[54] Καίτοι Πομπήϊος εἶπέ ποτε δημηγορῶν
ὅτι πᾶσαν ἀρχὴν λάβοι πρότερον ἢ προσεδόκησε
καὶ κατάθοιτο θᾶττον ἢ προσεδοκήθη. καὶ νὴ
Δία μαρτυρούσας εἶχεν ἀεὶ τὰς διαλύσεις τῶν
στρατοπέδων. τότε δὲ τὸν Καίσαρα δοκῶν οὐ
προήσεσθαι τὴν δύναμιν ἐζήτει ταῖς πολιτικαῖς
ἀρχαῖς ὀχυρὸς εἶναι πρὸς αὐτόν, ἄλλο δὲ οὐδὲν
ἐνεωτέριζεν, οὐδὲ ἐβούλετο δοκεῖν ἀπιστεῖν, ἀλλ´
ὑπερορᾶν μᾶλλον καὶ καταφρονεῖν. ἐπεὶ δὲ τὰς
ἀρχὰς οὐ κατὰ γνώμην ἑώρα βραβευομένας,
δεκαζομένων τῶν πολιτῶν, ἀναρχίαν ἐν τῇ πόλει
περιεῖδε γενομένην· καὶ λόγος εὐθὺς ἐχώρει πολὺς
ὑπὲρ δικτάτορος, ὃν πρῶτος εἰς μέσον ἐξενεγκεῖν
ἐτόλμησε Λουκίλλιος ὁ δήμαρχος, τῷ δήμῳ
παραινῶν ἑλέσθαι δικτάτορα Πομπήϊον. ἐπιλαβομένου
δὲ Κάτωνος οὗτος μὲν ἐκινδύνευσε
τὴν δημαρχίαν ἀποβαλεῖν, ὑπὲρ δὲ Πομπηΐου
πολλοὶ τῶν φίλων ἀπελογοῦντο παριόντες ὡς οὐ
δεομένου τῆς ἀρχῆς ἐκείνης οὐδὲ βουλομένου.
Κάτωνος δὲ Πομπήϊον ἐπαινέσαντος καὶ προτρεψαμένου
τῆς εὐκοσμίας ἐπιμεληθῆναι, τότε
μὲν αἰδεσθεὶς ἐπεμελήθη, καὶ κατεστάθησαν
ὕπατοι Δομέτιος καὶ Μεσσάλας, ὕστερον δὲ πάλιν
ἀναρχίας γινομένης καὶ πλειόνων ἤδη τὸν περὶ
τοῦ δικτάτορος λόγον ἐγειρόντων ἰταμώτερον,
φοβηθέντες οἱ περὶ Κάτωνα μὴ βιασθῶσιν,
ἔγνωσαν ἀρχήν τινα τῷ Πομπηΐῳ προέμενοι
νόμιμον ἀποτρέψαι τῆς ἀκράτου καὶ τυραννικῆς
ἐκείνης. καὶ Βύβλος ἐχθρὸς ὢν Πομπηΐῳ πρῶτος
ἀπεφήνατο γνώμην ἐν συγκλήτῳ Πομπήϊον μόνον
ἑλέσθαι ὕπατον· ἢ γὰρ ἀπαλλαγήσεσθαι τῆς
παρούσης τὴν πόλιν ἀκοσμίας, ἢ δουλεύσειν τῷ
κρατίστῳ. φανέντος δὲ παραδόξου τοῦ λόγου
διὰ τὸν εἰπόντα, Κάτων ἀναστὰς καὶ παρασχὼν
δόκησιν ὡς ἀντιλέξοι, γενομένης σιωπῆς εἶπε
τὴν προκειμένην γνώμην αὐτὸς μὲν οὐκ ἂν εἰσενεγκεῖν,
εἰσενηνεγμένῃ δὲ ὑφ´ ἑτέρου πείθεσθαι
κελεύειν, πᾶσαν μὲν ἀρχὴν μᾶλλον αἱρούμενος
ἀναρχίας, Πομπηΐου δὲ μηδένα βέλτιον ἄρξειν
ἐν ταραχαῖς τηλικαύταις νομίζων. δεξαμένης δὲ
τῆς βουλῆς, καὶ ψηφισαμένης ὅπως ὕπατος
αἱρεθεὶς ὁ Πομπήϊος ἄρχοι μόνος, εἰ δὲ αὐτὸς
συνάρχοντος δεηθείη, μὴ θᾶττον δυοῖν μηνοῖν
δοκιμάσας ἕλοιτο, κατασταθεὶς οὕτως καὶ ἀποδειχθεὶς
διὰ Σουλπικίου μεσοβασιλέως ὕπατος
ἠσπάζετο φιλοφρόνως τὸν Κάτωνα, πολλὴν ὁμολογῶν
χάριν ἔχειν καὶ παρακαλῶν γίνεσθαι
σύμβουλον ἰδίᾳ τῆς ἀρχῆς. Κάτων δὲ χάριν μὲν
ἔχειν αὐτῷ τὸν Πομπήϊον οὐκ ἠξίου· δι´ ἐκεῖνον
γὰρ ὧν εἶπεν οὐδὲν εἰπεῖν, διὰ δὲ τὴν πόλιν·
ἔσεσθαι δὲ σύμβουλος ἰδίᾳ παρακαλούμενος, ἐὰν
δὲ μὴ παρακαλῆται, δημοσίᾳ φράσειν τὸ φαινόμενον.
τοιοῦτος μὲν οὖν Κάτων ἐν πᾶσι.
| [54] LIV. Et quidem in concione aliquando dixerat Pompeius,
se magistratum omnem exspectatione citius occepisse,
