| [6] Τότε οὖν ὁ Πομπήϊος ἐν τῇ Πικηνίδι τῆς
 Ἰταλίας διέτριβεν, ἔχων μὲν αὐτόθι καὶ χωρία,
 τὸ δὲ πλέον ταῖς πόλεσιν ἡδόμενος οἰκείως καὶ
 φιλικῶς πατρόθεν ἐχούσαις πρὸς αὐτόν. ὁρῶν δὲ
 τοὺς ἐπιφανεστάτους καὶ βελτίστους τῶν πολιτῶν
 ἀπολείποντας τὰ οἰκεῖα καὶ πανταχόθεν εἰς
 τὸ Σύλλα στρατόπεδον ὥσπερ εἰς λιμένα καταθέοντας,
 αὐτὸς οὐκ ἠξίωσεν ἀποδρὰς οὐδὲ ἀσύμβολος
 οὐδὲ χρῄζων βοηθείας, ἀλλὰ ὑπάρξας τινὸς
 χάριτος ἐνδόξως καὶ μετὰ δυνάμεως ἐλθεῖν πρὸς
 αὐτόν. ὅθεν ἐκίνει τοὺς Πικηνοὺς ἀποπειρώμενος.
 οἱ δὲ ὑπήκουον αὐτῷ προθύμως καὶ τοῖς
 παρὰ Κάρβωνος ἥκουσιν οὐ προσεῖχον. Οὐηδίου
 δέ τινος εἰπόντος ὅτι δημαγωγὸς αὐτοῖς ἐκ παιδαγωγείου
 παραπεπήδηκεν ὁ Πομπήϊος, οὕτως
 ἠγανάκτησαν ὥστε εὐθὺς ἀνελεῖν προσπεσόντες τὸν Οὐήδιον.
 Ἐκ τούτου Πομπήϊος ἔτη μὲν τρία καὶ εἴκοσι
 γεγονώς, ὑπ´ οὐδενὸς δὲ ἀνθρώπων ἀποδεδειγμένος
 στρατηγός, αὐτὸς ἑαυτῷ δοὺς τὸ ἄρχειν, ἐν
 Αὐξίμῳ, πόλει μεγάλῃ, βῆμα θεὶς ἐν ἀγορᾷ, καὶ
 τοὺς πρωτεύοντας αὐτῶν ἀδελφοὺς δύο Οὐεντιδίους
 ὑπὲρ Κάρβωνος ἀντιπράττοντας διατάγματι
 μεταστῆναι τῆς πόλεως κελεύσας, στρατιώτας
 κατέλεγε, καὶ λοχαγοὺς καὶ ταξιάρχους κατὰ
 κόσμον ἀποδείξας ἑκάστοις τὰς κύκλῳ πόλεις
 ἐπῄει τὸ αὐτὸ ποιῶν. ἐξανισταμένων δὲ καὶ
 ὑποχωρούντων ὅσοι τὰ Κάρβωνος ἐφρόνουν, τῶν
 δὲ ἄλλων ἀσμένως ἐπιδιδόντων αὑτούς, οὕτω
 κατανείμας ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ τρία τάγματα τέλεια,
 καὶ τροφὴν πορίσας καὶ σκευαγωγὰ καὶ ἁμάξας
 καὶ τὴν ἄλλην πᾶσαν παρασκευήν, ἦγε πρὸς Σύλλαν,
 οὐκ ἐπειγόμενος οὐδὲ τὸ λαθεῖν ἀγαπῶν,
 ἀλλὰ διατρίβων καθ´ ὁδὸν ἐν τῷ κακῶς ποιεῖν
 τοὺς πολεμίους, καὶ πᾶν ὅσον ἐπῄει τῆς Ἰταλίας
 πειρώμενος ἀφιστάναι τοῦ Κάρβωνος.
 | [6] VI. Agebat tum in Piceno Italiae Pompeius, ubi et praedia 
 
habebat, plerumque autem beneuolentia ciuitatum a patre 
 
ad se deriuata perfruebatur. Ibi quum Romanorum nobilissimos 
 
ac praestantissimos sentiret, suis rebus relictis, in
 
Syllae castra, ueluti portum aliquem, passim confluere, indignum 
 
sese ratus, si nihil afferens ipse ad Syllam auxilii
 
tantum impetrandi causa confugeret, gratiam ab eo inire 
 
aliquam cumque gloria et potentia accedere statuit. 
 
