HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Pompée

Chapitre 76

  Chapitre 76

[76] Ἀναλαβὼν δὲ τὴν γυναῖκα καὶ τοὺς φίλους ἐκομίζετο, προσίσχων ὅρμοις ἀναγκαίοις ὕδωρ ἀγορὰν ἔχουσιν. εἰς δὲ πόλιν εἰσῆλθε πρώτην Ἀττάλειαν τῆς Παμφυλίας. ἐνταῦθα δὲ αὐτῷ καὶ τριήρεις τινὲς ἀπήντησαν ἐκ Κιλικίας καὶ στρατιῶται συνελέγοντο καὶ τῶν συγκλητικῶν πάλιν ἑξήκοντα περὶ αὐτὸν ἦσαν. ἀκούων δὲ καὶ τὸ ναυτικὸν ἔτι συνεστάναι, καὶ Κάτωνα πολλοὺς στρατιώτας ἀνειληφότα περαιοῦν εἰς Λιβύην, ὠδύρετο πρὸς τοὺς φίλους, καταμεμφόμενος ἑαυτὸν ἐκβιασθέντα τῷ πεζῷ συμβαλεῖν, τῇ δὲ κρείττονι ἀδηρίτως δυνάμει πρὸς μηδὲν ἀποχρήσασθαι μηδὲ περιορμίσαι τὸ ναυτικόν, ὅπου κατὰ γῆν σφαλεὶς εὐθὺς ἂν εἶχεν ἀντίπαλον ἐκ θαλάττης παρεστῶσαν ἀλκὴν καὶ δύναμιν τοσαύτην. οὐδὲν γὰρ ἁμάρτημα Πομπηΐου μεῖζον οὐδὲ δεινότερον στρατήγημα Καίσαρος τὸ τὴν μάχην οὕτω μακρὰν ἀποσπάσασθαι τῆς ναυτικῆς βοηθείας. οὐ μὴν ἀλλ´ ἐκ τῶν παρόντων κρίνειν τι καὶ πράττειν ἀναγκαζόμενος, ἐπὶ τὰς πόλεις περιέπεμπε· τὰς δ´ αὐτὸς περιπλέων ᾔτει χρήματα καὶ ναῦς ἐπλήρου. τὴν δ´ ὀξύτητα τοῦ πολεμίου καὶ τὸ τάχος δεδοικώς, μὴ προαναρπάσῃ τῆς παρασκευῆς αὐτὸν ἐπελθών, ἐσκόπει καταφυγὴν ἐπὶ τῷ παρόντι καὶ ἀναχώρησιν. ἐπαρχία μὲν οὖν οὐδεμία φύξιμος ἐφαίνετο βουλευομένοις αὐτοῖς, τῶν δὲ βασιλειῶν αὐτὸς μὲν ἀπέφαινε τὴν Πάρθων ἱκανωτάτην οὖσαν ἔν τε τῷ παρόντι δέξασθαι καὶ περιβαλεῖν σφᾶς ἀσθενεῖς ὄντας, αὖθίς τε ῥῶσαι καὶ προπέμψαι μετὰ πλείστης δυνάμεως· τῶν δ´ ἄλλων οἱ μὲν εἰς Λιβύην καὶ Ἰόβαν ἔτρεπον τὴν γνώμην, Θεοφάνει δὲ τῷ Λεσβίῳ μανικὸν ἐδόκει τριῶν ἡμερῶν πλοῦν ἀπέχουσαν Αἴγυπτον ἀπολιπόντα καὶ Πτολεμαῖον, ἡλικίαν μὲν ἀντίπαιδα, φιλίας δὲ καὶ χάριτος πατρῴας ὑπόχρεων, Πάρθοις ὑποβαλεῖν ἑαυτόν, ἀπιστοτάτῳ γένει, καὶ Ῥωμαίῳ μὲν ἀνδρὶ κηδεστῇ γενομένῳ τὰ δεύτερα λέγοντα πρῶτον εἶναι τῶν ἄλλων μὴ θέλειν μηδὲ πειρᾶσθαι τῆς ἐκείνου μετριότητος, Ἀρσάκην δὲ ποιεῖσθαι κύριον ἑαυτοῦ τὸν μηδὲ Κράσσου δυνηθέντα ζῶντος· καὶ γυναῖκα νέαν οἴκου τοῦ Σκηπίωνος εἰς βαρβάρους κομίζειν ὕβρει καὶ ἀκολασίᾳ τὴν ἐξουσίαν μετροῦντας, , κἂν μὴ πάθῃ, δόξῃ δὲ παθεῖν, δεινόν ἐστιν ἐπὶ τοῖς ποιῆσαι δυναμένοις γενομένῃ. τοῦτο μόνον, ὥς φασιν, ἀπέτρεψε τῆς ἐπὶ τὸν Εὐφράτην ὁδοῦ Πομπήϊον· εἰ δή τις ἔτι Πομπηΐου λογισμός, ἀλλ´ οὐχὶ δαίμων ἐκείνην ὑφηγεῖτο τὴν ὁδόν. [76] LXXVI. Ceterum uxore et amicis receptis Pompeius ex Lesbo soluit, neque nisi aqua aut cibo quum esset opus, nauim portui appulit. Prima urbs quam intrauit, Attalia fuit Pamphyliae. Ibi aliquot triremes ad ipsum militesque conuenerunt, adeo ut rursum sexaginta senatorios uiros secum haberet. Audiens autem et classem adhuc constare et Catonem multis ad se receptis militibus in Africam transmittere, fortunam suam apud amicos deplorauit, seque incusauit, qui cogi se ad proelium terrestre committendum passus, naualibusque copiis (quibus absque dubio praeualebat) nullam ad rem usus fuisset, neque classem loco circumposuisset, ut clade in terra accepta, in promptu uires hosti pares a mari haberet. Non enim aliud Pompeii grauius est peccatum, aut Caesaris callidius consilium, quam quod ad pugnam tam procul a classis auxilio abstraxit hostem. Verumtamen ex praesenti re consilium capere et aliquid moliri coactus, ad urbes partim misit, partim ipse nauibus accessit, pecuniam et supplementum nauibus exigens. Interim hostis celeritatem metuens, ne superueniens eum rebus nondum satis paratis arriperet, de perfugio in praesentia aliquo et secessu cogitauit. Deliberantibus nulla P- R- prouincia perfugium praestare uisa est; ex regnis ipse Parthiam praetulit, quae et in praesens ad suscipiendum et tegendum infirmos ipsos et ad erigendum magnisque eum copiis emittendum satis haberet opum. Reliqui partim Africam et Iubam regem praeferebant, Theophanes Lesbius insani iudicabat esse, relicta Aeypto, quae tridui itinere aberat et Ptolemaeo ephebo, et qui pro amicitia beneficiisque patri suo praestitis gratiam deberet, praeterito, infidelissimae Parthorum genti se committere, et qui socero pridem suo, uiro Romano, nolit primas in republica tribuere, atque ipse secundo