HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Vie de Pompée

Chapitre 58

  Chapitre 58

[58] Ἤδη δὲ καὶ Καῖσαρ ἐπεφύετο τοῖς πράγμασιν ἐρρωμενέστερον, αὐτὸς μὲν οὐκέτι μακρὰν τῆς Ἰταλίας ἀπαίρων, εἰς δὲ τὴν πόλιν ἀεὶ τοὺς στρατιώτας ἀποστέλλων ἀρχαιρεσιάσοντας, χρήμασι δὲ πολλοὺς ὑποικουρῶν καὶ διαφθείρων ἄρχοντας· ὧν καὶ Παῦλος ἦν ὕπατος ἐπὶ χιλίοις καὶ πεντακοσίοις ταλάντοις μεταβαλόμενος, καὶ Κουρίων δήμαρχος ἀμηχάνων πλήθει δανείων ἐλευθερωθεὶς ὑπ´ αὐτοῦ, καὶ Μάρκος Ἀντώνιος διὰ φιλίαν Κουρίωνος ὧν ὠφελεῖτο μετέχων. ἐλέχθη μὲν οὖν ὅτι τῶν ἀφιγμένων τις ἀπὸ Καίσαρος ταξιαρχῶν ἑστὼς παρὰ τὸ βουλευτήριον, καὶ πυθόμενος ὡς οὐ δίδωσιν βουλὴ Καίσαρι χρόνον τῆς ἀρχῆς, εἶπεν ἐπικρούων τῇ χειρὶ τὸ ξίφος, "Ἀλλὰ τοῦτο δώσει." καὶ τὰ πραττόμενα καὶ τὰ παρασκευαζόμενα ταύτην εἶχε τὴν διάνοιαν. Αἱ μέντοι Κουρίωνος ἀξιώσεις καὶ παρακλήσεις ὑπὲρ Καίσαρος ἐφαίνοντο δημοτικώτεραι. δυεῖν γὰρ ἠξίου θάτερον, καὶ Πομπήϊον ἀπαιτεῖν μηδὲ Καίσαρος ἀφαιρεῖσθαι τὸ στρατιωτικόν· γὰρ ἰδιώτας γενομένους ἐπὶ τοῖς δικαίοις μένοντας ἀντιπάλους ἐφ´ οἷς ἔχουσιν ἀτρεμήσειν· δὲ τὸν ἕτερον ἀσθενῆ ποιῶν ἣν φοβεῖται δύναμιν διπλασιάζει. πρὸς ταῦτα Μαρκέλλου τοῦ ὑπάτου λῃστὴν ἀποκαλοῦντος τὸν Καίσαρα, καὶ ψηφίζεσθαι πολέμιον κελεύοντος εἰ μὴ καταθήσεται τὰ ὅπλα, Κουρίων ὅμως ἴσχυσε μετὰ Ἀντωνίου καὶ Πείσωνος ἐξελέγξαι τὴν σύγκλητον. ἐκέλευσε γὰρ μεταστῆναι τοὺς Καίσαρα μόνον τὰ ὅπλα καταθέσθαι κελεύοντας, Πομπήϊον δὲ ἄρχειν· καὶ μετέστησαν οἱ πλείους. αὖθις δὲ μεταστῆναι κελεύσαντος ὅσοις ἀμφοτέρους ἀρέσκει τὰ ὅπλα καταθέσθαι καὶ μηδέτερον ἄρχειν, Πομπηΐῳ μὲν εἴκοσι καὶ δύο μόνον, Κουρίωνι δὲ πάντες οἱ λοιποὶ προσέθεντο. κἀκεῖνος μὲν ὡς νενικηκὼς λαμπρὸς ὑπὸ χαρᾶς εἰς τὸν δῆμον ἐξήλατο, κρότῳ καὶ βολαῖς στεφάνων καὶ ἀνθῶν δεξιούμενον αὐτόν. ἐν δὲ τῇ βουλῇ Πομπήϊος οὐ παρῆν· οἱ γὰρ ἄρχοντες στρατοπέδων εἰς τὴν πόλιν οὐκ εἰσίασι. Μάρκελλος δὲ ἀναστὰς οὐκ ἔφη λόγων ἀκροάσεσθαι καθήμενος, ἀλλ´ ὁρῶν ὑπερφαινόμενα τῶν Ἄλπεων ἤδη δέκα τάγματα βαδίζειν, καὶ αὐτὸς ἐκπέμψειν τὸν ἀντιταξόμενον αὐτοῖς ὑπὲρ τῆς πατρίδος. [58] LVIII. At uero Caesar uehementius iam ipsam rem tractabat, ipse non procul ab Italia uersans, milites subinde Romam ad comitia mittens, pecunia autem multos magistratum mentes occulte corrumpens; inter quos fuit etiam Paulus consul, qui mille quingentis talentis suam Caesari sententiam addixit, et Curio tribunus plebis, ingenti aere alieno a Caesare liberatus, et M. Antonius debiti ob Curionis amicitiam socius. Deprehensum quidem fuit, quendam de missis Caesarianis centurionibus quum ad Curiam astitisset audiuissetque tempus prorogandi imperii postulatum Caesari non dari, manu gladium pulsasse ac dixisse : Attamen hic dabit. Et eodem spectabant quae agebantur ac quae parabantur. Curionis tamen pro Caesare petitiones et postulata magis uidebantur popularia. Alterumutrum enim horum petebat, ut aut a Pompeio quoque repeterent aut ne Caesari quidem adimerent exercitum ; aut enim priuatos aequali conditione, aut si arma retineant, suo utrumque statu contentos fore; qui uero alteriusutrius uires imminuat, eum alterius potentiam, quae quidem utrinque metuatur, augere. Aduersum haec Marcello Caesarem praedonem appellante hostemque decerni, nisi arma deposuisset, iubente ; Curio tamen et cum eo Piso atque Antonius senatum coarguerunt. Iusserunt enim eos qui solum Caesarem arma