aliorumque exspectatione citius deposuisse. Et profecto
eius rei testimonium habuit, quod semper exercitus statim
dimisit. Tunc igitur Caesarem intelligens non dimissurum
copias, in eo fuit ut ciuilibus magistratibus se aduersus
eum muniret : noui praeterea nihil moliebatur, neque diffidere
socero, sed eum contemnere uideri uolebat. Post ubi
magistratus non pro sua sententia conferri uidit, corruptis
largitione ciuibus, passas est ciuitatem sine magistratibus
esse, statimque de dictatore mentio frequens per urbem
uagata est. Hanc primus publice facere ausus est Lucilius
tribunus plebis, populo suadens, uti Pompeium diceret
dictatorem, et Catone repugnante parum abfuit quia tribunatum
amitteret. Multi autem Pompeii amici se obtulerunt,
excusantes eum neque expetere cura magistratum,
neque esse accepturum. Quum Cato Pompeium laudasset
atque hortatus esset, ut pristinum reipublicae ordinem
reuocaret, tunc pudore motus effecit uti consules crearentur,
Domitius et Messala. Paulo post iterum interregno
exsistente, multique iam dictatoris mentionem impudentius
referentibus, ueritus Cato et qui idem sentiebant, ne id ui
a se extorqueretur, statuerunt legitimum aliquem magistratum
Pompeio tradere, eaque ratione eum ab immodica
illa et tyrannica potentia auertere. Ac Bibulus, Pompeio
inimicus, in senatu primus omnium sententiam dixit,
Pompeium sine collega consulem esse creandum; ita enim
aut ciuitatem praesenti confusione liberatum iri, aut seruituram
praestantissimo. Ea quum propter auctorem absurda
uideretur sententia, Cato assurgens, quum contra dicturi
opinionem de se praebuisset, facto silentio, se quidem istius
sententiae auctorem nunquam fuisse futurum dixit, sed
prolatae ab aliis parendum censere; quemuis enim magistratum
nullo sibi potiorem uideri, neque esse quem Pompeio
rectius istis in tumultibus reipublicae posse praeesse
sentiat. Quae sententia ubi est a senatu approbata
decretumque uti Pompeius consul solus magistratum gerat,
aut si collegam requirat, ne eum ante duorum mensium
exitum deligat; ita a Sulpicio interrege consul creatus,
peramice Catonem salutauit, fassusque se magnam
ipsi gratiam debere, hortatus est ut priuatim consiliarius
sibi esse uellet. Ad haec Cato : non esse sibi gratias agendas;
non enim Pompeii, sed ciuitatis causa se dixisse sententiam ;
priuatim autem se uocatum, consilia communicaturum;
sin uero, publice quod ex usu fore putaret dicturum.
