[70] Ἤδη δὲ συνθήματος διδομένου παρὰ
ἀμφοτέρων καὶ τῆς σάλπιγγος ἀρχομένης ἐγκελεύεσθαι
πρὸς τὴν σύστασιν, τῶν μὲν πολλῶν
ἕκαστος ἐσκόπει τὸ καθ´ αὑτόν, ὀλίγοι δὲ Ῥωμαίων
οἱ βέλτιστοι καί τινες Ἑλλήνων παρόντες
ἔξω τῆς μάχης, ὡς ἐγγὺς ἦν τὸ δεινόν, ἐλογίζοντο
τὴν πλεονεξίαν καὶ φιλονεικίαν, ὅπου φέρουσα
τὴν ἡγεμονίαν ἐξέθηκεν. ὅπλα γὰρ συγγενικὰ
καὶ τάξεις ἀδελφαὶ καὶ κοινὰ σημεῖα καὶ μιᾶς
πόλεως εὐανδρία τοσαύτη καὶ δύναμις αὐτὴ πρὸς
ἑαυτὴν συνέπιπτεν, ἐπιδεικνυμένη τὴν ἀνθρωπίνην
φύσιν, ὡς ἐν πάθει γενομένη τυφλόν ἐστι
καὶ μανιῶδες. ἦν μὲν γὰρ ἤδη καθ´ ἡσυχίαν
χρῄζουσιν ἄρχειν καὶ ἀπολαύειν τῶν κατειργασμένων
τὸ πλεῖστον καὶ κράτιστον ἀρετῇ γῆς καὶ
θαλάσσης ὑπήκοον, ἦν δ´ ἔτι τροπαίων καὶ θριάμβων
ἔρωτι βουλομένους χαρίζεσθαι καὶ διψῶντας
ἐμπίπλασθαι Παρθικῶν πολέμων ἢ Γερμανικῶν.
πολὺ δὲ καὶ Σκυθία λειπόμενον ἔργον καὶ Ἰνδοί,
καὶ πρόφασις οὐκ ἄδοξος ἐπὶ ταῦτα τῆς πλεονεξίας
ἡμερῶσαι τὰ βαρβαρικά. τίς δ´ ἂν ἢ
Σκυθῶν ἵππος ἢ τοξεύματα Πάρθων ἢ πλοῦτος
Ἰνδῶν ἐπέσχε μυριάδας ἑπτὰ Ῥωμαίων ἐν ὅπλοις
ἐπερχομένας Πομπηΐου καὶ Καίσαρος ἡγουμένων,
ὧν ὄνομα πολὺ πρότερον ἤκουσαν ἢ τὸ Ῥωμαίων;
οὕτως ἄμικτα καὶ ποικίλα καὶ θηριώδη φῦλα
νικῶντες ἐπῆλθον. τότε δὲ ἀλλήλοις μαχούμενοι
συνῄεσαν, οὐδὲ τὴν δόξαν αὑτῶν, δι´ ἣν τῆς
πατρίδος ἠφείδουν, οἰκτείραντες, ἄχρι τῆς ἡμέρας
ἐκείνης ἀνικήτων προσαγορευομένων. ἡ μὲν γὰρ
γενομένη συγγένεια καὶ τὰ Ἰουλίας φίλτρα καὶ
γάμος ἐκεῖνος εὐθὺς ἦν ἀπατηλὰ καὶ ὕποπτα
κοινωνίας ἐπὶ χρείᾳ συνισταμένης ὁμηρεύματα,
φιλίας δ´ ἀληθινῆς οὐ μετέσχεν.
