| [67] Ταῦτα ψηφισάμενος ἐδίωκε Καίσαρα,
 μάχης μὲν ἐγνωκὼς ἀπέχεσθαι, πολιορκεῖν δὲ
 καὶ τρίβειν ταῖς ἀπορίαις ἐγγύθεν ἐπακολουθῶν.
 καὶ γὰρ ἄλλως ταῦτα συμφέρειν ἡγεῖτο, καὶ
 λόγος τις εἰς αὐτὸν ἧκεν ἐν τοῖς ἱππεῦσι φερόμενος,
 ὡς χρὴ τάχιστα τρεψαμένους Καίσαρα
 συγκαταλύειν κἀκεῖνον αὐτόν. ἔνιοι δέ φασι
 διὰ τοῦτο καὶ Κάτωνι μηδὲν ἄξιον σπουδῆς χρήσασθαι
 Πομπήϊον, ἀλλὰ καὶ πορευόμενον ἐπὶ
 Καίσαρα πρὸς θαλάσσῃ καταλιπεῖν ἐπὶ τῆς
 ἀποσκευῆς, φοβηθέντα μὴ Καίσαρος ἀναιρεθέντος
 ἀναγκάσῃ κἀκεῖνον εὐθὺς ἀποθέσθαι τὴν
 ἀρχήν. οὕτω δὲ παρακολουθῶν ἀτρέμα τοῖς
 πολεμίοις ἐν αἰτίαις ἦν καὶ καταβοήσεσιν ὡς οὐ
 Καίσαρα καταστρατηγῶν, ἀλλὰ τὴν πατρίδα καὶ
 τὴν βουλήν, ὅπως διὰ παντὸς ἄρχῃ καὶ μηδέποτε
 παύσηται τοῖς ἀξιοῦσι τῆς οἰκουμένης ἄρχειν
 χρώμενος ὑπηρέταις καὶ δορυφόροις. Δομέτιος
 δὲ αὐτὸν Ἀηνόβαρβος Ἀγαμέμνονα καλῶν καὶ
 βασιλέα βασιλέων ἐπίφθονον ἐποίει. καὶ Φαώνιος
 οὐχ ἧττον ἦν ἀηδὴς τῶν παρρησιαζομένων
 ἀκαίρως ἐν τῷ σκώπτειν, "Ἄνθρωποι," βοῶν,
 "οὐδὲ τῆτες ἔσται τῶν ἐν Τουσκλάνῳ σύκων
 μεταλαβεῖν;" Λεύκιος δὲ Ἀφράνιος ὁ τὰς ἐν
 Ἰβηρίᾳ δυνάμεις ἀποβαλὼν ἐν αἰτίᾳ προδοσίας
 γεγονώς, τότε δὲ τὸν Πομπήϊον ὁρῶν φυγομαχοῦντα,
 θαυμάζειν ἔλεγε τοὺς κατηγοροῦντας αὐτοῦ,
 πῶς πρὸς τὸν ἔμπορον τῶν ἐπαρχιῶν οὐ μάχονται προελθόντες.
 Ταῦτα καὶ τὰ τοιαῦτα πολλὰ λέγοντες ἄνδρα
 δόξης ἥττονα καὶ τῆς πρὸς τοὺς φίλους αἰδοῦς
 τὸν Πομπήϊον ἐξεβιάσαντο καὶ συνεπεσπάσαντο
 ταῖς ἑαυτῶν ἐλπίσι καὶ ὁρμαῖς ἐπακολουθῆσαι,
 προέμενον τοὺς ἀρίστους λογισμούς, ὅπερ οὐδὲ
 πλοίου κυβερνήτῃ, μήτιγε τοσούτων ἐθνῶν καὶ
 δυνάμεων αὐτοκράτορι στρατηγῷ παθεῖν ἦν προσῆκον.
 ὁ δὲ τῶν μὲν ἰατρῶν τοὺς μηδέποτε
 χαριζομένους ταῖς ἐπιθυμίαις ἐπῄνεσεν, αὐτὸς δὲ
 τῷ νοσοῦντι τῆς στρατιᾶς ἐνέδωκε, δείσας ἐπὶ
 σωτηρίᾳ λυπηρὸς γενέσθαι. πῶς γὰρ ἄν τις
 φήσειεν ὑγιαίνειν ἐκείνους τοὺς ἄνδρας, ὧν οἱ
 μὲν ὑπατείας ἤδη καὶ στρατηγίας ἐν τῷ στρατοπέδῳ
 περινοστοῦντες ἐμνῶντο, Σπινθῆρι δὲ καὶ
 Δομετίῳ καὶ Σκηπίωνι περὶ τῆς Καίσαρος ἀρχιερωσύνης
 ἔριδες ἦσαν καὶ φιλονεικίαι καὶ
 δεξιώσεις; ὥσπερ αὐτοῖς Τιγράνου τοῦ Ἀρμενίου
 παραστρατοπεδεύοντος ἢ τοῦ Ναβαταίων βασιλέως,
 ἀλλ´ οὐ Καίσαρος ἐκείνου καὶ τῆς δυνάμεως
 ᾗ χιλίας μὲν ᾑρήκει πόλεις κατὰ κράτος,
 ἔθνη δὲ πλείονα τριακοσίων ὑπῆκτο, Γερμανοῖς
 δὲ καὶ Γαλάταις μεμαχημένος ἀήττητος ὅσας
 οὐκ ἄν τις ἀριθμήσαι μάχας ἑκατὸν μυριάδας
 αἰχμαλώτων ἔλαβεν, ἑκατὸν δὲ ἀπέκτεινε τρεψάμενος
 ἐκ παρατάξεως.
 | [67] LXVII. Hoc ita decreto Caesarem statuit persequi, certus 
 
