HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Pompée

Chapitre 72

  Chapitre 72

[72] Τραπομένων δὲ τούτων, ὡς κατεῖδε τὸν κονιορτὸν Πομπήϊος καὶ τὸ περὶ τοὺς ἱππέας πάθος εἴκασεν, μὲν ἐχρήσατο λογισμῷ χαλεπὸν εἰπεῖν, μάλιστα δὲ ὅμοιος παράφρονι καὶ παραπλῆγι τὴν διάνοιαν, καὶ μηδ´ ὅτι Μάγνος ἐστὶ Πομπήϊος ἐννοοῦντι, μηδένα προσειπὼν ἀπῄει βάδην εἰς τὸν χάρακα, πάνυ τοῖς ἔπεσι πρέπων ἐκείνοις· Ζεὺς δὲ πατὴρ Αἴανθ´ ὑψίζυγος ἐν φόβον ὦρσε· στῆ δὲ ταφών, ὄπιθεν δὲ σάκος βάλεν ἑπταβόειον, τρέσσε δὲ παπτήνας ἐφ´ ὁμίλου. τοιοῦτος εἰς τὴν σκηνὴν παρελθὼν ἄφθογγος καθῆστο, μέχρι οὗ τοῖς φεύγουσι πολλοὶ διώκοντες συνεισέπιπτον· τότε δὲ φωνὴν μίαν ἀφεὶς ταύτην, "Οὐκοῦν καὶ ἐπὶ τὴν παρεμβολήν;" ἄλλο δὲ μηδὲν εἰπών, ἀναστὰς καὶ λαβὼν ἐσθῆτα τῇ παρούσῃ τύχῃ πρέπουσαν ὑπεξῆλθεν. ἔφυγε δὲ καὶ τὰ λοιπὰ τάγματα, καὶ φόνος ἐν τῷ στρατοπέδῳ πολὺς ἐγένετο σκηνοφυλάκων καὶ θεραπόντων· στρατιώτας δὲ μόνους ἑξακισχιλίους πεσεῖν φησιν Ἀσίννιος Πολλίων, μεμαχημένος ἐκείνην τὴν μάχην μετὰ Καίσαρος. Αἱροῦντες δὲ τὸ στρατόπεδον ἐθεῶντο τὴν ἄνοιαν καὶ κουφότητα τῶν πολεμίων. πᾶσα γὰρ σκηνὴ μυρσίναις κατέστεπτο καὶ στρωμναῖς ἀνθιναῖς ἤσκητο καὶ τραπέζαις ἐκπωμάτων μεσταῖς· καὶ κρατῆρες οἴνου προὔκειντο, καὶ παρασκευὴ καὶ κόσμος ἦν τεθυκότων καὶ πανηγυριζόντων μᾶλλον πρὸς μάχην ἐξοπλιζομένων. οὕτω ταῖς ἐλπίσι διεφθαρμένοι καὶ γέμοντες ἀνοήτου θράσους ἐπὶ τὸν πόλεμον ἐχώρουν. [72] LXXII. His fusis Pompeius ubi puluerem uidit et quid equitibus accidisset coniecit, quod secutus consilium sit, difficile dicta est, maxime autem attonito et de potestate rationis deturbato similis neque cogitanti quod Pompeius Magnus esset, neminem allocutus lento gressu in castra abiit. Et omnino in eum uersus hi quadrabant : "Aiaci incussit tunc Iuppiter ipse timorem; Attonitus stetit, atque in dorsum tergora scuti Reiiciens septena boum, late omnia circum Prospiciens, turbamque hominum". Talis tunc Pompeius ut in tentorium uenit, tacitus consedit, donec fugientibus multi hostium instantes una in castra irruperunt. Ibi hac una edita uoce : Ad castrane etiam? nihil praeterea locutus, ueste qualis praesenti fortuna conueniebat indutus, aufugit. Fugam reliquae etiam legiones fecerunt et in castris magna calonum et eorum qui tabernacula custodiebant caedes fuit. Sex modo militum millia cecidisse Asinius Pollio scribit, qui in ea pugna Caesari adfuit. Captis castris amentiam et uanitatem Pompeianorum uiderunt. Omnia enim tabernacula myrto fuerunt coronata, ueste stragula uersicolori exornata, mensae poculis instructae, appositi crateres uini, atque omnino is apparatus, qualis hominum sacrificantium et festos dies agentium est potius quam ad pugnam euntium. Adeo spe perditi et insana temeritate capti, ad bellum accesserant. [72] LXXII. Pompée, voyant la poussière que cette fuite faisait élever, se douta de ce qui était arrivé à sa cavalerie. Il n'est pas facile de conjecturer quelle fut sa pensée dans ce moment; mais il eut l'air d'un homme frappé tout à coup de vertige, et qui a perdu le sens : oubliant qu'il était le grand Pompée, il se retire à petits pas dans son camp, sans rien dire à personne; parfaitement semblable à Ajax, de qui Homère dit : "Mais dans ce même instant le souverain des dieux Au coeur du fier Ajax lance du haut des cieux La crainte et la terreur : tout à coup il s'arrête, S'éloigne, mais sans fuir, tourne souvent la tête, Et, de son bouclier couvrant son large dos, Fixe les ennemis, se retire en héros." Pompée entre de même dans sa tente, et s'y assied en silence, jusqu'à ce que les ennemis, qui poursuivaient les fuyards, étant arrivés à ses retranchements, il s'écrie : « Quoi! jusque dans mon camp?» et, sans ajouter un mot de plus, il se lève, prend une robe convenable à sa fortune présente, et sort sans être vu de personne. Ses autres légions ayant aussi pris la fuite, les ennemis s'emparent du camp, où ils font un grand carnage des valets et des soldats qui étaient restés pour le garder. Car de ceux qui combattirent, il n'y en eut, au rapport d'Asinius Pollion, qui était à cette bataille dans l'armée de César, que six mille de tués. Après que le camp eut été forcé, on vit jusqu'à quel point les ennemis avaient porté la folie et la légèreté : toutes les tentes étaient couronnées de myrtes, les lits couverts d'étoffes précieuses, les tables chargées de vaisselle d'argent et d'urnes pleines de vin; tout annonçait l'appareil d'une fête et les dispositions d'un sacrifice, plutôt que les préparatifs d'un combat : tant, en partant pour l'armée, ils avaient été séduits par les plus vaines espérances, et remplis d'une folle témérité!


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Dernière mise à jour : 30/03/2005