Itaque Picenorum animos tentando, sibi conciliauit, iique 
 
studiose obtemperantes, a Carbone missos spreuerunt. 
 
Quum Vedius quidam subito ex ludo literario ad gubernandum 
 
populum prosiluisse Pompeium dixisset, adeo indignati 
 
sunt, ut statim impetu facto Vedium necarent. Exinde 
 
Pompeius, annos natus uiginti tres, a nemine hominum dux 
 
creatus, ipse sibi arrogato magistratu, Auximi, quae magna 
 
est Piceni urbs, tribunal in foro constituit, duosque fatres 
 
Ventidios, qui in ea ciuitate primas obtinebant, contra 
 
ipsum factionem Carbonianam tuentes, edicto urbe expulit. 
 
Milites deinde conscripsit centurionesque iis et primipilos 
 
ordine constituit, idemque ceteras etiam urbes adiens fecit. 
 
Cedentibus autem et fugientibus Carbonianis et reliquis 
 
prompte se ipsi adiungentibus, ita demum modico tempore 
 
contractis tribus integris legionibus, tum commeatu, iumentis 
 
et carris ad impedimenta uehenda omnique alio apparatu, 
 
ad Syllam profectus est, non festinans, neque latere cupiens,
 
sed moram in itinere faciens infestandis hostibus, et omnem, 
 
qua ibat, Italîam ad desciscendum a Carbone pertrahendo.
 
 | [6] VI. Pompée était alors dans le Picénum, 
contrée de l'Italie où il avait des terres; 
il s'y était retiré parce qu'il se plaisait dans ce pays, 
dont les villes avaient pour sa famille une affection 
héréditaire. Il vit que les plus considérables et les 
plus honnêtes d'entre les Romains abandonnaient 
leurs maisons pour se rendre de tous côtés au camp 
de Sylla, comme dans un port assuré. Il prit aussi 
la résolution d'y aller; mais il ne crut pas qu'il 
fût de sa dignité d'y paraître comme un fugitif qui 
ne contribuait en rien à la défense commune, et 
qui venait mendier du secours. Il voulut, en rendant 
à Sylla un service important, arriver d'une 
manière honorable dans son camp, à la tête d'une 
armée. Il commença donc à sonder les Picéniens, 
et à les solliciter de prendre les armes; ils y consentirent, 
et ne voulurent pas même écouter les émissaires 
de Carbon. Un d'entre eux, nommé Vindicius, 
leur ayant dit que Pompée, à peine sorti de 
l'école, était donc devenu pour eux un grand orateur, 
ils en furent tellement irrités, qu'ils se jetèrent 
sur lui et le massacrèrent. Pompée, alors âgé 
de vingt-trois ans, n'attendit pas qu'on lui déférât 
le commandement; mais, s'en donnant à lui-même 
l'autorité, il fit dresser un tribunal sur la place 
d'Auximum, ville considérable du Picénum; là il 
rendit une sentence pour ordonner à deux frères, 
nommés Ventidius, qui étaient les premiers du 
pays, et qui, par intérêt pour Carbon, s'opposaient 
aux desseins de Pompée, de sortir sur l'heure de 
la ville. Ayant ensuite levé des gens de guerre, 
nominé des capitaines, des chefs de bandes, et 
établi les divers grades de la milice romaine, il 
parcourut les autres villes, et fit partout de même. 
Tous les partisans de Carbon se retiraient à son approche, 
et lui cédaient la place; les autres s'étaient 
joints à lui avec empressement. Il eut bientôt complété 
trois légions, et rassemblé les vivres, les bagages, 
les chariots, et tout l'appareil nécessaire. 
Alors il se mit en chemin pour aller trouver Sylla, 
sans hâter sa marche, sans vouloir se cacher; au 
contraire, il s'arrêtait souvent sur sa route, pour 
faire le plus de mal qu'il pouvait à ses ennemis, et 
pour exciter toutes les villes d'Italie à se déclarer 
contre Carbon.
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