animi praelio non congredi, sed proxime inhaerens penuria 
 
eum oppugnare atque conficere ; tum quod ita ex usu esse 
 
sentiret, tum quod rumor ad eum allatus erat, sparsus 
 
inter Equites, statim profligato Caesare Pompeium quoque 
 
esse opprimendum. Quidam perhibent eum propterea 
 
Catonis quoque opera nulla magna in re usum et, quum ad 
 
persequendum Caesarem proficisceretur, ad mare eum 
 
custodiendorum impedimentorum causa reliquisse, quod metueret 
 
ne is occiso Caesare statim ipsum quoque imperio se 
 
abdicare cogeret. Itaque hostium uestigiis ita per otium 
 
inhaerens, obtrectationibus aduersisque clamoribus locum
 
dedit, ac si id consilium non Caesaris, sed patriae et senatus 
 
decipiendi causa suscepisset, uti semper cum imperio esset, 
 
atque iis qui sibi in orbem terrarum imperium arrogarent, 
 
famulis stipatoribusque uteretur. Domitius etiam Ahenobarbus 
 
inuidiam ei conflauit, Agamemnona identidem et 
 
regem regum nominando. Fauonii quoque intempestiua 
 
dicacitas non minus quam aliorum liberae uoces molesta 
 
fuit, uociferantis crebro : Ne hoc quidem anno, o uiri, licebit 
 
nobis ficulus Tusculanis uesci? Et L. Afranius, qui 
 
in Hispania copias amiserat proditionisque eo nomine insimulabatur, 
 
quum Pompeium pugnam subterfugere uideret, 
 
mirari se dicebat, cur accusatores sui non ad pugnandum 
 
contra emptorem prouinciarum procederent.  Haec illi 
 
multaque id genus alia dictitantes Pompeium, existimationis 
 
retinendae cupidum amicorumque uerecundia uictum, 
 
expugnarunt et impulerunt ut optimis consiliis omissis, 
 
uoluntates eorum spesque sequeretur; quod sane uel nauis 
 
gubernatori indecorum erat facere, nedum tot gentium 
 
exercituumque imperatori ; atque is medicos laudare solitus, 
 
qui nihil unquam aegroti cupiditatibus quicquam indulsissent, 
 
aegris expeditionis ducibus concessit, metuens ne salutem 
 
afferendo molestus esset. Sanos enim illos ego 
 
nequaquam censuero, qui in castris obambulantes, iam 
 
tum consulatus et praeturas ambiebant; et quidem Spinther, 
 
Domitius et Scipio de pontificatu Caesaris maximo litigabant 
 
et suffragia iam tum aucupabantur, quasi uero Tigranem 
 
hostem oppositum haberent, aut regem Nabataeorum, non 
 
Caesarem iis cum copiis, cum quibus mille urbes expugnauerat, 
 
populos trecentis plures domuerat, cum Germanisque 
 
et Gallis inuictus depugnauerat innumerabiliaque proelia fecerat, 
 
decies centena millia captiuorum abduxerat, totidem 
 
signis collatis fusos interfecerat.
 
 | [67] LXVII. Son avis ayant prévalu, il se mit à la poursuite 
de César, résolu d'éviter le combat, mais de le tenir assiégé, 
de le ruiner par la disette, en s'attachant à le suivre de près : 
outre qu'il regardait ce parti comme le plus utile, 