Talis omnino fuit Cato.
| [54] LIV. Cependant Pompée, en parlant au peuple, dit qu'il
avait obtenu toutes les charges beaucoup plus tôt
qu'il ne l'avait espéré, et qu'il les avait toujours
quittées plus tôt qu'on ne s'y était attendu. Il avait
en effet pour témoins de cette vérité les armées
qu'il avait toujours licenciées de bonne heure; mais
alors, persuadé que César ne congédierait pas la
sienne, il voulut, sans rien innover, sans paraître
se défier de lui, mais plutôt le mépriser et n'en tenir
aucun compte, il voulut, dis-je, se faire des
principales dignités de la république un rempart
contre lui; mais quand il vit que les citoyens, corrompus
à prix d'argent, ne distribuaient pas les magistratures selon
ses désirs, il laissa régner l'anarchie dans la ville.
D'abord on sema le bruit qu'il fallait nommer un dictateur;
le tribun Lucilius osa le premier en faire la proposition,
et conseiller au peuple d'élire Pompée. Caton s'éleva contre le
tribun avec tant de force, que ce magistrat fut en danger de
perdre sa charge; plusieurs amis de Pompée se
présentèrent pour le justifier, et assurèrent qu'il
n'avait jamais ni demandé ni désiré la dictature.
Caton donna de grands éloges à Pompée, et le pria de
veiller à ce qu'on observât en tout l'ordre et la décence.
Pompée alors eut honte de ne pas s'y prêter,
et il veilla si bien, que Domitius et Messala
furent nommés consuls; mais bientôt une nouvelle
anarchie ayant fait proposer par plusieurs
personnes, avec encore plus d'audace, l'élection
d'un dictateur, Caton, qui craignit d'être forcé,
résolut d'abandonner à Pompée une grande autorité,
mais limitée par les lois, afin de l'éloigner
d'une magistrature dont la puissance tyrannique ne
connaissait point de bornes. Bibulus lui-même,
tout ennemi qu'il était de Pompée, proposa le
premier dans le sénat de l'élire seul consul. «Par
là, disait-il, la ville sortira de la confusion où
elle est, ou du moins elle sera dans la servitude
de l'homme qui vaut le mieux.» Cet avis ayant
paru fort extraordinaire de la part de Bibulus,
Caton se leva; et comme on ne douta point que
ce ne fût pour le combattre, il se fit un grand
silence. «Jamais, dit-il, je n'aurais ouvert l'avis
que vous venez d'entendre, mais puisqu'un autre
l'a fait, je crois que vous devez le suivre; je
préfère à l'anarchie un magistrat, quel qu'il
puisse être, et je ne connais personne de plus
propre que Pompée à commander dans de si
grands troubles." Le sénat suivit son opinion,
et décréta que Pompée serait nommé seul au
consulat; que s'il croyait avoir besoin d'un collègue,
il le choisirait lui-même; mais que ce ne
pourrait être avant deux mois. Pompée, déclaré
seul consul par Sulpicius, qui ce jour-là faisait,
pendant l'interrègne, les fonctions de roi, alla embrasser
Caton, et lui donna les plus grands témoignages
d'amitié; il avoua qu'il ne devait qu'à lui
l'honneur qu'il recevait, et le conjura de l'aider
de ses conseils dans l'exercice de sa charge :
«Vous ne me devez aucune reconnaissance, lui répondit
Caton; en opinant, je n'ai rien dit par considération pour vous,
et je n'ai consulté que l'intérêt de la république. Je vous aiderai
en particulier de mes conseils toutes les fois que
vous me les demanderez; si vous ne me les demandez pas,
je dirai toujours publiquement ce que je penserai.»
Tel était Caton dans toute sa conduite.
|