loco omnibus prior esse, neque eius aequitatem experiri, eum se Arsaci tradere, qui ne Crassum quidem nisi mortuum ferre potuerit ; denique Scipionis genere ortam uxorem aetate florente inter barbaros, qui libidine potestatem suam definiant, abducere, quae ut nihil acciperet iniuriae, attamen uideri accepisse, quum in potestate fuerit eorum, qui facere possent, indignum esse. Hoc unum fuisse aiunt quod a profectione in Parthos Pompeium auerterit ; si tamen consilium eo tempore aliquod Pompeius secutus est et non fatum iam dux uitae fuit. [76] LXXVI. Pompée ayant pris sur son vaisseau sa femme et ses amis, continua sa route sans s'arrêter ailleurs que dans les ports, quand le besoin de faire de l'eau et de prendre des vivres le forçait de relâcher. La première ville où il descendit fut Attalie dans la Phamphylie. Il y arriva quelques galères qui venaient de Cilicie, et il parvint à rassembler quelques troupes; il eut même bientôt auprès de lui jusqu'à soixante sénateurs; et ayant appris que sa flotte n'avait reçu aucun échec; que Caton, après avoir recueilli un grand nombre de soldats de la déroute de Pharsale, était passé en Afrique, il se plaignit à ses amis; et se fit à lui-même les plus vifs reproches de s'être laissé forcer à combattre avec sa seule armée de terre, sans employer ses troupes de mer, qui faisaient ses principales forces; ou du moins de ne s'être pas fait comme un rempart de sa flotte, qui, en cas d'une défaite sur terre, lui aurait fourni une autre armée si puissante, si capable de résister à l'ennemi. Il est vrai que la plus grande faute de Pompée, comme la ruse la plus habile de César, fut d'avoir placé le lieu du combat si loin du secours que Pompée pouvait tirer de sa flotte. Cependant celui-ci, forcé de tenter quelque entreprise avec les faibles ressources qui lui restaient, envoya ses amis dans quelques villes, alla lui-même dans d'autres pour demander de l'argent et équiper des vaisseaux; mais craignant qu'un ennemi aussi prompt et aussi actif que César ne vînt subitement lui enlever tous les préparatifs qu'il aurait pu faire, il examinait quelle retraite, quel asile il pouvait espérer dans sa fortune présente. Après en avoir délibéré avec ses amis, il ne vit aucune province de l'empire où il pût se retirer en sûreté. Entre les royaumes étrangers, il ne voyait que celui des Parthes qui, pour le moment, fût le plus propre à les recevoir, à protéger d'abord leur faiblesse, ensuite à les remettre en pied, et à les renvoyer avec des forces considérables. La plupart de ses amis penchaient pour l'Afrique et pour le roi Juba; mais Théophane de Lesbos représenta que ce serait la plus grande folie de laisser là l'Égypte, qui n'était qu'à trois journées de navigation, dont, à la vérité, le roi Ptolémée sortait à peine de l'enfance , mais devait à Pompée tant de reconnaissance pour les services et les témoignages d'amitié que son père en avait reçus, et d'aller se jeter entre les mains des Parthes, la plus perfide de toutes les nations. «Serait-il raisonnable, ajouta-t-il, que Pompée, qui refuse d'être le second après un Romain dont il a été le gendre, pour être le premier de tous les autres, qui ne veut pas faire l'épreuve de la modération de César, allât livrer sa personne à un Arsace, qui n'a jamais pu avoir en sa puissance Crassus vivant? mènerait-il une jeune femme du sang des Scipions au milieu de ces Barbares, qui ne mesurent leur pouvoir que sur la licence qu'ils prennent d'assouvir leurs passions brutales? et quand elle ne devrait en recevoir aucun outrage, ne serait-il pas indigne d'elle d'être seulement exposée au soupçon d'en avoir souffert, par cela seul qu'elle aurait été avec des hommes capables de le faire ? Cette dernière raison fut, dit-on, la seule qui détourna Pompée de prendre le chemin de l'Euphrate, si toutefois ce fut la réflexion de Pompée, et non pas son mauvais génie, qui lui fit prendre l'autre route.


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Dernière mise à jour : 30/03/2005