deponere, Pompeium magistratum retinere uellent, secedere; et plerique omnes secessionem fecerunt. Iterum iusserunt eos qui utrumque dimisso exercitu priuatum esse uellent, secedere, et pro Pompeio uiginti duo solum, pro Curione reliqui omnes steterunt. Itaque Curio ueluti uictor gaudio elatus ad populum se proripuit, plausu et florum sertorumque iactationibus exceptus. Non aderat tum in senatu Pompeius; nam qui exercitui praesunt, urbem non ingrediebantur. Marcellus autem surgens : Non, inquit, hic porro sedens orationcs audiam, sed quia decem legiones iam Alpes transire cerno, ipso quoque ibo ut emittam qui pro patria illis se obiiciat. [58] LVIII. César, de son côté, suivait ses propres affaires avec plus d'ardeur que jamais; il s'approchait de l'Italie, et ne cessait d'envoyer des soldats à Rome pour se trouver aux élections. Il corrompait secrètement plusieurs des magistrats, entre autres Paulus, un des consuls, qu'il attira à son parti en lui donnant quinze cents talents; Curion, tribun du peuple, dont il paya les dettes immenses, et Marc-Antoine, qui, ami intime de Curion, s'était rendu caution pour ses dettes. Un des capitaines que César avait envoyés à Rome, et qui se tenait à la porte du sénat, ayant su que les sénateurs lui refusaient la prolongation de son gouvernement, frappa de sa main sur la garde de son épée, en disant : «Celle-ci la lui donnera." C'était en effet le but vers lequel César dirigeait toutes ses démarches et tous ses préparatifs. Il est vrai que les propositions que Curion faisait pour lui paraissaient plus raisonnables et plus populaires : il demandait de deux choses l'une : ou que Pompée licenciât ses troupes, ou que César retînt les siennes. Réduits à l'état de simples particuliers, disait-il, ils en viendront à des conditions équitables; ou s'ils restent armés, ils se contenteront de ce qu'ils possèdent, et se tiendront tranquilles : affaiblir l'un par l'autre, ce serait doubler la puissance qu'on craint. Le consul Marcellus, en répondant à Curion, traita César de brigand, et proposa, s'il ne voulait pas mettre bas les armes, de le déclarer ennemi de la patrie : mais Curion, soutenu par Antoine et par Pison, parvint à faire mettre à l'épreuve l'opinion du sénat; il ordonna que ceux qui voulaient que César seul posât les armes , et que Pompée retînt le commandement, se missent tous du même côté; ce fut le plus grand nombre. Il dit ensuite à ceux qui étaient d'avis qu'ils posassent tous deux les armes, et qu'aucun ne conservât son armée, de passer du même côté; il n'y en eut que vingt-deux qui restas- sent fidèles à Pompée ; tous les autres se rangèrent auprès de Curion, qui, fier de sa victoire et transporté de joie, courut à l'assemblée du peuple, qui le reçut avec de vifs applaudissements, et le couvrit de bouquets de fleurs et de couronnes. Pompée n'était pas alors au sénat; il n'est pas permis aux généraux qui reviennent à la tête de leurs armées d'entrer dans Rome; mais Marcellus s'étant levé, dit qu'il ne resterait pas tranquillement assis à écouter de vaines paroles, lorsqu'il voyait déjà dix légions s'avancer du sommet des Alpes vers la ville; qu'il allait envoyer contre elles un homme capable de les arrêter et de défendre la patrie.


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Dernière mise à jour : 30/03/2005