| [64] Ἐν δὲ τῷ χρόνῳ τούτῳ μεγάλη συνέστη
 Πομπηΐῳ δύναμις, ἡ μὲν ναυτικὴ καὶ παντελῶς
 ἀνανταγώνιστος (ἦσαν γὰρ αἱ μάχιμοι πεντακόσιαι,
 λιβυρνίδων δὲ καὶ κατασκόπων ὑπερβάλλων
 ἀριθμός), ἱππεῖς δέ, Ῥωμαίων καὶ
 Ἰταλῶν τὸ ἀνθοῦν, ἑπτακισχίλιοι, γένεσι καὶ
 πλούτῳ καὶ φρονήμασι διαφέροντες· τὴν δὲ πεζὴν
 σύμμικτον οὖσαν καὶ μελέτης δεομένην ἐγύμναζεν
 ἐν Βεροίᾳ καθήμενος οὐκ ἀργός, ἀλλ´ ὥσπερ
 ἀκμάζοντι χρώμενος αὑτῷ πρὸς τὰ γυμνάσια.
 μεγάλη γὰρ ἦν ῥοπὴ πρὸς τὸ θαρρεῖν τοῖς ὁρῶσι
 Πομπήϊον Μάγνον ἑξήκοντα μὲν ἔτη δυεῖν λείποντα
 γεγενημένον, ἐν δὲ τοῖς ὅπλοις ἁμιλλώμενον
 πεζόν, εἶτα ἱππότην αὖθις ἑλκόμενόν τε τὸ ξίφος
 ἀπραγμόνως θέοντι τῷ ἵππῳ καὶ κατακλείοντα
 πάλιν εὐχερῶς, ἐν δὲ τοῖς ἀκοντισμοῖς οὐ μόνον
 ἀκρίβειαν, ἀλλὰ καὶ ῥώμην ἐπιδεικνύμενον εἰς
 μῆκος, ὃ πολλοὶ τῶν νέων οὐχ ὑπερέβαλλον.
 ἐπεφοίτων δὲ καὶ βασιλεῖς ἐθνῶν καὶ δυνάσται,
 καὶ τῶν ἀπὸ Ῥώμης ἡγεμονικῶν ἀριθμὸς ἦν
 ἐντελοῦς βουλῆς περὶ αὐτόν. ἦλθε δὲ καὶ
 Λαβιηνὸς ἀπολιπὼν Καίσαρα φίλος γεγονὼς
 καὶ συνεστρατευμένος ἐν Γαλατίᾳ, καὶ Βροῦτος,
 υἱὸς ὢν Βρούτου τοῦ περὶ Γαλατίαν σφαγέντος,
 ἀνὴρ μεγαλόφρων καὶ μηδέποτε Πομπήϊον προσειπὼν
 μηδὲ ἀσπασάμενος πρότερον ὡς φονέα
 τοῦ πατρός, τότε δὲ ὡς ἐλευθεροῦντι τὴν Ῥώμην
 ὑπέταξεν ἑαυτόν. Κικέρων δέ, καίπερ ἄλλα
 γεγραφὼς καὶ βεβουλευμένος, ὅμως κατῃδέσθη
 μὴ γενέσθαι τοῦ προκινδυνεύοντος ἀριθμοῦ τῆς
 πατρίδος. ἦλθε δὲ καὶ Τίδιος Σέξτιος, ἐσχατόγηρως
 ἀνὴρ θάτερον πεπηρωμένος σκέλος, εἰς
 Μακεδονίαν· ὃν τῶν ἄλλων γελώντων καὶ χλευαζόντων,
 ὁ Πομπήϊος ἰδὼν ἐξανέστη καὶ προσέδραμε,
 μέγα νομίζων μαρτύριον εἶναι καὶ τοὺς
 παρ´ ἡλικίαν καὶ παρὰ δύναμιν αἱρουμένους τὸν
 μετ´ αὐτοῦ κίνδυνον ἀντὶ τῆς ἀσφαλείας.
 | [64] LXIV. Interim magnae ad Pompeium conuenerunt copiae;
 
classis plane inuicta, in qua praeter quingentas ad proelium 
 
instructas naues, liburnarum et speculatoriorum nauigiorum 
 
ingens erat numerus; equites Romani et Itali septem millia, 
 
flos hominum genere, diuitiis audaciaque praestantium. 
 
