HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Pompée

Chapitre 66

  Chapitre 66

[66] Ἐπὶ τούτῳ μέγα φρονήσαντες οἱ Πομπηΐου διὰ μάχης ἔσπευδον κριθῆναι. Πομπήϊος δὲ τοῖς μὲν ἔξω βασιλεῦσι καὶ στρατηγοῖς καὶ πόλεσιν ὡς νενικηκὼς ἔγραφε, τὸν δὲ τῆς μάχης κίνδυνον ὠρρώδει, τῷ χρόνῳ καὶ ταῖς ἀπορίαις καταπολεμήσειν νομίζων ἄνδρας ἀμάχους μὲν ἐν τοῖς ὅπλοις καὶ συνειθισμένους νικᾶν μετ´ ἀλλήλων πολὺν ἤδη χρόνον, πρὸς δὲ τὴν ἄλλην στρατείαν καὶ πλάνας καὶ μεταβάσεις καὶ τάφρων ὀρύξεις καὶ τειχῶν οἰκοδομίας ἀπαγορεύοντας ὑπὸ γήρως, καὶ διὰ τοῦτο ταῖς χερσὶν ἐμφῦναι τάχιστα καὶ συμπλακῆναι σπεύδοντας. οὐ μὴν ἀλλὰ πρότερον ἁμῶς γέ πως παρῆγε πείθων τοὺς περὶ αὐτὸν ἀτρεμεῖν Πομπήϊος· ἐπεὶ δὲ μετὰ τὴν μάχην Καῖσαρ ὑπὸ τῶν ἀποριῶν ἀναστὰς ἐβάδιζε δι´ Ἀθαμάνων εἰς Θετταλίαν, οὐκέτι καθεκτὸν ἦν τὸ φρόνημα τῶν ἀνδρῶν, ἀλλὰ φεύγειν Καίσαρα βοῶντες οἱ μὲν ἀκολουθεῖν καὶ διώκειν ἐκέλευον, οἱ δὲ διαβαίνειν εἰς Ἰταλίαν, οἱ δὲ θεράποντας εἰς Ῥώμην καὶ φίλους ἔπεμπον οἰκίας προκαταληψομένους ἐγγὺς ἀγορᾶς ὡς αὐτίκα μετιόντες ἀρχάς. ἐθελονταὶ δὲ πολλοὶ πρὸς Κορνηλίαν ἔπλεον εἰς Λέσβον εὐαγγελιζόμενοι πέρας ἔχειν τὸν πόλεμον· ἐκεῖ γὰρ αὐτὴν ὑπεξέπεμψεν Πομπήϊος. Ἀθροισθείσης δὲ βουλῆς Ἀφράνιος μὲν ἀπεφαίνετο γνώμην ἔχεσθαι τῆς Ἰταλίας, ταύτην γὰρ εἶναι τοῦ πολέμου τὸ μέγιστον ἆθλον, προστιθέναι δὲ τοῖς κρατοῦσιν εὐθὺς Σικελίαν, Σαρδόνα, Κύρνον, Ἰβηρίαν, Γαλατίαν ἅπασαν· ἧς τε δὴ πλεῖστος λόγος Πομπηΐῳ πατρίδος ὀρεγούσης χεῖρας ἐγγύθεν, οὐ καλῶς ἔχειν περιορᾶν προπηλακιζομένην καὶ δουλεύουσαν οἰκέταις καὶ κόλαξι τυράννων. αὐτὸς δὲ Πομπήϊος οὔτε πρὸς δόξαν ἡγεῖτο καλὸν αὑτῷ δευτέραν φυγὴν φεύγειν Καίσαρα καὶ διώκεσθαι, τῆς τύχης διώκειν διδούσης, οὔτε ὅσιον ἐγκαταλιπεῖν Σκηπίωνα καὶ τοὺς περὶ τὴν Ἑλλάδα καὶ Θετταλίαν ἄνδρας ὑπατικούς, εὐθὺς ὑπὸ Καίσαρι γενησομένους μετὰ χρημάτων καὶ δυνάμεων μεγάλων, τῆς δὲ Ῥώμης μάλιστα κήδεσθαι τὸν ἀπωτάτω πολεμοῦντα περὶ αὐτῆς, ὅπως ἀπαθὴς κακῶν οὖσα καὶ ἀνήκοος περιμένῃ τὸν κρατοῦντα. [66] LXVI. Proinde hoc elati successu Pompeiani, proelio decernere festinabant. At Pompeius, tametsi absentibus regibus, ducibus et urbibus scripsisset se uictoria potitum, pugnae tamen periculum formidabat, statuebatque tempore et penuria debellare homines armis quidem inuictos, et qui uincere simul multis iam annis consueuissent, sed qui ad cetera militiae onera, quum hinc inde proficiscendum et uagandum, fossae agendae, muniendae urbes essent, prae senectute animos despondissent, ideoque manum conserere quamprimum cuperent. His rationibus ab initio utcumque suadendo suos adduxerat uti quiescerent; sed ubi Caesar secundum eam pugnam penuria compulsus mouit ac per Athamanes in Thessaliam profectus est, non iam compesci porro temeritas Pompeianorum potuit, quin fugere Caesarem clamantes, partim insequi eum, partim ire in Italiam iuberent. Fuerunt qui seruos et amicos Romam mitterent, aedes foro uicinas occupatum, tanquam mox magistratus petituri. Quidam sua sponte ad Corneliam, quam in Lesbum emiserat Pompeius, nauigarunt, confectum esse bellum nuntiantes. Aduocato senatu Afranius consuluit Italiam arripiendam esse, maximum scilicet eius belli praemium : hanc tenentibus statim accessuram Siciliam, Sardiniam, Corsicam, Galliam omnem; et patriam, cuius potissimum habenda sit ratio, ex propinquo iam manus protendentem, minime negligendam Pompeio, neque ferendum