| [57] Ἐκ τούτου δὲ Πομπήϊος ἐν Νεαπόλει
 νοσήσας ἐπισφαλῶς ἀνέρρωσε, Πραξαγόρου δὲ
 πείσαντος τοὺς Νεαπολίτας ἔθυσαν ὑπὲρ αὐτοῦ
 σωτήρια. μιμουμένων δὲ τούτους τῶν προσοίκων
 καὶ τοῦ πράγματος οὕτω περιϊόντος τὴν Ἰταλίαν
 πᾶσαν, καὶ μικρὰ καὶ μεγάλη πόλις ἐφ´ ἡμέρας
 πολλὰς ἑώρταζε. τοὺς δὲ ἀπαντῶντας πανταχόθεν
 οὐδεὶς ἐχώρει τόπος, ἀλλὰ ὁδοί τε κατεπίμπλαντο
 καὶ κῶμαι καὶ λιμένες εὐωχουμένων καὶ
 θυόντων. πολλοὶ δὲ καὶ στεφανηφοροῦντες ὑπὸ
 λαμπάδων ἐδέχοντο καὶ παρέπεμπον ἀνθοβολούμενον,
 ὥστε τὴν κομιδὴν αὐτοῦ καὶ πορείαν
 θέαμα κάλλιστον εἶναι καὶ λαμπρότατον. οὐδενὸς
 μέντοι τοῦτο λέγεται τῶν ἀπεργασαμένων
 τὸν πόλεμον αἰτίων ἔλαττον γενέσθαι. φρόνημα
 γὰρ εἰσῆλθεν ὑπεραῖρον ἅμα τῷ μεγέθει τῆς
 χαρᾶς τοὺς ἀπὸ τῶν πραγμάτων λογισμούς· καὶ
 τὴν εἰς ἀσφαλὲς ἀεὶ τὰ εὐτυχήματα καὶ τὰς
 πράξεις αὐτοῦ θεμένην εὐλάβειαν προέμενος εἰς
 ἄκρατον ἐξέπεσε θράσος καὶ περιφρόνησιν τῆς
 Καίσαρος δυνάμεως, ὡς οὔτε ὅπλων ἐπ´ αὐτὸν
 οὔτε τινὸς ἐργώδους πραγματείας δεησόμενος,
 ἀλλὰ πολὺ ῥᾷον καθαιρήσων ἢ πρότερον ηὔξησε
 τὸν ἄνδρα. πρὸς δὲ τούτοις Ἄππιος ἀφίκετο
 κομίζων ἐκ Γαλατίας ἣν ἔχρησε Πομπήϊος
 Καίσαρι στρατιάν· καὶ πολλὰ μὲν ἐξεφλαύριζε
 τὰς ἐκεῖ πράξεις καὶ λόγους ἐξέφερε βλασφήμους
 περὶ Καίσαρος, αὐτὸν δὲ Πομπήϊον ἀπείρως ἔχειν
 ἔλεγε τῆς αὑτοῦ δυνάμεως καὶ δόξης, ἑτέροις
 ὅπλοις πρὸς Καίσαρα φραγνύμενον, ὃν αὐτοῖς
 κατεργάσεται τοῖς ἐκείνου στρατεύμασιν, ὅταν
 πρῶτον ὀφθῇ· τοσοῦτον καὶ μίσους πρὸς Καίσαρα
: καὶ πόθου πρὸς Πομπήϊον ἐνυπάρχειν αὐτοῖς.
 οὕτω δ´ οὖν ὁ Πομπήϊος ἐπήρθη, καὶ τοιαύτης
 καὶ τοσαύτης ὀλιγωρίας διὰ τὸ θαρρεῖν ἐγένετο
 μεστὸς ὥστε καὶ τῶν δεδιότων τὸν πόλεμον
 κατεγέλα, καὶ τοὺς λέγοντας ἂν ἐλαύνῃ Καῖσαρ
 ἐπὶ τὴν πόλιν, οὐχ ὁρᾶν δυνάμεις αἷς αὐτὸν ἀμυνοῦνται,
 μειδιῶν τῷ προσώπῳ καὶ διακεχυμένος
 ἀμελεῖν ἐκέλευσεν· "Ὅπου γὰρ ἄν," ἔφη, "τῆς
 Ἰταλίας ἐγὼ κρούσω τῷ ποδὶ τὴν γῆν, ἀναδύσονται
 καὶ πεζικαὶ καὶ ἱππικαὶ δυνάμεις."
 | [57] LVII. Secundum haec Pompeius Neapoli ex periculoso 
 
