant Philochore, les Crétois ne conviennent pas de ce fait. Ils disent que le
labyrinthe était une prison où l'on n'avait d'autre mal que d'être si bien gardé qu'il était
impossible de s'en échapper. Minos, ajoutent-ils, avait institué, en l'honneur de son fils, des
combats gymniques, où les vainqueurs recevaient pour prix les enfants qui étaient détenus
dans ce labyrinthe. Le premier qui remporta le prix fut un des plus grands seigneurs de la
cour, général des armées de Minos. Il se nommait Tauros. C'était un homme de moeurs dures
et farouches, qui traitait avec beaucoup d'insolence et de cruauté ces jeunes Athéniens. (2)
Aristote, dans sa Constitution des Bottiéens, ne croit pas non plus que ces enfants fussent mis
à mort par Minos, mais qu'ils vivaient en Crète du travail de leurs mains, et vieillissaient dans
l'esclavage. Il raconte que, dans des siècles très éloignés, les Crétois, pour acquitter un ancien
voeu, envoyèrent à Delphes leurs premiers-nés; que, des descendants des prisonniers
athéniens, s'étant joints à cette troupe, sortirent de Crète avec eux, et n'ayant pas trouvé à
Delphes de quoi subsister, ils passèrent en Italie et s'établirent en Iapygie; qu'ensuite,
retournant sur leurs pas, ils allèrent en Thrace, où ils prirent le nom de Bottiéens. (3) De là
vient que leurs filles, dans un sacrifice qui est en usage parmi eux, ont coutume de terminer
leurs chants par ce refrain: "Allons à Athènes." Au reste cela fait voir combien il est
dangereux de s'attirer la haine d'une ville dont la langue est cultivée, et où les Muses sont en
honneur, car Minos a toujours été depuis décrié sur les théâtres d'Athènes. Hésiode a beau
l'appeler le plus grand des rois, et Homère dire de lui qu'il conversait familièrement avec
Zeus: les poètes tragiques ont prévalu, et, du haut de leur théâtre, ils ont fait pleuvoir sur lui
l'opprobre et l'infamie; ils l'ont fait passer pour un homme dur et violent, (4) quoiqu'on dise
communément que Minos est le roi, le législateur des enfers et que Rhadamanthe n'est que le
juge chargé d'exécuter les lois que Minos prescrit.
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