HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Pompée

Chapitre 61

  Chapitre 61

[61] Κάτων δὲ συνεβούλευεν αἱρεῖσθαι στρατηγὸν αὐτοκράτορα Πομπήϊον, ἐπειπὼν ὅτι τῶν αὐτῶν ἐστι καὶ ποιεῖν τὰ μεγάλα κακὰ καὶ παύειν. οὗτος μὲν οὖν εὐθὺς ἐξῆλθεν εἰς Σικελίαν (ἔλαχε γὰρ αὐτὴν τῶν ἐπαρχιῶν) καὶ τῶν ἄλλων ἕκαστος εἰς ἃς ἐκληρώθη. τῆς δ´ Ἰταλίας σχεδὸν ὅλης ἀνισταμένης ἀπορίαν εἶχε τὸ γινόμενον. οἱ μὲν γὰρ ἔξωθεν φερόμενοι φυγῇ πανταχόθεν εἰς τὴν Ῥώμην ἐνέπιπτον, οἱ δὲ τὴν Ῥώμην οἰκοῦντες ἐξέπιπτον αὐτοὶ καὶ ἀπέλειπον τὴν πόλιν, ἐν χειμῶνι καὶ ταράχῳ τοσούτῳ τὸ μὲν χρήσιμον ἀσθενὲς ἔχουσαν, τὸ δὲ ἀπειθὲς ἰσχυρὸν καὶ δυσμεταχείριστον τοῖς ἄρχουσιν. οὐ γὰρ ἦν παῦσαι τὸν φόβον, οὐδὲ εἴασέ τις χρῆσθαι τοῖς ἑαυτοῦ λογισμοῖς Πομπήϊον, ἀλλ´ τις ἐνετύγχανε πάθει, φοβηθεὶς λυπηθεὶς διαπορήσας, τούτῳ φέρων ἐκεῖνον ἀνεπίμπλη· καὶ τἀναντία τῆς αὐτῆς ἡμέρας ἐκράτει βουλεύματα, καὶ πυθέσθαι περὶ τῶν πολεμίων οὐδὲν ἦν ἀληθὲς αὐτῷ διὰ τὸ πολλοὺς ἀπαγγέλλειν τι τύχοιεν, εἶτα ἀπιστοῦντι χαλεπαίνειν. οὕτω δὴ ψηφισάμενος ταραχὴν ὁρᾶν καὶ κελεύσας ἅπαντας ἕπεσθαι αὐτῷ τοὺς ἀπὸ βουλῆς, καὶ προειπὼν ὅτι Καίσαρος ἡγήσεται τὸν ἀπολειφθέντα, περὶ δείλην ὀψίαν ἀπέλιπε τὴν πόλιν. οἱ δὲ ὕπατοι μηδὲ θύσαντες νομίζεται πρὸ πολέμων ἔφυγον. ἦν δὲ καὶ παρ´ αὐτὰ τὰ δεινὰ ζηλωτὸς ἀνὴρ τῆς πρὸς αὐτὸν εὐνοίας τῶν ἀνθρώπων, ὅτι πολλῶν τὴν στρατηγίαν μεμφομένων οὐδεὶς ἦν μισῶν τὸν στρατηγόν, ἀλλὰ πλείονας ἄν τις εὗρε τῶν διὰ τὴν ἐλευθερίαν φευγόντων τοὺς ἀπολιπεῖν Πομπήϊον μὴ δυναμένους. [61] LXI. Cato quum consilium dedisset, uti Pompeius dux cum mero imperio belli crearetur (etenim eiusdem esse magna excitare mala et compescere), statim in Siciliam abiit, quae ei prouincia obtigerat; eodemque in suas singuli modo profecti sunt. At uero tota Italia excitata, magna erat consilii inopia: nam qui peregre erant, undique Romam confugiebant; qui uero urbem incolebant, ipsi cedebant et relinquebant eam, ubi tanta in tempestate et tumultu, pauci ciuium utiles, plerique contumaces et magistratibus intractabiles erant. Non enim trepidatio reprimi potuit, neque suis rationibus Pompeio uti licebat, sed qua quisque animi affectione incitatus erat, siue timore, siue dolore, siue haesitatione, eam statim ad Pompeium deferebat eodemque ipsum pertrahebat, uti eodem die uaria et diuersa statueret ; de hostibus autem nihil certi poterat cognoscere, quod plerique obuios quosque rumores referrent, fidemque non habenti succenserent. Ita demum Pompeius tumultum esse decreuit, edictoque uti omnes ipsum senatores sequerentur, qui remansisset eum Caesarianum a se habitum iri; imminente iam nocte urbe exiuit. Consules quoque non factis, quae initio belli consueuerunt, sacrificiis Roma fugerunt. Mira tamen fuit periculosissimo etiam isto tempore hominum in Pompeium beneuolenlia, quod plerisque militiam istam culpantibus nemo ducem odio habuit, ac plures quod Pompeium deserere non possent, quam spe libertatis eum secuti sunt. [61] LXI. Caton ouvrit l'avis de sommer Pompée général, avec un pouvoir absolu, en disant que ceux qui font les grands maux sont aussi ceux qui savent mieux y apporter des remèdes. Pompée partit aussitôt pour la Sicile, dont le gouvernement lui était échu par le sort, et tous les autres magistrats se rendirent de même dans les provinces qui leur avaient été assignées. Cependant l'Italie était presque entièrement soulevée, et l'on était partout dans la plus granee perplexité. Ceux qui se trouvaient absents de Rome y accouraient de toutes parts, tandis que ceux qui l'habitaient se hâtaient d'en sortir, et d'abandonner une ville où, dans une si grande tempête, dans un trouble si violent, les citoyens bien intentionnés étaient trop faibles, et ceux qui pouvaient nuire opposaient aux magistrats une force redoutable et difficile à réduire. Il était même impossible de calmer la frayeur générale; et Pompée n'avait pas la liberté de suivre ses propres conseils pour remédier au désordre; chacun voulait lui inspirer la passion dont il était le plus affecté, soit de crainte, de tristesse, d'agitation ou d'inquiétude : aussi prenait-il dans un même jour les résolutions les plus contraires. Il ne pouvait rien savoir de certain sur les ennemis; on lui rapportait au hasard des choses opposées; et s'il refusait de les croire, on s'irritait contre lui. Enfin, après avoir déclaré que dans la confusion où l'on était il ne pouvait rien résoudre, il ordonna à tous les sénateurs de le suivre, protesta qu'il regarderait comme partisans de César tous ceux qui resteraient dans Rome, et en sortit lui-même sur le soir. Les consuls abandonnèrent aussi la ville, sans avoir fait aux dieux les sacrifices d'usage avant de partir pour la guerre. Ainsi, dans une conjoncture si périlleuse, Pompée pouvait paraître encore digne d'envie pour l'affection que tout le monde lui témoignait. Si la plupart des Romains blâmaient cette guerre, personne ne haïssait le général ; et il en vit un grand nombre le suivre, moins par amour pour la liberté, que parce qu'ils ne pouvaient se résoudre à l'abandonner lui-même.


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Dernière mise à jour : 30/03/2005