[73] Πομπήϊος δὲ μικρὸν ἔξω τοῦ χάρακος
προελθὼν τὸν μὲν ἵππον ἀφῆκεν, ὀλίγων δὲ κομιδῇ
περὶ αὐτὸν ὄντων, ὡς οὐδεὶς ἐδίωκεν, ἀπῄει
καθ´ ἡσυχίαν, ἐν διαλογισμοῖς ὢν οἵους εἰκὸς
λαμβάνειν ἄνθρωπον ἔτη τέτταρα καὶ τριάκοντα
νικᾶν καὶ κρατεῖν ἁπάντων εἰθισμένον, ἥττης δὲ
καὶ φυγῆς τότε πρῶτον ἐν γήρᾳ λαμβάνοντα πεῖραν,
ἐννοούμενον δὲ ἐξ ὅσων ἀγώνων καὶ πολέμων
ηὐξημένην ἀποβαλὼν ὥρᾳ μιᾷ δόξαν καὶ δύναμιν,
ὁ πρὸ μικροῦ τοσούτοις ὅπλοις καὶ ἵπποις καὶ
στόλοις δορυφορούμενος ἀπέρχεται μικρὸς οὕτω
γεγονὼς καὶ συνεσταλμένος ὥστε λανθάνειν ζητοῦντας
τοὺς πολεμίους. παραμειψάμενος δὲ
Λάρισσαν, ὡς ἦλθεν ἐπὶ τὰ Τέμπη, καταβαλὼν
ἑαυτὸν ἐπὶ στόμα δεδιψηκὼς ἔπινε τοῦ ποταμοῦ,
καὶ πάλιν ἀναστὰς ἐβάδιζε διὰ τῶν Τεμπῶν, ἄχρι
οὗ κατῆλθεν ἐπὶ θάλατταν. ἐκεῖ δὲ τῆς νυκτὸς τὸ
λοιπὸν ἀναπαυσάμενος ἐν καλυβίῳ τινὶ σαγηνέων,
καὶ περὶ τὸν ὄρθρον ἐπιβὰς ποταμίου πλοίου, καὶ
τῶν ἑπομένων τοὺς ἐλευθέρους ἀναλαβών, τοὺς δὲ
θεράποντας ἀπιέναι πρὸς Καίσαρα κελεύσας καὶ
μὴ δεδιέναι, παρὰ γῆν κομιζόμενος εἶδεν εὐμεγέθη
φορτηγὸν ἀνάγεσθαι μέλλουσαν, ἧς ἐναυκλήρει
Ῥωμαῖος ἀνὴρ οὐ πάνυ Πομπηΐῳ συνήθης, γινώσκων
δὲ τὴν ὄψιν αὐτοῦ· Πετίκιος ἐπεκαλεῖτο.
τούτῳ συνεβεβήκει τῆς παρῳχημένης νυκτὸς ἰδεῖν
κατὰ τοὺς ὕπνους Πομπήϊον, οὐχ ὃν ἑωράκει
πολλάκις, ἀλλὰ ταπεινὸν καὶ κατηφῆ, προσδιαλεγόμενον
αὐτῷ. καὶ ταῦτα τοῖς συμπλέουσιν
ἐτύγχανε διηγούμενος, ὡς δὴ φιλεῖ περὶ πραγμάτων
τηλικούτων λόγον ἔχειν ἀνθρώπους σχολὴν
ἄγοντας. ἐξαίφνης δέ τις τῶν ναυτῶν ἔφρασε
κατιδὼν ὅτι πλοῖον ποτάμιον ἀπὸ τῆς γῆς ἐρέσσεται
καὶ κατασείουσί τινες ἄνθρωποι τὰ ἱμάτια
καὶ τὰς χεῖρας ὀρέγουσι πρὸς αὐτούς. ἐπιστήσας
οὖν ὁ Πετίκιος εὐθὺς ἔγνω τὸν Πομπήϊον, οἷον
ὄναρ εἶδε· καὶ πληξάμενος τὴν κεφαλὴν ἐκέλευσε
τοὺς ναύτας τὸ ἐφόλκιον παραβαλεῖν, καὶ τὴν
δεξιὰν ἐξέτεινε καὶ προσεκάλει τὸν Πομπήϊον,
ἤδη συμφρονῶν τῷ σχήματι τὴν τύχην καὶ μεταβολὴν
τοῦ ἀνδρός. ὅθεν οὔτε παράκλησιν ἀναμείνας
οὔτε λόγον, ἀλλ´ ἀναλαβὼν ὅσους ἐκέλευσε
μετ´ αὐτοῦ (Λέντουλοι δὲ ἦσαν ἀμφότεροι καὶ
Φαώνιος) ἀνήχθη· καὶ μικρὸν ὕστερον ἰδόντες
ἀπὸ γῆς ἁμιλλώμενον Δηϊόταρον τὸν βασιλέα
προσαναλαμβάνουσιν. ἐπεὶ δὲ καιρὸς ἦν δείπνου
καὶ παρεσκεύασεν ὁ ναύκληρος ἐκ τῶν παρόντων,
ἰδὼν ὁ Φαώνιος οἰκετῶν ἀπορίᾳ τὸν Πομπήϊον
ἀρχόμενον αὑτὸν ὑπολύειν προσέδραμε καὶ ὑπέλυσε
καὶ συνήλειψε. καὶ τὸ λοιπὸν ἐκ τούτου
περιέπων καὶ θεραπεύων ὅσα δεσπότας δοῦλοι,
μέχρι νίψεως ποδῶν καὶ δείπνου παρασκευῆς,
διετέλεσεν, ὥστε τὴν ἐλευθεριότητα τῆς ὑπουργίας
ἐκείνης θεασάμενον ἄν τινα καὶ τὸ ἀφελὲς καὶ ἄπλαστον εἰπεῖν·