on lui avait rapporté que les chevaliers avaient dit 
entre eux qu'il fallait se défaire promptement de 
César, pour se débarrasser tout de suite après de 
Pompée. Ce fut même, dit-on, pour cela qu'il 
ne donna à Caton aucune commission importante; 
lorsqu'il marcha contre César, il le laissa sur la 
côte pour garder les bagages, craignant qu'après que César serait 
vaincu, Caton ne le forçât lui-même à déposer le commandement.
Quand on le vit ainsi poursuivre tranquillement les ennemis, 
on se plaignit hautement de lui, on l'accusa de faire la guerre, 
non à César, mais à sa patrie et au sénat, afin de se perpétuer 
dans le commandement, et d'avoir toujours auprès 
de lui, pour satellites et pour gardes, ceux qui devaient 
commander à l'univers entier. Domitius 
Ahenobarbus, en ne l'appelant jamais qu'Agamemnon, 
et roi des rois, excitait contre lui l'envie. 
Favonius le blessait autant par ses plaisanteries 
que les autres par une trop grande liberté. 
«Mes amis, criait-il à tout moment, vous ne mangerez 
pas cette année des figues de Tusculum.» Lucius 
Afranius, celui qui avait perdu les troupes d'Espagne, 
et qui était accusé de trahison, voyant 
Pompée éviter le combat, s'étonnait que ses accusateurs 
n'osassent pas se présenter, pour attaquer un homme qui 
trafiquait des provinces. Pompée, trop sensible à ces propos, 
dominé d'ailleurs par l'amour de la gloire, et par une honte 
ridicule qui le soumettait aux désirs de ses amis, se laissa 
entraîner par leurs espérances, et renonça aux 
vues sages qu'il avait suivies jusqu'alors : faiblesse 
qui eût été inexcusable dans un simple pilote, à 
plus forte raison dans un général qui commandait 
à tant de nations et à de si grandes armées. Il louait 
ces médecins qui n'accordent jamais rien aux désirs 
déréglés de leurs malades; et lui-même cédait à la 
partie la moins saine de ses partisans, par la crainte 
de leur déplaire dans une occasion où il s'agissait 
de leur vie. Peut-on regarder en effet comme des 
esprits sains des hommes, dont les uns, en se 
promenant dans le camp, songeaient à briguer les 
consulats et les prétures? les autres, tels que Spinther, 
Domitius et Scipion, disputaient entre eux 
avec chaleur, et cabalaient pour la charge de souverain 
pontife, dont César était revêtu : on eût 
dit qu'ils n'avaient à combattre que contre un 
Tigrane, roi d'Arménie, ou un roi des Nabathéens, 
et non pas contre ce César et contre cette armée 
qui avaient pris d'assaut un millier de villes, 
dompté plus de trois cents nations, gagné contre 
les Germains et les Gaulois, sans jamais avoir été vaincu, 
des batailles innombrables, fait un million de prisonniers, 
et tué un pareil nombre d'ennemis en bataille rangée.
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