| [70] LXX. Quum utrimque signum pugnae datum esset classicumque
arma expedire monuisset, gregarii milites singuli
de se erant solliciti, pauci ex optimatibus Romani, quidamque
Graeci spectatores pugnae, quum iamiam conflicturae
essent acies, reputauerunt quem in locum cupiditas pertinaciaque
imperium Romanum deduxissent. Erant et arma
cognata et ordines germani et communia signa, uniusque
urbis uirtus et potentia in se ipsam conuertebatur, ostendens
quam caeca et insana sit humana natura, quum affectibus
fertur. Poterat enim uterque ducum quietus iam imperare
et frui partis; nam quod terra marique indole sua
optimum praestantissimumque fuit, id habebant subditum atque
pacatum. Sin cupiditati tropaeorum et triumphorum siti
indulgendum putassent, licebat eam Parthicis aut Germanicis
bellis restinguere. Restabant etiam Scythia et Indi,
quas barbaras gentes uelle cicurare haud erat inglorius cupiditatis
praetextus. Quis enim Scytharum equitatus, aut
Parthorum sagittae, aut Indorum diuitiae septuaginta armatis
Romanorum millibus restitisset, idque Pompeio et Caesare
ducibus, quorum nomina prius quam Romanorum audierant?
adeo inaccessas ii multas ferasque gentes uincendo
peragrauerant. Ii tum ad depugnandum inter se coibant,
ne gloriam quidem suam, propter quam patriam in id malorum
coniecerant, miserati, quum eum usque ad diem uterque
inuicti cognomen tenuisset. Nam affinitatem illam et
Iuliae amorem nuptiasque statim ab initio apparuit fraudem
esse dubiaeque fidei et uerae amicitiae expertis ac necessitatis
causa initae societatis obligationem.
| [70] LXX. Dès que les trompettes eurent donné de
part et d'autre le signal du combat, chacun, dans
cette grande multitude, ne songea qu'à ce qu'il
avait à faire personnellement; mais un petit nombre
des plus vertueux d'entre les Romains, et quelques
Grecs qui se trouvaient sur les lieux, hors
du champ de bataille, en voyant arriver l'instant
décisif, se mirent à réfléchir sur la situation affreuse
où l'empire romain se trouvait réduit, par
l'avarice et l'ambition de ces deux rivaux. C'étaient
des deux côtés les mêmes armes, la même ordonnance
de bataille, des enseignes semblables, la
fleur des guerriers d'une même ville; enfin, une
seule puissance qui, prête à se heurter elle-même,
allait donner le plus terrible exemple de l'aveuglement
et de la fureur dont la nature humaine
est capable quand la passion la maîtrise. Si, contents
de jouir de leur gloire, ils avaient voulu
commander au sein de la paix, n'auraient-ils pas
eu, et sur terre et sur mer, la plus grande et la
meilleure partie de l'univers soumise à leur autorité?
ou s'ils voulaient satisfaire cet amour des
trophées et des triomphes, et en étancher la soif,
n'avaient-ils pas à dompter les Parthes et les Germains?
La Scythie et les Indes n'ouvraient-elles
pas un vaste champ à leurs exploits? N'avaient-ils
pas un prétexte honnête de leur déclarer la guerre,
en couvrant leur ambition du dessein de civiliser
ces nations barbares? Et quelle cavalerie scythe,
quelles flèches des Parthes, quelles richesses des
Indiens, auraient pu soutenir l'effort de soixante-dix
mille Romains armés, commandés par César
et Pompée, dont ces peuples avaient connu les
noms avant celui des Romains? tant ces deux généraux
avaient porté loin leurs victoires! tant ils
avaient dompté de nations sauvages et barbares;
mais alors ils étaient sur le même champ de bataille
pour combattre l'un contre l'autre, sans être touchés
du danger de leur gloire, à laquelle ils sacrifiaient
jusqu'à leur patrie, et qu'ils allaient déshonorer
l'un ou l'autre en perdant le titre d'invincible; car
l'alliance qu'ils avaient contractée, les charmes de
Julie et son mariage, avaient été plutôt les otages
suspects et trompeurs d'une société dictée par l'intérêt,
que les liens d'une amitié véritable.
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