| [60] Ἐν τούτῳ δὲ ἀπαγγέλλεται Καῖσαρ Ἀρίμινον,
 πόλιν μεγάλην τῆς Ἰταλίας, κατειληφὼς
 καὶ βαδίζων ἄντικρυς ἐπὶ τὴν Ῥώμην μετὰ πάσης
 τῆς δυνάμεως. τοῦτο δὲ ἦν ψεῦδος. ἐβάδιζε γὰρ
 οὐ πλείονας ἔχων ἱππέων τριακοσίων καὶ πεντακισχιλίων
 ὁπλιτῶν· τὴν δὲ ἄλλην δύναμιν ἐπέκεινα
 τῶν Ἄλπεων οὖσαν οὐ περιέμενεν, ἐμπεσεῖν
 ἄφνω τεταραγμένοις καὶ μὴ προσδοκῶσι βουλόμενος
 μᾶλλον ἢ χρόνον δοὺς ἐκ παρασκευῆς μάχεσθαι.
 καὶ γὰρ ἐπὶ τὸν Ῥουβίκωνα ποταμὸν
 ἐλθών, ὃς ἀφώριζεν αὐτῷ τὴν δεδομένην ἐπαρχίαν,
 ἔστη σιωπῇ καὶ διεμέλλησεν, αὐτὸς ἄρα πρὸς
 ἑαυτὸν συλλογιζόμενος τὸ μέγεθος τοῦ τολμήματος.
 εἶτα, ὥσπερ οἱ πρὸς βάθος ἀφιέντες
 ἀχανὲς ἀπὸ κρημνοῦ τινος ἑαυτούς, μύσας τῷ
 λογισμῷ καὶ παρακαλυψάμενος πρὸς τὸ δεινόν,
 καὶ τοσοῦτον μόνον Ἑλληνιστὶ πρὸς τοὺς παρόντας
 ἐκβοήσας, "Ἀνερρίφθω κύβος," διεβίβαζε τὸν στρατόν.
 Ὡς δὲ πρῶτον ἡ φήμη προσέπεσε καὶ κατέσχε
 τὴν Ῥώμην μετὰ ἐκπλήξεως θόρυβος καὶ φόβος
 οἷος οὔπω πρότερον, εὐθὺς μὲν ἡ βουλὴ φερομένη
 πρὸς τὸν Πομπήϊον συνέτρεχε καὶ παρῆσαν αἱ
 ἀρχαί, πυθομένου δὲ τοῦ Τύλλου περὶ στρατιᾶς
 καὶ δυνάμεως καὶ τοῦ Πομπηΐου μετά τινος μελλήσεως
 ἀθαρσῶς εἰπόντος ὅτι τοὺς παρὰ Καίσαρος
 ἥκοντας ἑτοίμους ἔχει, νομίζει δὲ καὶ τοὺς κατειλεγμένους
 πρότερον ἐν τάχει συνάξειν τρισμυρίους
 ὄντας, ὁ μὲν Τύλλος ἀναβοήσας, "Ἐξηπάτηκας
 ἡμᾶς, ὦ Πομπήϊε," συνεβούλευεν ὡς Καίσαρα
 πρέσβεις ἀποστέλλειν, Φαώνιος δέ τις, ἀνὴρ τἆλλα
 μὲν οὐ πονηρός, αὐθαδείᾳ δὲ καὶ ὕβρει πολλάκις
 τὴν Κάτωνος οἰόμενος ἀπομιμεῖσθαι παρρησίαν,
 ἐκέλευε τὸν Πομπήϊον τῷ ποδὶ τύπτειν
 τὴν γῆν, ἃς ὑπισχνεῖτο δυνάμεις ἀνακαλούμενον.
 ὁ δὲ ταύτην μὲν ἤνεγκε τὴν ἀκαιρίαν πρᾴως· τοῦ
 δὲ Κάτωνος ὑπομιμνήσκοντος ὧν ἐν ἀρχῇ περὶ
 Καίσαρος αὐτῷ προεῖπεν, ἀπεκρίνατο μαντικώτερα
 μὲν εἶναι τὰ Κάτωνι λεχθέντα, φιλικώτερα
 δὲ ὑπ´ αὐτοῦ πεπρᾶχθαι.
 | [60] LX. Interim Caesarem capto Arimino, quae magna est 
 
Italiae urbs, cum omnibus copiis ad Romam tendere nuntiatur. 
 