morbo conualuit, et Praxagorae suasu Neopolitani sacris 
 
pro salute eius operati sunt. Horum exemplo uicinis totaque 
 
deinceps Italia ducta, omnis et parua et magna ciuitas 
 
festos dies aliquot egit, occurrentibus autem Pompeio nullus 
 
satis fuit amplus locus : omnia itinera, pagi, portus 
 
conuiuantium et sacrificantium erant pleni, multi coronati 
 
praelatis facibus eum excipiebant, floribusque passim in 
 
eum coniectis comitabantur, ita ut reditus iste ad urbem 
 
eius splendidissimi spectaculi loco fuerit. Et uero traditum 
 
est, nulla aliam grauiorem belli ciuilis causam hac 
 
ipsa pompa fuisse. Etenim rerum gestarum memoriae ingens 
 
gaudium additum, ita animum eius inflabat, uti cautionis 
 
adhibendae (qua ratione antehac usus ad tutum locum 
 
actiones suas successusque perduxerat) securus immodica 
 
audacia Caesaris potentiam sperneret, nihil sibi contra 
 
eum armis aut labore opus futurum, multoque nunc 
 
facilius, quam ante euectus fuisset, opprimi a se eum 
 
posse arbitrans. Sub haec Appius eos, de quibus dictum est, 
 
Pompeianos milites ex Gallia a Caesare reducens, 
 
mirum in modum Gallicis rebus eleuatis, Caesari obtrectauit, 
 
Pompeium non recte suarum uirium et auctoritatis 
 
conscium esse dicens, qui se alienis contra Caesarem armis 
 
muniret, quem suis ipsius copiis possit pessundare ut 
 
primum in earum uenisset conspectum; tantum enim esse 
 
odium militum in Caesarem, tantumque Pompeii desiderium. 
 
Quamobrem Pompeius adeo intumuit eoque 
 
securitatis et confidentiae peruenit, ut eos qui bellum metuerent, 
 
risui habuerit, dicentibusque non uidere se copias 
 
quibus Caesari aduersus urbem ducenti possint obsistere, 
 
subridens et hilari uultu responderit, bono ipsos 
 
esse animo debere : Ego, inquiens, quum primum Italie 
 
solum pede percussero, peditum equitumque turmae erumpent.
 
 | [57] LVII.  Bientôt après, Pompée tomba dangereusement 
malade à Naples; il guérit cependant; et les Napolitains, 
par le conseil de Praxagoras, firent des sacrifices d'actions 
de grâces pour sa guérison. Les peuples voisins suivirent leur 
exemple: et ce zèle se communiqua tellement à toute l'Italie, 
qu'il n'y eut point de ville, petite ou grande, 
qui ne célébrât des fêtes pendant plusieurs jours. 
Il n'y avait pas d'endroits assez spacieux pour 
contenir tous ceux qui venaient au-devant de lui : 
les grands chemins, les bourgs et les ports étaient 
pleins de gens qui faisaient des sacrifices et des 
banquets pour témoigner leur joie de son rétablissement. 
Un grand nombre, couronnés de fleurs, 
allaient le recevoir avec des flambeaux, et l'accompagnaient 
en lui jetant des fleurs; le cortége 
dont il était suivi dans sa marche offrait le spectacle 
le plus agréable et le plus magnifique. Mais 
aussi ce ne fut pas une des moindres causes de la 
guerre civile. L'opinion présomptueuse qu'il conçut 
de lui-même, et l'extrême joie qu'il ressentit 
de tous ces honneurs, surmontèrent tous les raisonnements 
que la nature même des affaires devait lui suggérer : 
oubliant cette sage prévoyance qui jusque-là avait assuré ses 
prospérités et le succès de ses entreprises, il se laissa aller à une 
confiance audacieuse, à un mépris insensé de la 
puissance de César, jusqu'à croire qu'il n'avait 
besoin contre lui ni d'armes, ni d'efforts, et qu'il le 
renverserait plus facilement qu'il ne l'avait élevé. 
Il était dans ces dispositions, lorsque Appius lui 
ramena des Gaules les troupes qu'il avait prêtées 
à César. Cet officier affecta de rabaisser les exploits 
qui s'étaient faits dans cette contrée, et de 
répandre des bruits injurieux à César. Il fallait, 
disait-il, que Pompée connût bien peu ses forces 
et sa réputation, pour vouloir se défendre contre 
César avec d'autres troupes que celles qu'il 
avait ; il le vaincrait avec les légions mêmes de son 
ennemi aussitôt qu'il paraîtrait, tant les soldats 
haïssaient César et désiraient de revoir Pompée! 
Ces vains propos lui enflèrent si fort le coeur, et, 
en lui inspirant une confiance présomptueuse, le 
jetèrent dans une telle négligence, qu'il se moquait 
de ceux qui craignaient cette guerre : et 
quand on lui disait que si César marchait contre 
Rome, on ne voyait pas avec quelles troupes on 
pourrait lui résister, il répondait avec un air 
riant et un visage serein, qu'il ne fallait pas s'en 
inquiéter; qu'en quelque endroit de l'Italie qu'il 
frappât du pied, il en sortirait des légions.
 |