[15] (1) Ὀλίγῳ δ´ ὕστερον ἧκον ἐκ Κρήτης τὸ τρίτον οἱ τὸν δασμὸν
ἀπάξοντες. ὅτι μὲν οὖν Ἀνδρόγεω περὶ τὴν Ἀττικὴν ἀποθανεῖν δόλῳ δόξαντος ὅ
τε Μίνως πολλὰ κακὰ πολεμῶν εἰργάζετο τοὺς ἀνθρώπους, καὶ τὸ δαιμόνιον
ἔφθειρε τὴν χώραν (ἀφορία τε γὰρ καὶ νόσος ἐνέσκηψε πολλὴ καὶ ἀνέδυσαν οἱ
ποταμοί) καὶ τοῦ θεοῦ προδείξαντος ἱλασαμένοις τὸν Μίνω καὶ διαλλαγεῖσι
λωφήσειν τὸ μήνιμα καὶ τῶν κακῶν ἔσεσθαι παῦλαν, ἐπικηρυκευσάμενοι καὶ
δεηθέντες ἐποιήσαντο συνθήκας, ὥστε πέμπειν δι´ ἐννέα ἐτῶν δασμὸν ἠιθέους
ἑπτὰ καὶ παρθένους τοσαύτας, ὁμολογοῦσιν οἱ πλεῖστοι τῶν συγγραφέων· (2)
τοὺς δὲ παῖδας εἰς Κρήτην κομιζομένους ὁ μὲν τραγικώτατος μῦθος ἀποφαίνει
τὸν Μινώταυρον ἐν τῷ Λαβυρίνθῳ διαφθείρειν, ἢ πλανωμένους αὐτοὺς καὶ
τυχεῖν ἐξόδου μὴ δυναμένους ἐκεῖ καταθνῄσκειν, τὸν δὲ Μινώταυρον, ὥσπερ
Εὐριπίδης φησί, "Σύμμεικτον εἶδος καὶ ἀποφώλιον βρέφος" γεγονέναι καὶ
"Ταύρου μεμεῖχθαι καὶ βροτοῦ διπλῇ φύσει."
| [15] (1) Peu de temps après, les députés de Minos vinrent de Crète à Athènes demander, pour
la troisième fois, le tribut qu'on lui payait. Androgée son fils ayant été tué en trahison dans
l'Attique, Minos avait déclaré la guerre aux Athéniens, était entré dans leurs terres et avait mit
tout à feu et à sang. Les dieux eux-mêmes avaient frappé l'Attique de peste, de stérilité et de
sécheresse, au point que les rivières s'étaient taries. Les Athéniens consultèrent alors l'oracle
d'Apollon, qui leur répondit que la colère des dieux ne s'apaiserait et qu'ils ne feraient cesser
tous ces fléaux qu'après qu'on aurait satisfait Minos. Ils lui envoyèrent donc des ambassadeurs
pour le supplier de leur accorder la paix. Il y consentit, à condition que pendant neuf ans les
Athéniens lui paieraient un tribut de sept jeunes garçons et d'autant de jeunes filles. Voilà sur
quoi la plupart des historiens sont d'accord. (2) Quant au sort des enfants déportés en Crète, la
version la plus tragique ajoute qu'ils étaient ou dévorés par le Minotaure dans le labyrinthe, ou
condamnés à errer jusqu'à leur mort dans ce lieu, d'où ils ne pouvaient sortir; elle prétend
aussi que le Minotaure, comme le dit Euripide, "était un être hybride, une bête nuisible",
laquelle "De l'homme et du taureau présentait la figure".
|