[71] Ὡς δ´ οὖν τὸ Φαρσάλιον πεδίον ἀνδρῶν
καὶ ἵππων καὶ ὅπλων ἀνεπέπληστο καὶ μάχης
ἤρθη παρ´ ἀμφοτέρων σημεῖα, πρῶτος ἐκ τῆς
Καίσαρος φάλαγγος ἐξέδραμε Γάϊος Κρασσιανός,
ἀνδρῶν ἑκατὸν εἴκοσι λοχαγῶν, μεγάλην ἀποδιδοὺς
ὑπόσχεσιν Καίσαρι. πρῶτον γὰρ αὐτὸν
ἐξιὼν τοῦ χάρακος εἶδε, καὶ προσαγορεύσας ἤρετο
πῶς φρονοίη περὶ τῆς μάχης. ὁ δὲ τὴν δεξιὰν
προτείνας ἀνεβόησε· "Νικήσεις λαμπρῶς, ὦ
Καῖσαρ· ἐμὲ δὲ ἢ ζῶντα τήμερον ἢ νεκρὸν ἐπαινέσεις."
τούτων τῶν λόγων μεμνημένος ἐξώρμησε
καὶ συνεπεσπάσατο πολλοὺς καὶ προσέβαλε
κατὰ μέσους τοὺς πολεμίους. γενομένου δὲ τοῦ
ἀγῶνος εὐθὺς ἐν ξίφεσι καὶ πολλῶν φονευομένων,
βιαζόμενον πρόσω καὶ διακόπτοντα τοὺς πρώτους
ὑποστάς τις ὠθεῖ διὰ τοῦ στόματος τὸ ξίφος,
ὥστε τὴν αἰχμὴν περάσασαν ἀνασχεῖν κατὰ τὸ ἰνίον.
Πεσόντος δὲ τοῦ Κρασσιανοῦ, κατὰ τοῦτο μὲν
ἦν ἰσόρροπος ἡ μάχη, τὸ δὲ δεξιὸν ὁ Πομπήϊος οὐ
ταχέως ἐπῆγεν, ἀλλὰ παπταίνων ἐπὶ θάτερα καὶ
τὸ τῶν ἱππέων ἀναμένων ἔργον ἐνδιέτριβεν. ἤδη
δὲ ἐκεῖνοι τοὺς οὐλαμοὺς ἀνῆγον ὡς κυκλωσόμενοι
τὸν Καίσαρα, καὶ τοὺς προτεταγμένους ἱππεῖς
ὀλίγους ὄντας ἐμβαλοῦντες εἰς τὴν φάλαγγα.
Καίσαρος δὲ σημεῖον ἄραντος, οἱ μὲν ἱππεῖς
ἐξανεχώρησαν, αἱ δὲ ἐπιτεταγμέναι σπεῖραι πρὸς
τὴν κύκλωσιν ἐκδραμοῦσαι, τρισχίλιοι ἄνδρες,
ὑπαντιάζουσι τοὺς πολεμίους, καὶ παριστάμενοι
καθ´ ἵππων, ὡς ἐδιδάχθησαν, ὑψηλοῖς ἐχρῶντο
τοῖς ὑσσοῖς, ἐφιέμενοι τῶν προσώπων. οἱ δέ, ἅτε
μάχης πάσης ἄπειροι, τοιαύτην δὲ μὴ προσδοκήσαντες
μηδὲ προμαθόντες, οὐκ ἐτόλμων οὐδὲ ἠνείχοντο
τὰς πληγὰς ἐν ὄμμασι καὶ στόμασιν οὔσας,
ἀλλ´ ἀποστρεφόμενοι καὶ προϊσχόμενοι τῶν
ὄψεων τὰς χεῖρας ἀκλεῶς ἐτράποντο. φευγόντων
δὲ τούτων ἀμελήσαντες οἱ Καίσαρος ἐχώρουν
ἐπὶ τοὺς πεζούς, ᾗ μάλιστα τῶν ἱππέων τὸ κέρας
ἐψιλωμένον περιδρομὴν ἐδίδου καὶ κύκλωσιν.
ἅμα δὲ τούτων ἐκ πλαγίου προσπεσόντων καὶ
κατὰ στόμα τοῦ δεκάτου προσμίξαντος οὐχ
ὑπέμειναν οὐδὲ συνέστησαν, ὁρῶντες ἐν ᾧ κυκλώσεσθαι
τοὺς πολεμίους ἤλπιζον αὑτοὺς τοῦτο πάσχοντας.