Φεῦ τοῖσι γενναίοισιν ὡς ἅπαν καλόν.
| [73] LXXIII. Pompeius paullum extra castra progressus,
equum dimisit paucisque admodum comitatus, quum nemo
hostium insequeretur, tacitus abiit, iis in cogitationibus uersans,
in quas uenire par erat uirum qui triginta quattuor annis
omnes superare solitus, tune primum in sua senectute
quid esset uinci et fugere sentiret, tum reputantem, quantam
gloriam potentiamque multis certaminibus bellisque
auctam unius horae momento amisisset, ut paullo ante tot
militibus, equis nauibusque stipatus, adeo nunc destitutus
et abiectus discederet, uti hostes etiam inquirentes falleret.
Inde Larissam transgressas ut ad Tempe uenit sitibundus,
in faciem se sternens aquam Penei hausit; atque
inde surgens per Tempe usque ad mare iter fecit. Ibi noctis
reliquum in piscatoria casula exegit; circa auroram in fluuiatilem
lembum ingressus, de comitibus ingenuos ad se recepit,
seruos abire ad Caesarem bono animo iussit. Inde
oram legens ad iustae magnitudinis onerariam nauim peruenit,
cui praeerat uir quidam Romanus cognomine Peticii, qui
Pompeium de facie nouerat, nihil alioquin admodum cum
eo commercii habuerat. (3) Ei praeterita nocte in somnis
uisus fuerat Pompeius, non qualem saepe uiderat, sed abiectus
et moestus secum colloqui ; idque tum una nauigantibus
insomnium exponebat (sicuti solent homines otiosi huiusmodi
de rebus confabulari), quum subito quidam nautarum
ei dicit, uidere se fluuiatilem lembum a terra remigio adigi,
hominesque quosdam uestes concutere, manusque uersum
ipsos protendere. Peticius itaque confestim inhibito
remigio, Pompeium, qualis ei per insomnium apparuerat,
agnouit, feriensque caput, appendicem nauiculam admouere
iis iussit, manusque intendens Pompeium uocauit, fortunam
uiri ex ipso habitu intelligens. Quare non praestolatus preces
aut orationem Pompeii, eo et quos is iubebat (duo autem
hi erant Lentuli et Fauonius) receptis prouectus est; paullo
post ad ipsos a terra propere contendentem Deiotarum regem
receperunt. Sub tempus coenae, quum nauclerus pro
praesenti copia instruxisset, Fauonius Pompeium cernens
inopia famulorum ipsum soleas soluere, accurrit, eique soluit
et unxit eum, atque in posterum omnia seruitia, ut domini
seruis, usque ad pedum etiam lotionem et coenae administrationem
obiuit, ita ut, si quis ministerii eius liberalitatem inspexisset,
simplicis et ab omni simulatione puri, is utique dicturus fuerit,
"En, omnia ingenuos ut egregie decent".