Erat hic nuntius uanus; cum trecentis enim tantum 
 
equitibus et quinque legionariorum millibus ibat, non 
 
praestolatus reliquum, qui adhuc trans Alpes erat, exercitum, 
 
quod subito irruere in perturbatos et nihil tale exspectantes 
 
quam ad bellum parandum tempus concedere mallet.  
 
Atque ubi ad Rubiconem amnem, qui ipsius 
 
prouinciam terminabat, peruenit, tacitus substitit, magnitudinem 
 
conatus sui secum aliquandiu reputans, post, 
 
quemadmodum qui se a praecipitio in profunditatem immensam 
 
demittunt, oculos comprimere solent, animo 
 
conniuens prae tam grauibus ausis, idque tantum Graece ad 
 
praesentes uociferatus : Iacta est alea, exercitum traduxit. 
 
Fama rei primum allata Romam, maiore quam unquam 
 
ante accidisset trepidatione, terrore metuque urbem repleuit :
 
ac statim ad Pompeium senatus et qui cum magistratu 
 
erant conuenire. Ibi quum Tullus Pompeium de copiis
 
percontaretur, isque cunctanter responderet trepideque, 
 
exercitum a Caesare sibi paratum uenire, sperare etiam se 
 
quos antea ad triginta millia conscripserat, celeriter contracturum, 
 
actum exclamans, Fefellisti nos, Pompei, suasit 
 
uti ad Caesarem legati mitterentur. Et M. Fauonius, uir
 
non improbus, sed qui contumacia et petulantia saepenumero 
 
Catonianam in dicendo libertatem aemulari se posse 
 
putaret, Pompeium pede terram ferire iussit et quas pollicitus 
 
fuisset euocare copias. Quod tamen tam importunum 
 
dictum aequo animo Pompeius tulit. Idem Catoni 
 
in memoriam reuocanti, quae de Caesare olim ei praedixisset, 
 
uerius quidem Catonem uaticinatum, a se autem amicius actum respondit.
 
 | [60] LX. On apprit en même temps que César s'était emparé 
d'Ariminium, ville considérable de l'Italie, et qu'il 
marchait droit à Rome avec toute son armée. Mais 
cette dernière circonstance était fausse; il n'avait 
avec lui que trois cents chevaux et cinq mille hommes 
d'infanterie; il était parti sans attendre le 
reste de ses troupes, qui étaient encore au delà 
des Alpes, parce qu'il voulait tomber brusquement 
sur des gens troublés et qui ne l'attendaient pas, 
au lieu de leur donner le temps de revenir de leur 
frayeur, et d'avoir à les combattre bien préparés. 
Arrivé sur le bords du Rubicon, qui faisait les limites 
de son gouvernement, il s'y arrêta, plongé 
dans un profond silence; et réfléchissant en lui-même 
sur la grandeur et sur la témérité de son 
entreprise, il différa quelque temps de passer ce 
fleuve. Mais enfin, comme ceux qui se précipitent 
du haut d'un rocher dans un abîme profond, il fit 
taire le raisonnement ; et, s'étourdissant sur le danger, 
il dit à haute voix, en langue grecque, à ceux 
qui l'environnaient : «Le sort en est jeté!» et il 
fit passer le Rubicon à son armée.
Cette nouvelle, portée à Rome, jeta toute la ville dans 
un étonnement, un trouble et une frayeur dont il 
n'y avait pas encore eu d'exemple. 
A l'instant le sénat en corps et tous les magistrats 
se rendirent précipitamment auprès de Pompée. 
Tullus lui ayant demandé quelles forces et 
quelle armée il avait à sa disposition, Pompée, 
après quelques moments de réflexion, lui répondit 
d'un ton mal assuré qu'il avait de prêtes les 
deux légions que César lui avait renvoyées, et que 
les nouvelles levées pourraient fournir promptement 
trente mille hommes. «Pompée, s'écria Tullus, 
vous nous avez trompés;» et il conseilla 
d'envoyer des ambassadeurs à César. Un certain 
Favonius, qui, sans être méchant, croyait, par 
une audace obstinée et souvent insultante, imiter 
la franchise de Caton, dit à Pompée de frapper du 
pied la terre, pour en faire sortir les légions qu'il 
avait promises. Pompée souffrit avec douceur une 
raillerie si déplacée; et Caton lui ayant rappelé ce 
qu'il lui avait prédit dès le commencement au sujet 
de César : «Dans tout ce que vous m'en avez dit, 
lui répondit Pompée, vous avez mieux deviné que moi; 
dans tout ce que j'ai fait, je me suis plus conduit en ami». 
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