[63] Οἱ μὲν οὖν ἄλλοι τοῦ Πομπηΐου τὸν
ἀπόπλουν ἐν τοῖς ἀρίστοις τίθενται στρατηγήμασιν,
αὐτὸς δὲ Καῖσαρ ἐθαύμαζεν ὅτι καὶ πόλιν
ἔχων ὀχυρὰν καὶ προσδοκῶν τὰς ἐξ Ἰβηρίας
δυνάμεις καὶ θαλασσοκρατῶν ἐξέλιπε καὶ προήκατο
τὴν Ἰταλίαν. αἰτιᾶται καὶ Κικέρων ὅτι
τὴν Θεμιστοκλέους ἐμιμήσατο στρατηγίαν μᾶλλον
ἢ τὴν Περικλέους, τῶν πραγμάτων τούτοις
ὁμοίων ὄντων, οὐκ ἐκείνοις. ἐδήλωσε δὲ Καῖσαρ
ἔργῳ σφόδρα φοβούμενος τὸν χρόνον. ἑλὼν γὰρ
Νουμέριον Πομπηΐου φίλον ἀπέστειλεν εἰς Βρεντέσιον
ἐπὶ τοῖς ἴσοις ἀξιῶν διαλλαγῆναι· Νουμέριος
δὲ Πομπηΐῳ συνεξέπλευσεν. ἐντεῦθεν ὁ
μὲν ἐν ἡμέραις ἑξήκοντα κύριος γεγονὼς ἀναιμωτὶ
τῆς Ἰταλίας ὅλης ἐβούλετο μὲν εὐθὺς
Πομπήϊον διώκειν, πλοίων δὲ μὴ παρόντων
ἀποστρέψας εἰς Ἰβηρίαν ἤλαυνε, τὰς ἐκεῖ δυνάμεις
προσαγαγέσθαι βουλόμενος.
| [63] LXIII. Omnes alii scriptores hanc Pompeii ex Italia fugam
inter prastantissima strategemata ponunt, Caesar uero
mirari se ait, quod urbem tenens munitam, exercitum ex
Hispania exspectans, mare praeterea obtinens, Italiam reliquerit.
Incusat etiam Cicero, quod Themistoclis potius
quam Periclis consilia imperatoria imitatus sit, rebus hunc,
non illum requirentibus. Atque ipse profecto Caesar re
ipsa ostendit, se sibi plurimum a tempore metuisse. Quum
enim Numerium Pompeii amicum cepisset, Brundusium
eum misit, ad aequas pacis conditiones Pompeium prouocans;
sed Numerius inde cum Pompeio auectus est. Post
haec sexaginta dierum spatio tota Caesar Italia, nullo quidem
sanguine facto, potitus, quum statim persequi Pompeium
cogitaret, nauibus destitutus in Hispaniam se conuertit,
ut Pompeianas ibi copias ad se pertraheret.
| [63] LXIII. On regarde cet embarquement comme un des
meilleurs expédients dont Pompée pût se servir; mais César
s'étonnait qu'ayant en son pouvoir une ville aussi
forte que Rome, attendant des secours d'Espagne
et étant maître de la mer, il eût abandonné et
livré l'Italie. Cicéron même le blâme d'avoir, dans
une situation d'affaires plus semblable à celle où
se trouvait Périclès qu'à celle où était Thémistocle,
imité ce dernier plutôt que l'autre.
César lui-même fit voir, par sa conduite, combien
il craignait les effets du temps; car, ayant fait
prisonnier Numérius, un des amis de Pompée,
il l'envoya à Brindisi pour proposer un accommodement
à des conditions raisonnables; mais Numérius
s'embarqua avec Pompée. César s'étant
ainsi rendu, en soixante jours, maître de toute
l'Italie sans verser une goutte de sang, voulait
sur-le-champ se mettre à la poursuite de Pompée;
mais, faute de vaisseaux, il fut obligé de changer
de dessein, et prit aussitôt la route d'Espagne pour attirer
à son parti les troupes qui servaient dans cette province.
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