Peditatum autem commixtum et exercitatione opus habentem 
 
Beroeae instituebat, non otiosus ibi desidens, sed iuuenis 
 
in morem exercitationibus deditus. Magnum enim
 
ad audaciam momentum ipse afferebat, quum natus annos 
 
duodesexaginta cerneretur pedes in armis certare, deinde
 
eques prompte stringere gladium currente equo et in uaginam 
 
nullo labore recondere; in iaculationibus non certitudinem 
 
modo ostendere, sed eminus iacere tanta ui, ut 
 
multi iuuenum superare non possent.  Concesserunt ad 
 
eum reges quoque et reguli principumque ex urbe uirorum 
 
tantus numerus, ut perfectum senatum expleret. Tum
 
Labienus Caesare, cuius amicus et legatus in Gallia fuerat, 
 
relicto, et Brutus, filius eius Bruti quem in Gallia Pompeius 
 
occiderat, uir magnanimus, qui Pompeium, uti patris sui 
 
interfectorem, nunquam ante salutasset uerboue compellasset, 
 
tunc ei se ut liberatori patriae submittebat. Cicero 
 
etiam, quamuis aliter et scripsisset et consuluisset, turpe 
 
tamen sibi fore iudicauit, si non se quoque ei parti, quae 
 
pro patria propugnabat, adiungeret. Venit et Tidius 
 
Sextius ad eos in Macedoniam, extrema senectute et altero 
 
crure mutilus : quem quum reliqui riderent et exsibilarent, 
 
accedenti Pompeius assurrexit et occurrit, magnum pro se 
 
ratus testimonium, quod praeter aetatem et uires quidam 
 
securitati commune periculum anteponerent.
 
 | [64] LXIV. Cependant Pompée avait assemblé les 
forces les plus considérables; sa flotte pouvait 
passer pour invincible.; elle était composée de 
cinq cents vaisseaux de guerre, avec un plus 
grand nombre de brigantins, et d'autres vaisseaux
légers. Dans son armée de terre, la cavalerie était 
la fleur des chevaliers de Rome et de l'Italie; 
il en avait sept mille, tous distingués par leur 
naissance et par leur richesse, autant que par 
leur courage. Son infanterie, formée de soldats 
ramassés de toutes parts, avait besoin d'être disciplinée : 
aussi l'exerça-t-il sans relâche pendant son séjour à Béroé; 
lui-même, toujours en activité, et comme s'il eût été dans 
la vigueur de l'âge, faisait les mêmes exercices que ses soldats. 
C'était pour ses troupes un grand motif d'encouragement, 
que de voir le grand Pompée, à l'âge 
de cinquante-huit ans, s'exercer à pied tout armé, 
monter ensuite à cheval, tirer facilement son épée, 
en courant à toute bride, et la remettre aussi aisément 
dans le fourreau, lancer le javelot, non seulement 
avec justesse, mais encore avec force, et 
à une distance que la plupart des jeunes gens ne 
pouvaient passer. Il voyait arriver chaque jour, à 
son camp, les rois et les princes des nations voisines; 
et le grand nombre de capitaines romains 
qui s'y rendaient de tous côtés présentait l'image 
d'un sénat complet : on y vit aussi arriver Labiénus, 
qui avait abandonné César, dont il était l'ami 
intime, et avec qui il avait fait la guerre des Gaules. 
Brutus, fils de celui qui avait été tué 
dans la Gaule, homme d'un grand courage, qui 
jusqu'alors n'avait jamais voulu ni parler à Pompée, 
ni même le saluer, parce qu'il le regardait 
comme le meurtrier de son père, ne voyant plus 
en lui que le défenseur de la liberté de Rome, 
alla se ranger sous ses étendards. Cicéron même, 
qui avait donné de vive voix et par écrit, des 
conseils tout opposés à ceux qu'on suivait, eut 
honte de n'être pas du nombre de ceux qui s'exposaient 
au danger pour la patrie. Tidius Sextilius, 
déjà dans l'extrême vieillesse, et boiteux d'une 
jambe, alla joindre l'armée en Macédoine; les 
autres officiers en le voyant se mirent à rire et 
à le plaisanter; Pompée ne l'eut pas plutôt aperçu, 
que, se levant de son siége, il courut au-devant 
de lui, regardant comme un témoignage bien honorable 
à sa cause le concours de ces vieillards 
qui, s'élevant au-dessus de leur âge et de leurs 
forces, préféraient à la sûreté qu'ils auraient 
trouvée ailleurs le danger qu'ils venaient courir auprès de lui. 
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