| [71] LXXI Posteaquam Pharsalii campi uiris, equis et armis
repleti fuerunt signumque utrimque conflictus datum, primus
ex Caesaris acie procurrit C. Crassianus (Crastinus), manipuli
centum et uiginti uirorum dux, et quod Caesari splendide
promiserat egregie repraesentauit. Etenim quum primus Caesari
castris exeunti uisus, ab osque salutatus et interrogatus
fuisset, quid animi de pugna futura haberet, manu sublata
clamauerat : Victoria magnifica potieris, o Caesar, me autem
uel uiuum hodie uel mortuum laudabis. Huius tunc promissi
memor, impetu facto, multisque suorum secum una
abreptis, in medios hostes irruit. Hic statim pugna ad gladios
perducta multisque caesis, conanti prorumpere et primum
quemque ferienti gladium aliquis in aduersum os ita impulit,
uti mucro per occipitium emineret. Caeso Crassiano (Crastino)
aliquamdiu in ea parte aequalis fuit pugna. Pompeius
autem dextrum cornu non statim mouit, sed alterum
timide circumspectans quid equites acturi essent intentus
morabatur. Iam tum ii turmas explicuerant, uti Caesarem
cingerent, paucisque obiectis hostium equitibus pulsis, pedestrem
aciem inuadebant. At ubi Caesar signum dedit,
equitibus sese recipientibus, cohortes subsidiariae (erant
tria uirorum millia), ut circumdari aciem prohiberent, procurrere,
et singuli ad singulos equos subsistentes, directis,
ut moniti fuerant, in sublime pilis uultus eorum impetierunt.
Sed Pompeiani equites omnis pugnae rudes, ad hanc
uero neque exspectatione neque disciplina instructi, non
sustinuerunt ictus in oculos oraque ingestos, sed auersi et
manibus facies tegentes turpiter in fugam sese dederunt.
Fugientes Caesariani omiserunt et in peditatum qua is maxime
nudatus equitum ala et circumuentu facilis erat, irruerunt
atque simul his ex obliquo ingruentibus, a fronte decima
legio inuasit, non subsistentes, neque ordines acie
seruantes, quum uiderent, interea dum se circumuenturos
hostem putauerant, sibi ipsis id accidisse.
| [71] LXXI. Dès que la plaine de Pharsale fut couverte
d'hommes, d'armes et de chevaux, et que dans
les deux armées on eut donné le signal de la charge,
on vit courir le premier à l'ennemi, du côté de
César, Caïus Grassianus, qui, à la tête d'une
compagnie de cent vingt hommes, se montrait jaloux
de tenir tout ce qu'il avait promis à son général.
César l'avait rencontré le premier en sortant du
camp; et l'ayant salué par son nom, il lui demanda
ce qu'il pensait de la bataille. Grassianus lui ten-
dant la main : «César, lui dit-il, vous la gagnerez avec gloire,
et vous me louerez aujourd'hui mort ou vif.» Il se souvenait
de cette parole; et, s'élançant le premier hors des rangs, il
entraîne avec lui plusieurs de ses camarades, et se
précipite au milieu des ennemis. On en vint là tout
de suite aux épées, et le combat y fut sanglant.
Grassianus poussait toujours en avant, et faisait main basse
sur tous ceux qui lui résistaient; mais, enfin, un soldat ennemi,
l'attendant de pied ferme, lui enfonce son épée dans la bouche
avec tant de force, que la pointe sortit par la nuque
du cou. Grassianus tomba mort; mais le combat
se soutint en cet endroit avec un égal avantage.
Pompée, au lieu de faire charger promptement
son aile droite, jetait les yeux de côté et d'autre
pour voir ce que ferait sa cavalerie, et par là il
perdit un temps précieux. Déjà cette cavalerie
étendait ses escadrons afin d'envelopper César, et
de repousser sur son infanterie le peu de gens de
cheval qu'il avait. Mais César ayant élevé le signal
dont il était convenu, ses cavaliers s'ouvrent,
et les cohortes qu'il avait cachées derrière sa dixième
légion, au nombre de trois mille hommes,
courent au-devant de la cavalerie de Pompée pour
l'empêcher de les tourner, la joignent de près, et
dressant la pointe de leurs javelots, suivant l'ordre
qu'ils en avaient reçu, ils portent leurs coups
au visage. Ces jeunes gens, qui ne s'étaient jamais
trouvés à aucun combat, et qui s'attendaient encore
moins à ce genre d'escrime, dont ils n'avaient pas
même l'idée, n'ont pas le courage de soutenir les coups
qu'on leur porte aux yeux : ils détournent la tête, se
couvrent le visage avec les mains, et prennent honteusement
la fuite. Les soldats de César ne daignent pas même les
poursuivre, et courent charger l'infanterie de cette aile,
qui, dénuée de sa cavalerie, était facile à envelopper;
ils la prennent en flanc, pendant que la dixième légion la
chargeait de front. Elle ne soutint pas longtemps ce double
choc; et se voyant elle-même enveloppée, au lieu de tourner
les ennemis comme elle l'avait espéré, elle abandonna
le champ de bataille.
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