ut ea contumeliis pressa tyrannorum seruis et adulatoribus porro seruiat. Pompeius neque gloriosum sibi fore dixit, si Caesarem denuo fugeret ab eoque premeretur, cuius insequendi fortuna sibi locum dedisset, neque pium esse Scipionem uirosque in Graecia et Thessalia consulares destituere, statim cum copiis et opibus magnis in potestatem Caesaris uenturos; Romae autem curam uel maxime gerere, qui praestet ei, uti bello quam longissime remoto ea interim illaesa uictorem exspectet. [66] LXVI. Ce premier avantage inspira tant de confiance aux troupes de Pompée, qu'elles voulurent terminer promptement la guerre par une action générale. Pompée lui-même écrivit aux rois, aux officiers et aux villes de son parti, comme s'il était déjà vainqueur : il redoutait cependant l'issue d'une bataille, et penchait plutôt à miner par le temps et par les fatigues des hommes invincibles sous les armes, accoutumés depuis longtemps à toujours vaincre, quand ils combattaient ensemble; mais qui, hors d'état par leur vieillesse de soutenir les autres travaux de la guerre, de faire de longues marches, de décamper tous les jours, de creuser des tranchées, d'élever les fortifications, devaient être pressés d'en venir aux mains, et de tout terminer par une bataille. Malgré tous ces motifs, Pompée eut bien de la peine à persuader à ses troupes de se tenir tranquilles; mais lorsque César, réduit par le dernier combat à une disette extrême, eut décampé pour gagner la Thessalie, par le pays de Athamanes, il ne fut plus possible à Pompée de contenir la fierté de ses soldats; ils se mirent à crier que César s'enfuyait, et demandèrent, les uns qu'on se mît à sa poursuite, les autres qu'on retournât en Italie; quelques-uns même envoyèrent leurs amis ou leurs domestiques à Rome, pour y retenir les maisons les plus voisines de la place, dans l'espoir de briguer bientôt les charges. Plusieurs enfin firent voile vers Lesbos, où Pompée avait fait passer Cornélie, afin de lui apprendre que la guerre était terminée. Le sénat s'étant assemblé pour délibérer sur ces différentes propositions, Afranius ouvrit l'avis de regagner l'Italie, dont la possession était le plus grand prix de cette guerre, et entraînerait celle de la Sicile, de la Sardaigne, de la Corse, de l'Espagne, et de toutes les Gaules : ce qui devait, ajouta-t-il, toucher encore plus Pompée, c'était que la patrie lui tendant de si près les mains, il serait honteux de la laisser en proie aux esclaves et aux flatteurs des tyrans, qui l'accablaient d'outrages, et la réduisaient à la plus indigne servitude; mais Pompée eût cru flétrir sa réputation en fuyant une seconde fois, et s'exposant à être poursuivi par César, quand la fortune lui donnait le moyen de le poursuivre; d'un autre côté, il trouvait injuste d'abandonner Scipion et les autres personnages consulaires, qui, répandus dans la Grèce et dans la Thessalie, tomberaient aussitôt au pouvoir de César, avec des trésors et des troupes considérables; que le plus grand soin qu'on pût prendre de Rome, c'était de combattre pour elle le plus loin de ses murs qu'il serait possible; et de la préserver des maux de la guerre, afin qu'éloignée même du bruit des armes, elle attendît paisiblement le vainqueur.


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Dernière mise à jour : 30/03/2005