[74] Οὕτω δὲ παραπλεύσας ἐπ´ Ἀμφιπόλεως
ἐκεῖθεν εἰς Μιτυλήνην ἐπεραιοῦτο, βουλόμενος
τὴν Κορνηλίαν ἀναλαβεῖν καὶ τὸν υἱόν.
ἐπεὶ δὲ προσέσχε τῇ νήσῳ κατ´ αἰγιαλόν, ἔπεμψεν
εἰς πόλιν ἄγγελον, οὐχ ὡς ἡ Κορνηλία προσεδόκα
τοῖς πρὸς χάριν ἀπαγγελλομένοις καὶ
γραφομένοις, ἐλπίζουσα τοῦ πολέμου κεκριμένου
περὶ Δυρράχιον ἔτι λοιπὸν ἔργον εἶναι Πομπηΐῳ
τὴν Καίσαρος δίωξιν. ἐν τούτοις οὖσαν αὐτὴν
καταλαβὼν ὁ ἄγγελος ἀσπάσασθαι μὲν οὐχ ὑπέμεινε,
τὰ δὲ πλεῖστα καὶ μέγιστα τῶν κακῶν τοῖς
δάκρυσι μᾶλλον ἢ τῇ φωνῇ φράσας σπεύδειν
ἐκέλευσεν, εἰ βούλεταί πως Πομπήϊον ἰδεῖν ἐπὶ
νεὼς μιᾶς καὶ ἀλλοτρίας. ἡ δὲ ἀκούσασα προήκατο
μὲν αὑτὴν χαμᾶζε καὶ πολὺν χρόνον
ἔκφρων καὶ ἄναυδος ἔκειτο, μόλις δέ πως ἔμφρων
γενομένη καὶ συννοήσασα τὸν καιρὸν οὐκ ὄντα
θρήνων καὶ δακρύων, ἐξέδραμε διὰ τῆς πόλεως
ἐπὶ θάλατταν. ἀπαντήσαντος δὲ τοῦ Πομπηΐου
καὶ δεξαμένου ταῖς ἀγκάλαις αὐτὴν ὑπερειπομένην
καὶ περιπίπτουσαν, "Ὁρῶ σε," εἶπεν,
"ἄνερ, οὐ τῆς σῆς τύχης ἔργον, ἀλλὰ τῆς ἐμῆς,
προσερριμμένον ἑνὶ σκάφει τὸν πρὸ τῶν Κορνηλίας
γάμων πεντακοσίαις ναυσὶ ταύτην περιπλεύσαντα
τὴν θάλασσαν. τί μ´ ἦλθες ἰδεῖν καὶ
οὐκ ἀπέλιπες τῷ βαρεῖ δαίμονι τὴν καὶ σὲ δυστυχίας
ἀναπλήσασαν τοσαύτης; ὡς εὐτυχὴς μὲν ἂν
ἤμην γυνὴ πρὸ τοῦ Πόπλιον ἐν Πάρθοις ἀκοῦσαι
τὸν παρθένιον ἄνδρα κείμενον ἀποθανοῦσα, σώφρων
δὲ καὶ μετ´ ἐκεῖνον, ὥσπερ ὥρμησα, τὸν
ἐμαυτῆς προεμένη βίον· ἐσωζόμην δ´ ἄρα καὶ
Πομπηΐῳ Μάγνῳ συμφορὰ γενέσθαι."
| [74] LXXIV. Ita uectus Amphipolin Pompeius, Mitylenen inde
traiecit, Corneliam et filium ibi assumpturus. Ut ad littus
insulae appulit, nuntium in urbem misit Corneliae, quae annuntiatis
et scriptis sibi delinita, hoc unum opinabatur Pompeio restare,
ut bello iam ad Dyrrhachium confecto Caesarem persequeretur.
His eam intentam cogitationibus accessit nuntius et salutatione omissa,
potissima et pleraque malorum lacrimis magis quam uoce indicans,
properare iussit, si Pompeium una sola et aliena aduectum naui
cernere uelit. Quod ut audiuit Cornelia, humi procubuit et
aliquamdiu mentis uocisque impos iacuit ; uix tandem ad
se rediit intelligensque non hoc lamentandi esse et flendi
tempus, ad mare per urbem excurrit. Occurrenti Pompeio,
obuiisque ulnis labantem in ipsumque corruentem tenenti,
Video, inquit, te, marite, non tua, « sed mea fortuna
perditum ad unicum nauigium recidisse, qui ante Corneliae
nuptias quingentis nauibus per hoc aequor uehebaris.
Quid me uisum uenisti? cur non me aduerso meo fato reliquisti,
a qua in te etiam tantum redundauit calamitatis ? Ah
quam felix fuissem mulier, si antequam P- Crassum, cui
uirgo nupsi, in Parthis occidisse renuntiatum fuit, mortem
obiissem! quam uero laudabilis, si, quod conata fui, eo
mortuo uitam proiecissem! Nunc in hoc me seruatam uideo
uti etiam Pompeio Magno cladem afferrem".
| [74] LXXIV. Pompée ayant passé devant Amphipolis,
fit voile delà vers Mitylène, pour y prendre Cornélie et son fils.
Lorsqu'il eut jeté l'ancre devant l'île, il envoya à la ville
un courrier, non tel que Cornélie l'attendait, après les nouvelles
agréables qui lui avaient été annoncées de vive
voix et par écrit, et qui lui faisaient espérer que
la victoire de Dyrrachium ayant terminé la guerre,
Pompée n'aurait plus eu qu'à poursuivre César.
Le courrier, la trouvant toute pleine de cette espérance,
n'eut pas la force de la saluer; mais lui faisant connaître
l'excès de ses malheurs plus par ses larmes que par ses paroles,
il lui dit de se hâter, si elle voulait voir Pompée sur un seul
vaisseau, qui même ne lui appartenait pas. A cette
nouvelle, Cornélie se jette à terre et y reste longtemps,
l'esprit égaré, sans proférer une seule parole.
Revenue à elle-même avec peine, et sentant
que ce n'était pas le moment des gémissements et
des larmes, elle traverse la ville et court au rivage.
Pompée alla au-devant d'elle, et la reçut dans
ses bras, prête à s'évanouir : «O mon époux! lui
dit-elle, ce n'est pas ta mauvaise fortune, c'est
la mienne qui t'a réduit à une seule barque; toi
qui, avant que d'épouser Cornélie, voguais sur
cette mer avec cinq cents voiles! Pourquoi venir
me chercher? Que ne m'abandonnais-tu à ce
funeste destin qui seul attire sur toi tant de
calamités ? Quel bonheur pour moi, si j'avais pu
mourir avant que d'apprendre la mort de Publius Crassus,
mon premier mari, qui a péri par la main des Parthes !
ou que j'aurais été sage, si, après sa mort, j'avais quitté la vie,
comme j'en avais d'abord le dessein! Je ne l'ai donc
conservée que pour faire le malheur du grand Pompée!»
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