| [73] LXXIII. Quand Pompée, qui n'avait avec lui que très peu
de personnes, se fut un peu éloigué du camp, il quitta son cheval;
et, ne se voyant pas poursuivi, il marcha lentement, tout entier
aux réflexions qui devaient naturellement occuper
un homme accoutumé depuis trente-quatre ans à
tout subjuguer, et qui, dans sa vieillesse, faisait
la première expérience de la déroute et de la fuite.
Il se demandait à lui-même comment une gloire
et une puissance qui s'étaient toujours accrues par
tant de combats et de victoires, avaient pu s'évanouir
en une heure; comment, après s'être vu naguère
environné de tant de milliers de gens de pied
et de cavaliers, escorté de flottes nombreuses, il
était maintenant si faible, et réduit à un équipage si
simple, que les ennemis mêmes qui le cherchaient,
ne pouvaient le reconnaître. Il passa la ville de Larisse
sans s'y arrêter, et entra dans la vallée de
Tempé, où, pressé par la soif, il se jeta le visage
contre terre, et but dans la rivière. Après s'être
relevé, il traversa la vallée, et se rendit au bord
de la mer. Il passa la nuit dans une cabane de pêcheur;
et dès le point du jour, montant dans un
bateau de rivière avec les personnes de condition
libre qui l'avaient accompagné, il ordonna aux
esclaves de se rendre auprès de César, et de ne rien craindre.
Il cotoyait le rivage, lorsqu'il aperçut un grand vaisseau
de charge prêt à lever l'ancre : il avait pour patron un Romain
qui n'avait jamais eu de rapport avec Pompée, et qui ne le
connaissait que de vue ; il s'appelait Péticius. La nuit
précédente, Pompée lui avait apparu en songe, non
tel qu'il l'avait souvent vu, mais s'entretenant
avec lui dans un état d'humiliation et d'abattement.
Péticius, comme il est d'ordinaire à des
gens désoeuvrés quand ils ont eu des songes sur
quelques objets importants, racontait le sien aux
passagers ; et tout à coup un des matelots lui dit
qu'il apercevait un bateau de rivière qui venait à
eux en forçant de rames , et des hommes qui faisaient
signe avec leurs robes en leur tendant les
mains. Péticius s'étant levé, reconnut d'abord Pompée
tel qu'il l'avait vu en songe, et se frappant la
tête de douleur, il ordonna aux matelots de descendre
l'esquif. En même temps il tendit la main
à Pompée, en l'appelant par son nom, et conjectura,
par l'état dans lequel il le voyait, le changement
de sa fortune. Aussi, sans attendre de sa
part ni prière, ni discours, le reçut-il dans son
vaisseau, et avec lui tous ceux que voulut Pompée,
entre autres les deux Lentulus et Favonius. Il mit
aussitôt à la voile. Peu de temps après ils virent
sur le rivage le roi Déjotarus, qui faisait des signes
pour être aperçu d'eux; et ils le reçurent dans leur
vaisseau. Quand l'heure du repas fut venue, le patron
lui-même l'apprêta avec les provisions qu'il
avait; et Favonius, voyant que Pompée, faute de
domestiques, ôtait lui-même ses habits pour se
baigner, courut à lui, le déshabilla, le mit dans
le bain et le frotta d'huile. Depuis ce moment il ne
cessa d'en avoir soin, et de lui rendre tous les services
qu'un esclave rend à son maître, jusqu'à lui
laver les pieds et lui préparer ses repas. Quelqu'un
voyant avec quelle noblesse et quelle simplicité éloignée
de toute affetcation il s'acquittait de ce service, s'écria :
"Grands dieux! comme tout sied aux âmes généreuses!"
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